Vous n ’êtes plus qu’un point dans le ciel… Je ne peux retenir mes larmes en prononçant ton nom. Papa est près de moi, il triture son chapeau avec ses mains. Mon petit frère s’est élancé vers ton vaisseau pour te dire au revoir. Ton père adoptif est là aussi, il est également très ému. Seul ton frère de l’espace qui a horreur des adieux n’est pas présent, il a préféré te dire au revoir , ainsi qu’ à ta sœur, à bord de son appareil. Nous ne vous oublierons jamais , je ne t’oublierai jamais ….
C ‘était il y a quatre ans….. Il faisait très chaud cet été-là. Mon père était à la recherche d’un nouveau palefrenier, son ancien employé ayant quitté le pays pour rejoindre sa famille, mais jusqu’à présent, il n’avait trouvé personne. Je venais de donner à manger aux vaches et aux chevaux et de vérifier s’ils avaient suffisamment à boire. Je rejoignais papa qui se détendait avec Mizar sur le balcon de notre maison lorsque j’entendis un bruit de moteur. Me retournant, je reconnus la navette du professeur Procyon, le directeur du centre de recherches spatiales érigé à proximité du ranch. Il était accompagné d’un jeune homme que je ne connaissais pas. Malgré la température élevée, je remarquais qu’il portait une chemise à manches longues.
« Bonjour Rigel ! Bonjour les enfants ! Permettez moi de vous présenter mon fils Actarus ! Il a terminé ses études, il a fait toute sa scolarité aux Etats Unis et il est de retour parmi nous. Actarus, je te présente Rigel et ses deux enfants, Vénusia et Mizar !"
Tu étais grand, très mince, tes cheveux bruns tombant sur tes épaules encadrant un visage d’une blancheur extrême. Et ce regard profond, ces yeux d’un bleu que je n’avais jamais vu chez aucune autre personne !!! Cependant, malgré un léger sourire, je ressentais chez toi une tristesse indéfinissable.
« Bonjour Vénusia » me dis-tu avec un léger accent, que j’attribuais ce jour-là à ce supposé séjour de plusieurs années à l’étranger.
Le Professeur reprit : « Mon fils est passionné par les chevaux, comme vous recherchez un palefrenier, Rigel, j’ai pensé qu ‘il pourrait peut-être vous aider ! »
« Ah c’est gentil d’avoir pensé à moi, professeur « , s’écria papa. « Bienvenue à toi, Actarus, j’espère que tu te plaira parmi nous !!! »
Ces minutes-là, je ne pourrais jamais les oublier !!!! C’est comme si s’était produit en moi un véritable coup de foudre, un coup de foudre que je ne pourrai plus jamais ressentir pour aucune autre personne !!!
Comme Papa n’aimait pas que je fréquente les garçons plus âgés que moi, j’attendis la tombée de la nuit et qu’il se soit couché pour partir à ta recherche. Ayant marché plusieurs minutes, je m’arrêtais soudain : j’entendis les notes d’une guitare dans le lointain. M’approchant discrètement pour ne pas me faire remarquer, je t’aperçus assis au pied d’un arbre, et c’est bien toi qui jouait une mélodie mélancolique, la « complainte d’un lointain pays« , comme tu le diras beaucoup plus tard. Ton regard était tourné vers le ciel. Soudain, tu t’interrompis et tu te mis à crier « Pourquoi ? Pourquoi ont-ils fait ça !!!! » Tu t’es levé brusquement, lâchant ta guitare. Tu a enlevé ta chemise et tu l‘as,lancé très loin.
« Quel secret gardes-tu en toi , pour être si triste « pensais-je à ce moment -là. Je décidais alors de rebrousser chemin, me promettant toutefois de veiller sur toi. J’étais persuadée que tu cachais un lourd secret.
Mais je ne saurai la vérité que beaucoup plus tard…
Je sens une pression de la main, c’est Papa. « Viens, rentrons à la maison, ils sont partis » Papa aussi a les yeux embués de larmes. Ah, mon pauvre papa, si tu avais su, toi qui appelais les extra terrestres de ton mirador, que tu en employais un dans ton ranch !!! Avant de suivre Papa et Mizar, je regarde une dernière fois à l’endroit où Goldorak a disparu de l’horizon . Je t’attendrai, s’il le faut toute ma vie, je sais que tu reviendras un jour....