Le marchand d'idée est une BD réalisée à quatre mains par Berthet et Cossu qui se sont partagés le scénario et le dessin (*) pour les éditions Glénat.
(*) On sent la Cossu's touch dans le traitement des ombres au moins dans les trois premiers tomes.Parue en 1982, l'album affiche une ambiance
Blade Runner (*) avec privé-loser-dur-à-cuir et grande métropole futuriste avec complot galactique en toile de fond.
(*) La BD est cependant antérieure au film.Le héros, John Diller (!), est en réalité un agent des Maîtres du Temps (!) chargé de surveiller discrètement notre planète.
En effet, chaque planète habitable est observée par les Maîtres du Temps qui décident, si le niveau de développement est satisfaisant, de la coloniser.
Diller découvre qu'un double truque ses rapports et que son contact avec le central est brouillé. Il devient gênant pour Rhumul de Citre, l'envoyé de Troïl le Borgne qui veut renverser Gondalf et prendre le pouvoir.
Diller échappe à Rhumul et ses sbires mais perd sa fiancée Lorette.
Diller accompagne Kosinski, envoyé spécial du gouvernement jusqu'à un relai d'où il tentera d'avertir le central contre le complot qui se trame. Mais Rhumul les intercepte et ils n'échappent à la destruction du relai que grâce à Caron des Glaces, une mystérieuse femme qui contrôle les canaux temporels.
Le 3ème tome permet de découvrir le Marchand d'Idées, le manipulateur Do-Rahm, qui cherche à s'emparer du Semeur d'étoiles... Semeur recherché aussi par Gondalf et par Troïl. La guerre civile éclate sur le central plongeant l'empire des Maîtres du Temps dans le chaos.
Diller, exilé sur une planète aux marges de l'empire retrouve Kosinski, devenu le champion de Rhumul dans l'arène. Victime de son ancien allié, conditionné par Rhumul, il ressuscite et se découvre des pouvoirs étonnants. Revenu sur Terre, il affronte Do-Rahm qui révèle sa vraie nature après avoir trahi ses alliés temporaires, Troïl et Gondalf.
Le récit fourmille d'idées intéressantes : les voyageurs empruntent des canaux temporels en utilisant les miroirs (Un petit air d'
Orphée de Cocteau) ; ces canaux sont gardés par les Tuks tueurs, des malabars armés de machettes et masqués comme le Jason de vendredi 13 ; les univers dépeints rappellent ceux de Forest (*) et mélangent allègrement les époques ; on songe aux héros Marvel en regardant les uniformes des impériaux et les pouvoirs de Diller ; enfin le graphisme est très agréable et très original...
(*)
et de Moebius qui anime au même moment les aventures d'un privé de classe "R" du nom de John Difool après avoir signé le graphisme du dessin animé Les Maîtres du Temps.Cependant, le récit est un peu compliqué : les motivations des personnages sont parfois obscures et leurs relations pas toujours clairement établies...
De plus, l'intrigue est un peu embrouillée : ainsi, lorsque Diller teste le mémorex de son double (un appareil qui ouvre les canaux temporels), il se retrouve dans un "temps double" (une dimension parallèle) où ses familiers ne le reconnaissent pas. Pourtant, il se rend chez Lorette et son aventure se poursuit sans qu'il soit mentionné qu'il est retourné dans son temps initial. Du coup, a-t-il perdu "sa" Lorette ou celle qui vivait dans ce temps double ?
La fin paraît un peu précipitée et laisse... sur sa faim. Comme s'il avait fallu clore le cycle. Le dernier album paraît en 1988 ! Même si l'ultime pensée de Kosinski suggère une suite, ce ne sera pas le cas.