Comme Arty, je me suis pris le DVD
L'Homme qui valait trois milliards et j'ai regardé le 2e épisode
Population Zéro (ne pas confondre avec le film homonyme avec Géraldine Chaplin, projeté dans le cadre de l'émission
L'Avenir du Futur.*»)
Surprise, c'est
Jeannot Swarc qui réalise l'épisode ! Il suffit de regarder sa filmographie (
Les insectes de feu – un film qui nous faisait flipper dans les années 70 ! -,
Jaws II, Supergirl, Quelque part dans le temps...) pour constater à quel point notre compatriote a payé son tribut au genre (à la télévision, il a réalisé une adaptation du
Double Crime de la Rue Morgue avec George C. Scott, diffusée sur Canal + et des épisodes *intelligents* de la série
Heroes.) Grâce lui soit donc rendue.
Un scientifique aigri expérimente une arme à ultrasons sur une petite ville des Etats-Unis afin de faire une démonstration de son efficacité au gouvernement qui l'a bafoué : il compte bien humilier ses anciens patrons et leur extorquer une rondelette somme d'argent. Mais les autorités, se fiant aux données obsolètes d'un ordinateur, refusent de céder au chantage. A Steve Austin de contrer les desseins des méchants.
Bien que la série soit ancienne (1973), il faut reconnaître qu'elle conserve un certain charme. Certes, les moyens techniques prêtent à sourire (ordinateurs à voyants multicolores, télex présentés comme le fin du fin en matière de télécommunication, foi absolue dans le diagnostic d'ordinateurs qu'on imagine approvisionnés d'énormes bandes magnétiques et vomissant des fiches perforées...) mais l'ambiance est prenante et le récit recèle de nombreuses trouvailles (Austin utilise une combinaison spatiale pour se préserver d'une éventuelle contamination afin d'explorer la petite ville en toute sécurité, enfermé dans une chambre froide qui paralyse ses membres artificiels,
- Spoiler:
il bricole un chalumeau, il parvient à détruire la machine infernale du méchant en utilisant un pylone comme javelot
– une séquence qui, me semble-t-il, a été reprise dans l'épisode en deux parties du
Scalpeur lorsque des Aliens sondent son cerveau -, etc.)
Au passage, on notera que Steve Austin est originaire de cette petite ville texane – Norris (!) - et qu'il représente l'image du rêve américain : un petit gars de la campagne qui, à force de travail, a réussi à marcher sur la lune (et qui continue de servir son pays dans l'ombre.) Autre précision, Austin est le nom de la capitale du Texas – anciennement Waterloo - rebaptisée ainsi en l'honneur du fondateur de l'Etat,
Stephen Austin. La précédente capitale était Houston, célèbre site d'un centre de lancement de la NASA. Un nom hautement symbolique, donc.
L'argument du scénario n'est pas sans rappeler un album de la série
Bruno Brazil :
Une bande de rufians utilise le même type d'armes pour neutraliser la population d'une grande ville afin de piller tranquillement la banque fédérale. Avec leurs justaucorps violets, ils évoquent assez facilement les hommes de main de quelque super-vilain. Le commando Caïman en réchappe, abrité dans un complexe souterrain au moment de l'attaque. Comme dans L'HQVTM,
- Spoiler:
l'utilisation d'un casque couvrant les oreilles permet de contrer partiellement les effets des armes à ultrasons.
Plus de précisions sur cet album
ici.L'ambiance qui règne au début de l'épisode n'est pas sans rappeler
Le village des damnés, un classique de la SF.
De même que l'équipement militaire désuet des soldats qui mettent la zone en quarantaine renvoie à celui des troupes américaines dans les grands classiques de la SF comme
Le Jour où la Terre s'arrêta ou
La Guerre des Mondes.On retrouve aussi l'idée du village martyr de l'Amérique profonde dans un épisode d'Iron Man qui introduit le vilain Sunturion.
Sorte de cyborg également modifié par EX... ROXON, la compagnie pétrolière sans scrupule dont la défaillance d'une station orbitale est à l'origine de la destruction de la population. (Par émission de micro-ondes – hé, oui, faut bien anticiper un recyclage après l'épuisement des énergies fossiles.)
L'Homme qui valait Trois Milliards est inspiré du roman
Cyborg de
Martin Caidin (paru dans la collection Présence du Futur, en France.
La série a inspiré également un autre personnage de la bande dessinée britannique,
MACH-ONE alias
FORCE X, chez nous.
Physiquement très proche de Steve Austin, il s'agit d'un agent secret anglais, John Probe (!), amélioré grâce à la technique de l'électro-acupuncture (!) et auquel on a greffé un cerveau-ordinateur qui lui fournit des données techniques et lui prodigue des conseils, et avec lequel il est en conflit permanent. Les rapports entre Probe et sa hiérarchie sont nettement plus tendus qu'entre Austin et son patron, O. Goldman. Sharpe, le supérieur direct de Probe, est régulièrement qualifié de "pourri", il est cynique et n'hésiterait pas à sacrifier Probe s'il n'était aussi coûteux et indispensable... Du moins, jusqu'à ce qu'un remplaçant soit mis au point.
La BD est nettement plus sombre et violente que son équivalent américain : les commentaires de l'ordinateur qui diagnostique les dégats corporels infligés à ou par Force X en ajoutant à la violence de l'image... et le cynisme baignant les rapports individuels. N'étant pas limités par le budget, les scénaristes baladent Force X aux quatre coins du monde et le confrontent à des terroristes, des guérilléros, des mafieux, des armées entières, des agents de l'Est (Guerre froide oblige) ou de la CIA (rivalité inter-services oblige), des yétis (!) voire des Aliens (baptisés «*Ultra-terrestres*» chez Mon Journal – marque déposée ?) avec force équipement high-tech... Et ce, dans des intrigues développées et conclues en quelques pages – les récits se développeront davantage sur la fin.
De nombreux auteurs ont travaillé sur cette bande dont le français Jean Frisano.
Force X a connu une publication en France dans un premier pocket à son nom puis dans le magazine
Super-Force. (Mon Journal – Ed. Aventures et voyages)
Quelques précisions sur cette publication
ici.
Maintenant, si on additionne les membres artificiels reconstitués de Steve Austin avec le cerveau ordinateur de John Probe et qu'on confie le tout au docteur Frankenstein, on a...
Deathlock ! (Plus faisandé, il est vrai.)
C'est tout pour aujourd'hui.