Nekketsu Genesis Mazingelion

Bon, alors, il y a quelques temps je m'étais demandé "comment rendre Evangelion moins dépressif ?", et la réponse m'est venu presque tout de suite : "Et bien, en faisant venir Mazinger Z dans le même univers, tiens !"

Et comme j'ai commencé à développer des idées de scène sur ce pitch, j'ai fini par me lancer et à commencer à écrire une fanfic accessible là :

Nekketsu Genesis Mazingelion

Seulement, j'ai un poil sous-estimé l'ampleur de la tâche, et en même temps surestimé ma connaissance des deux univers. Surtout Mazinger Z, en fait, vu que je n'en ais vu que des extraits, pour être honnête.

Alors, voilà, j'ai des questions à poser afin que je puisse faire un truc relativement correct.

1) J'en arrive à un point où je dois introduire Boss. Seulement, je ne sais pas trop comment Mucha et Nuke, eux, se comportent : sont-ils complètement idiots ? Suivent-ils Boss sans rechigner, ou bien contestent-ils parfois ses actions ? Sont-ils peureux, bravaches ? