La reprise des héros Marvel (ou autres) par des auteurs européens est à la mode comme le montrent
Le secret du Verre, Saudade ou le
French Spawn.Bien avant la version Lee/Moebius, les éditions Lug ont proposé une histoire inédite du Surfer d'argent, parue dans Nova 25 et 26 (février-mars 1980.)
Le scénario est écrit à quatre mains par J.-Y. Mitton (également au dessin) et M. Navarro (sous le pseudonyme de J. K. Melvin-Nash.)
Le Surfer est retenu sur Terre par la barrière invisible de Galactus, mais celle-ci va bientôt disparaître : en effet, un météorite fou, Cérès, va percuter la planète absurde, la détruisant et libérant le Surfer. Ce dernier n'accepte pas d'être libre à ce prix, il supplie dont son ancien maître d'épargner la Terre. Or, Galactus refuse car il se désintéresse du sort de notre Monde. Le Surfer tente alors d'alerter les instances dirigeantes de la planète... Il est éconduit brutalement.
En revanche, Méphisto se réjouit : les habitants de la Terre mourant massivement en état de péché, ils nourriront son royaume... Mais le Surfer, plus christique que jamais accomplit des actes de foi et de charité ! Méphisto doit donc intervenir lui-même pour égarer les âmes...
(Mitton invente graphiquement le personnage de Belzébuth, le général des troupes infernales, fort réussi.)
Les germes du mal éclosent sans que le Surfer puisse faire entendre sa voix. Tombé sur Terre, il est lapidé par la foule...
Le premier épisode se clôt sur cette scène traumatisante... Mais le Surfer est-il vraiment mort ?
Les autorités de la planètes réalisent bientôt leur méprise lorsque Cérès arrive à portée de leurs détecteurs. Seul le Surfer aurait pu sauver l'humanité, mais son corps à disparu !
Le destin a permis à Norrin Radd de ressusciter pour retrouver Zenn-La, sa planète d'origine et sa bien-aimée Shalla Bal... Mais son bonheur ne peut le satisfaire : il songe à la Terre et décide de la sauver en volant un bombardier d'anti-matière à l'armée. Il devient ainsi un traitre à son monde d'origine.
Shalla Bal est arrêtée tandis que le Surfer parvient à s'enfuir. Il revient sur la Terre pour détruire la menace.
Hélas, les Terriens n'en sauront rien et les autorités tireront la couverture à elles. Le Surfer devient gênant. sa tête est mise à prix. Finalement, après avoir été dénoncé, il s'enfuit... Mais, de nouveau, la barrière de Galactus l'empêche de quitter ce monde. En le sauvant, le Surfer est resté prisonnier...
Ce récit est en tout point une réussite. Il brasse avec bonheur les thèmes du christianisme (le Surfer prêche la paix et l'amour mais les hommes refusent de l'écouter ; il est supplicié par la foule, ressuscité puis trahi - le délateur se nomme d'ailleurs Iscario !) et de Faust (le Surfer passe un pacte de dupe avec Galactus ; il est le jouet de Méphisto -!- et il perd l'amour de sa vie...)
Quant au dessin de Mitton, il est à la fois fidèle à la patte de John Buscema (qui lui envoya d'ailleurs un télégramme de félicitations) et personnel. Ce double épisode a servi de galop d'essai aux auteurs maisons avant de lancer les sup'héros Lug dans
Mustang.
A bien des points de vue, cette réalisation est très supérieure à la version de Moebius et Lee qui sortit 10 ans plus tard.