Super Force X

Le numéro 1 de Super Force, le magazine des éditions Mon Journal paraît en juin 1980.

Sauf qu'il s'appelle alors Force X !


Itoka joue au petit train...

Stupeur et consternation, le studio Shockiku se rend compte que son monstre Itoka fait des heures sup' non déclarées chez la concurrence !



Dans ce numéro apparaît Force X qui, dès le numéro suivant, deviendra "le superman électronique" (M.A.C.H. 1, issu des pages de la revue britannique 2000 A.D.)

Très fortement inspirée de L'homme qui valait trois milliards, cette série se distingue de son modèle par sa violence et le cynisme qui imprègne le récit : en effet, l'agent John Probe, "amélioré" pour les nécessités du service, déteste cordialement son chef, Sharpe "le pourri", qui ne cesse de lui rappeler qu'il est d'abord un (couteux) instrument au service du gouvernement. Différents artistes se succèdent au scénario et au dessin, sans être crédités par l'édition française (qui retouche atrocement les dessins.)


Séance d'électro-acuponcture, la poudre de perlimpinpin pour fabriquer les Supermen...


Probe se voit affublé d'un second cerveau, électronique celui-ci, chargé de le guider lors de ses missions - ce qui vaut des dialogues intérieurs croustillants entre l'agent et la machine - une situation que l'on retrouve dans Deathlock. (Marvel)

La première mission de Probe est d'intercepter un bombardier Vulcain dérobé par des terroristes. Il doit largeur une cargaison de gaz mortel au-dessus de Londres.


Un grand soin est apporté à la reproduction du matériel militaire...

Probe liquide les terroristes et parvient à reprendre les commandes de l'appareil. Le gaz déclenche chez lui des visions d'épouvantes...


Une vignette reprise pour la promotion de la revue.

Sa première mission réussie, Probe doit ensuite se glisser à bord d'un chalutier russe qui a pillé l'épave d'un prototype de l'O.T.A.N. coulé en mission.


Les scénaristes essaient de trouver des antagonistes de poids ! (dessins de Massimo Belardinelli)

Les histoires de Force X sont courtes, on va droit à l'essentiel, et le héros ne fait pas dans la dentelle... Pas plus que le suivant...

Invasion - L'Homme au fusil ou "Bronson est une tapette." Issue de 2000 A.D.

Avant L'Aube Rouge et Invasion USA, les Anglais osent imaginer la conquête de leur pays par les hordes de l'Est. Grâce à une guerre-éclair de quelques heures, le 1er janvier 1999, les Soviétiques, rebaptisés Volgans, s'emparent de l'Europe de l'Ouest et de la Grande-Bretagne. Ils commettent exactions et crimes de guerres avec la perfidie propre à leur race, cela va sans dire... (heureusement que la Lune et la Base Alpha se sont barrées dans l'espace pour ne pas voir ça...)


Assaut sur le Monde Libre !

Les Américains s'empressent de laisser les Européens se démerder.
Le Roi se réfugie au Canada (la mort dans l'âme, bien évidemment) tandis que la canaille bolchevique fait fusiller Margareth Thatcher puis pendre haut et court tous les parlementaires aux réverbères de la capitale, dans la grande tradition fasciste... Comme quoi, du mal absolu on peut quand même tirer quelques consolations...


Le Maréchal volgan, toute la cruauté du fascisme se lit sur ce faciès de brute au sang mêlé, probablement un croisement de boche et de bolchevik... Bouh, l'affreux !

Enter the working class hero, Bill Savage, le camionneur, déjà héros d'une série post-apocalyptique.



Bill découvre que sa maison a été rasée par l'envahisseur, avec sa famille dedans. Il en conçoit donc une vive contrariété. Comme sa pétoire a survécu à la catastrophe, il entreprend de botter le cul tout seul à l'armée volgane, histoire de montrer que les démocrates ne sont pas des couilles moles... (contrairement à la majorité de ses compatriotes, apparemment résignés.)



Après avoir éradiqué une patrouille, Bill nettoie un pub et est repéré par un chasseur de tête de la résistance qui se dit qu'on aurait bien besoin de petits gars comme lui pour montrer que les démocrates ne sont pas des couilles moles... (on aura compris.)

