Dune est un roman de Frank Herbert (1920-1986.)
Paru en feuilleton dans la revue
Astounding Science Fiction à partir de 1963, il est publié en librairie en 1965. Il rencontre alors un succès phénoménal. Il est traduit en Français par l'auteur de science-fiction Michel Demuth.
L'illustration de couverture (Peter Elson ?) est très jolie mais n'a RIEN à voir avec le roman.
Il aura plusieurs suites :
Les Enfants de Dune, Le Messie de Dune, L'Empereur-Dieu de Dune, Les hérétiques de Dune, La Maison des Mères... Toutes ne sont pas aussi réussies que le roman original.
Devenu un classique, le roman fera l'objet d'une première tentative d'adaptation cinématographique en 1972 par le producteur de la
Planète des Singes, Arthur P. Jacobs, puis par Alejandro Jodorowsky et Michel Seydou en 1975. L'équipe créative réunit alors le Français Moebius, le Suisse Giger, l'Anglais Chris Foss et l'Américain Dan O'Bannon – trois d'entre-eux participeront à la genèse d'
Alien. Faute de budget, l'entreprise tourne court. Le producteur Dino de Laurentiis (
Barbarella, King Kong 1976) reprend le flambeau. La bonne nouvelle est saluée par un article de l'
Ecran Fantastique (n°40, décembre 1983)
Le magazine propose des photos de production et l'article est agrémenté de dessins issus du projet avorté de Jodorowsky.Giger imagine un palais à l'effigie du Baron Harkonnen sur Giedi Prime.Hélas, le film sorti en 1984 s'avère une baudruche boursoufflée. Ni la distribution prestigieuse (Max von Sydow –
L'Exorciste, Jurgen Prochnow –
Le Bateau, Sean Young –
Blade Runner, Dean Stockwell, Brad Dourif, José Ferrer, Sting... et le débutant Kyle Mac Lachlan ainsi que le futur commandant de l'Enterprise et Professeur X, Patrick Stewart dans le rôle de Gurney Halleck), ni l'équipe technique (David Lynch - alors réalisateur d'
Elephant Man, Carlo Rambaldi -
King Kong 1976, ET, le groupe Toto pour la musique...) ne sauveront cette méga-production du naufrage : scénario confus, effets spéciaux moyens, dialogues pompeux... Un Starwars pour intellos qui ne parvient même pas à distraire. Les suites prévues ne seront pas mises en chantier... Dix ans plus tard, la scène Sci-Fi Channel parviendra à adapter les deux premiers romans de la saga, sans satisfaire vraiment les amateurs du romans.
Marvel adaptera néanmoins le film en BD (Ralph Macchio pour le scénario, Bill Sienkiewicz pour le dessin.)
Et une belle photo de Sting pour attirer les djeunz.L'histoire. dans un lointain avenir, l'espèce humaine a conquis les étoiles mais a tourné le dos à la technologie (et aux intelligences artificielles.) Désormais, une substance unique dans l'univers permet aux pilotes d'immenses vaisseaux de naviguer à travers l'espace - au prix de mutations qui les changent en monstre. La guilde des
Navigateurs contrôlerait donc l'Empire si elle n'était dépendante de l'épice, cette substance qui est récoltée sur une seule planète de l'univers,
Arrakis... également connue sous le nom de
Dune. (*)
La planète Dune, ainsi nommée parce qu'elle n'est qu'un désert de sable où la moindre goutte d'eau est plus précieuse que l'or.
(Sienkiewicz ne s'est pas trop foulé sur cette page.)Jusqu'alors, la planète est exploitée par la détestée famille
Harkonnen, mais elle a perdu ce privilège au profit du duc
Leto, de sa famille rivale, les
Atréides. Il s'agit en fait d'un piège ourdi par l'empereur qui souhaite éliminer Leto, trop populaire parmi la noblesse. Il escompte que les Harkonnen saboteront la production, isolant Leto dont l'incompétence met l'empire en péril. Puis les Harkonnen reprendront de force le contrôle d'Arrakis avec le soutien des troupes d'élite impériales, les
Sardaukars.
Les Harkonnen, affreux, sales et méchants.Sienkiewicz s'est appuyé sur des photos de tournage.
Attention, c'est Brad Dourif qui passe l'inspection !Mais Paul, le fils de Leto, et sa mère échappent au massacre. La duchesse est une ancienne prêtresse de l'ordre
Bene Gesserit; en donnant à son époux un fils, et non une fille comme cela lui avait été ordonné, elle a saboté un programme génétique établi sur plusieurs générations. Paul a hérité de sa mère le contrôle de la
Voix, une faculté qui lui permet de se faire obéir par ceux qui l'entendent. Ils sont recueillis par les Fremens, le peuple du désert, dont Paul prendra la tête pour mener la Jihad, la croisade contre les Harkonnens et leurs alliés. (**)
Arrakeen, la capitale d'Arrakis est attaquée par les Harkonnens et leurs alliés Sardaukars (qui, dans le film, ressemblent au staff d'Intel Inside peint en noir !)Un Sardaukar tel qu'imaginé par Moebius. (San Ku Kaï ! San Ku Kaï !)De haut en bas, Paul va faire un tour de Ver des Sables.
Le duc Leto impuissant face au docteur Yueh qui l'a trahi... Mais qui compte l'utiliser pour se venger des Harkonnens - Doublement traître, donc.
Enfin, l'Empereur, joué par José Ferrer - si j'osais faire...Paul sera initié aux secrets de Dune : il apprendra à chevaucher les gigantesques vers des sables dont les déjections (!?) produisent l'épice et parviendra non seulement à venger son père en détruisant la Maison des Harkonnens (en abattant en combat singulier son ultime survivant, le pervers neveux du baron, Feyd Rota, joué par Sting) mais en soumettant l'Empereur lui-même. La victoire de Paul sera saluée par une averse, un phénomène inconnu sur Dune qui deviendra la capitale de l'Empire.
Paul, devenu Muad'Dib - la souris-kangourou... la gerboise, quoi ? -, mène les Fremens au combat. La consommation d'épice colore l'œil en bleu, c'est ce qui permet de reconnaître les Fremens.
On note que la production a donné à Paul, et à son armée, une arme sonique afin qu'il ait SON arme-gadget à lui... Y a pas de raison qu'il n'y en ait que pour Luke Skywalker !Cette adaptation est assez fade, en dépit du talent de dessinateur de Sienkiewicz. Elle souffre du défaut de la plupart des adaptations : les visages des personnages ne paraissent pas "habités" et leur posture est figée lorsque le dessinateur colle trop à sa documentation photo. En revanche, certaines vignettes sont dynamiques lorsque Sienkiewicz prend de la distance par rapport à son matériau. A feuilleter comme un livre d'image, si vous avez apprécié le film... Ou pour vous consoler.
(*) Ecrire un roman dans lequel des types "voyagent" grâce à une épice "exotique", fallait oser.
(**) Jodorowski a poussé très loin la symbolique messianique autour du personnage de Paul. Dans sa version de Dune, le duc de Leto, émasculé au cours d'un rituel - un combat contre un taureau censé prouver sa virilité (!) - féconde son épouse avec une goutte de son sang. Paul né du sang de son père et du ventre d'une vierge ! (Une idée recyclée par Jodo dans la Caste des Méta-Barons, rien ne se perd, rien ne se crée...)
Bibliographie :Dune, Editions France Loisirs, Paris, septembre 1983
L'Ecran fantastique # 40, Décembre 1983
Ciné Choc # 3, septembre 1984
Dune, Machio/Sienkiewicz, éditions Carrère-Robert Laffon, 1985