La revanche des dinosaures du cinéma de quartier.
Le film Centre Terre, 7e continent (At the Earth's Core) a été réalisé par Kevin Connor. Il est sorti en 1976. Il est adapté du Cycle de Pellucidar d'Edgar Rice Burroughs.
L'incontournable Doug McClure y incarne David Innes, l'aventurier intrépide qui accompagne le professeur Abner Perry (Peter Cushing) dans un périple souterrain à bord d'une « taupe » mécanique (une fusée foreuse digne d'un roman de Jules Verne). L'engin dévie de sa course et nos héros émergent dans le monde caché de Pellucidar, dominé par les sinistres Mahars (des sortes de ptérodactyles humanoïdes doués de pouvoirs télépathiques) et peuplé de dinosaures bipèdes à tête d'oiseau ou de marcassin, et à peau de latex.
Nos héros sont capturés par les Sagars (les Sagoths dans la VO), des hommes-singes qui fournissent à leurs maîtres mahars les esclaves humains qui entretiennent les conduits de lave pour faire tourner les machines de leur cité et permettre leur reproduction in vitro. Les humains servent aussi de nourriture aux Mahars comme le montre une éprouvante séquence où de jeunes femmes sont la proie des créatures.
Innes, révolté par la cruauté de ces monstres, s'évade et décide de fédérer les tribus humaines pour mettre un terme à leur règne. Un projet facilité par la parfaite maîtrise de l'anglais qu'ont les primitifs. Il en profite pour séduire la ravissante Dia (Caroline Munro), reine de l'une des tribus, et la conquérir dans un combat singulier contre une brute qui terrorisait Pellucidar. Avec l'aide du professeur Perry et de Ra, un autre chef tribal, ils arment et entrainent les guerriers humains, attaquent la cité, exterminent les Mahars et les Sagars, puis s'en retournent à la surface après des adieux déchirant entre Innes et Dia, où ils saccagent la pelouse de la Maison Blanche dans une burlesque (!) scène finale sur fond de générique.
Une nouvelle production Amicus en partenariat avec AIP où l'on ne s'ennuie pas. En effet, les péripéties s'enchaînent une fois passée la scène d'exposition avec la présentation de la taupe proto-steam-punk et le projet fumeux du professeur Perry de traverser la Terre de part en part pour démontrer que le chemin le plus court d'un point à un autre est la ligne droite (!). L'expédition démarre donc sous les hourras d'une foule sont cadrée en plan serré pour cacher le manque de figurants. Dès son arrivée à Pellucidar, notre Doug affronte donc des casimirus caoutchouteux, des hommes-singes au maquillage figé, des plantes carnivores, des marionnettes lance-flammes et autres joyeusetés qui ne l'empêcheront pas de séduire la toujours aussi belle Caroline Munro, mais sans conclure – amour chaste oblige (Innes est un homme du monde.)
Adapter le Cycle de Pellucidar est une gageure avec le peu de moyens matériels et techniques dont dispose la production : les décors exotiques sentent le studio et la végétation le plastique, les monstres préhistoriques sont des acteurs en costume, avec une mention spéciale pour les Mahars bedonnant qu'on fait voler sans grâce à l'aide de fils transparents dont on devine la présence, où de grossières marionnettes articulées. Néanmoins, le réalisateur compense par le rythme et l'action ces handicaps et le récit se déroule sans temps mort. Sur le plan de l'interprétation, Doug McClure remplit parfaitement sa fonction de héros intrépide, Peter Cushing nous compose un personnage de professeur Nimbus qui rappelle son interprétation de Doctor Who au cinéma (un personnage de savant terrien très différent de la version télévisuelle) et qui distribue des coups de parapluie aux monstres de Pellucidar avant d'importer le tir à l'arc dans le monde souterrain (discipline qu'il doit maîtriser pour avoir joué dans Robin des Bois ?), Caroline Munro, enfin, occupe parfaitement l'emploi de belle sauvageonne de service et demoiselle en détresse. Pour finir, la taupe mécanique du professeur est esthétiquement très réussie et ne dépareillerait pas dans une adaptation de Jules Verne. Pur produit de divertissement, cette bande a terriblement vieilli mais elle n'en constitue pas moins une des rares incursions du cinéma dans l'univers de Pellucidar et, à ce titre, elle mérite quand même qu'on y jette un œil.