Invasion est une série qui ne s'encombre pas de subtilité (sauf celle de ne pas nommer clairement l'URSS ce qui oblige le redneck basique a faire un gros effort d'analyse pour tenter d'identifier l'ennemi - avec Chuck Norris, c'est quand même plus simple !), en avance sur son temps (elle préfigure les Rambo et autres Commando)... ou en retard (on croirait lire la pire propagande du plus fort de la Guerre froide - voire un brûlot anti-bolchevik de Vichy !) Elle est donc aussi redoutablement efficace dans la description complaisante de l'horreur liée à l'occupation que dans la conduite de l'action. Tellement outrée qu'elle en devient comique au 2e... peut-être 3e degré...

Enfin, Starblazer, une série de SF anthologique de DC Thomson, sans héros récurrent...



Ici, le héros affronte un monstre galactique, la Dévoreuse et s'aventure sur une planètes peuplée de mutants primitifs et pustuleux comme il sied aux mutants primitifs... Starblazer m'a laissé blasé.

Allez, ce sera tout pour cette fois.

Superbe les jaquettes dans le genre Godzilla.

Le climax, c'est le moment du récit où la tension est portée à son paroxysme. Cette situation qui est illustrée dans les vignettes d'ouverture des vieux Flash ou des récits de Big Boss : on y voit le héros dans une situation périlleuse... Comment en est-on arrivé là ? Comment va-t-on s'en sortir ?

Les récits de Force X et d'Invasion sont bâtis sur ce schéma : exposition courte, montée de tension, résolution. Le tout en quelques pages. Il ne s'agit pas de traîner aussi on privilégie l'action et accorde peu de temps au développement de la psychologie des personnages.

Dans les deux premières livraisons de Super Force, les héros récurrents, Bill Savage et John Probe, enchaînent missions et aventures...

Super Force 1 :

John Probe (Force X) arrive au Kabarovstan. Sa mission, supprimer le président du pays avant qu'il lance une attaque sur le pays voisin. Il l'annonce donc à la douane.



Il est arrêté et torturé comme il se doit, mais parvient à s'évader...



Moment de bravoure, après avoir éliminé le président, Force X encaisse un coup de fusil à tuer à buffle tiré par le colonel Krall, chef des services secrets et tortionnaire numéro un du régime... On reverra le colonel Krall ultérieurement, ce qui créera une continuité dans les récits de Force X.

Pour épargner la vie d'innocents plaisanciers, Probe accepte de suivre un trafiquant d'armes à bord de son avion...



Force X s'évade et provoque la mort du malfaisant.

Puis il retrouve un ami à Munich, torturé à mort par d'anciens nazis (N.B., en effet, après la guerre, les nazis se sont réfugiés en Amérique latine, à la NASA et dans les séries B des années 50 à 80 - après, ils commencent à être vraiment vermoulus). Cette fois, il s'agit de mettre la main sur le trésor du Reich. Probe, sans équipement, plonge donc dans le lac de Constance où est immergé l'or nazi. Il a alors une vision d'épouvante...



Saint Promizoulin !
C'est le lac des morts-vivants !?

Non, ce sont les squelettes de l'équipage d'un navire nazi coulé pendant la guerre dérangés par des plongeurs que Probe liquidera (!) sans difficulté... Le méchant officier attend à bord d'un hydroptère que Force X enverra par le fond.

Enfin, dans un pays dictatorial d'Amérique latine, Force X doit exfiltrer un fabricant de canons... Un jeune peone le renseigne mais sera arrêté par la suite. Probe décide de le sauver au risque de compromettre sa mission - s'opposant à son ordinateur crânien.



Tel Samson, Probe fait crouler les colonnes du QG de la police sur ses tortionnaires...

Ainsi donc, on a une série de récits courts qui fonctionnent grâce à des clichés (dictatures exotiques aux noms fantaisistes et aux régimes dictatoriaux fascisto-communistes, crapules sanguinaires, anciens nazis) et des situations et arguments basiques. On parvient cependant à instiller çà et là l'idée que Probe n'est pas simplement un tueur froid : il conserve une certaine autonomie de décision quitte à s'opposer à sa hiérarchie - représentée notamment par son ordinateur crânien lorsqu'il est en mission et par son chef, Sharpe.

Invasion exploite le schéma du récit de guerre axé sur la résistance :

On découvre le QG secret de la résistance qui a enrôlé Savage.



Un QG cossu mais en passe d'être découvert par l'ennemi si Savage n'avait pas démasqué et liquidé un espion infiltré.

Suivent différents morceaux de bravoure :



Tel Samson, Savage fait crouler la colonne Nelson sur les Volgans.



Les Volgans fusillent des otages en direct pour réprimer les actes de la résistance et la couper du peuple britannique. Savage et ses hommes se font volontairement arrêter et arrosent les arroseurs.



A la suite d'un sabotage audacieux, Savage et ses compagnons tombent dans une souricière mais parviennent à en réchapper. Ils identifient le traitre dans leur rang, qui subira le sort des traitres : passé par les armes, sans sadisme ni torture, car on n'est pas comme ceux d'en face.

On retrouve là aussi des situations archétypales du genre transposées dans une Angleterre sous le joug communiste. le récit est conduit sans fioriture.

Quant au récit de Starblazer, Aux frontières de l'infini, il est particulièrement laid, et l'histoire assez creuse ne rattrape pas le niveau de la chose. Pas de scan donc.

SUPER FORCE 2.



Une couverture dynamique.
Sans rapport avec le contenu.

Force X enchaîne les missions et les destinations diverses. Les péripéties se suivent et tendent à se ressembler.

Probe sauve une jeune fille kidnappée par un groupe de malfrat dans un pays d'Amérique latine, il exfiltre un savant prisonnier de militaires belliqueux au Moyen-Orient le Kurkostan (dans l'épisode précédent, le pays voisin du Khabarovstan s'appelle "Korkostan"... Vers une géographie de l'imaginaire ?) Puis il souffle un agent secret soviétique à la barbe de ses compatriotes venus le rapatrier dans les montagnes d'Arménie... Le récit le plus intéressant : Probe doit transporter un transfuge depuis un pays du Rideau de Fer jusqu'à Paris à bord d'une voiture équipée d'un ordinateur de bord, lequel donne des informations contradictoires avec celles de l'ordinateur de Force X. Chemin faisant, des tueurs à motos les attaquent.



Probe qualifie son chef de "pourri"... Les deux hommes se détestent cordialement et les scénaristes insistent sur ce fait.

Dans Invasion, Savage et ses hommes continuent de lutter contre les Volgans.

Savage vole un Concorde pour permettre à des réfugiés de fuir au Canada.



Même Purdey est du voyage...
La chasse volgane décolle mais ses missiles à têtes chercheuses lui reviennent en pleine figure. Le Concorde est équipé de moteurs à hydrogène froid. Comment Savage le savait-il ? Grâce à son fils défunt, passionné d'aéronautique. L'une des rares fois où l'Homme au Fusil évoque sa vie d'avant.

Puis Savage coule un navire ennemi car il n'y avait rien d'intéressant à la télé ce soir là et il sauve un prisonnier de la prison de Dartmoor... Une prison sévèrement gardées par des molosses affamés qui traquent les évadés sur la lande...



Les Volgans ont apparemment lu Sherlock Holmes...

Enfin, pour meubler sa matinée, Savage envoie un métro s'écraser contre l'enceinte d'un camp de liquidation (c'est marqué en gros dessus...)

Le récit enchaîne donc des péripéties qui tendent à se ressembler, toujours sur le même ton feutré, en demi-teinte... rouge sang.

Starblazer narre les aventures de Jake et Duval, deux pilotes d'avion cargo, qui se livrent à une joute amicale à chaque escale. Les lutteurs attirent l'attention de deux habitants d'Akor qui veulent les attirer sur leur planète pour les faire s'affronter dans l'arène...



Comment se fier à des individus vêtus ainsi ?

Les pilotes déclinent poliment l'invitation aussi les Akoriens insistent lourdement...



Pas d'Akor, on vous dit !
Une vignette qui rappelle une illustration d'un album Lug...



Pompage ou inspiration commune ?

Finalement, les deux pilotes sont emmenés de force sur Akor, la planète réputée pour son hospitalité...



Là, ils sont pris en main par Kar, le robot qui forme les gladiateurs... Mais nos héros ont vu Spartakus, ils s'évadent et fomentent une révolte qui met à bas le régime sanguinaire... Jake parvient à abuser Kar en s'emparant du casque du dictateur... Le robot, déstabilisé, choisit de tuer les deux hommes...


Kar est con donc coriace...
Il faudrait un plus gros vaisseau.

L'ennemi est vaincu, la planète libérée et les pilotes repartent vers leur monde... Mais vont faire un break quant à la lutte amicale...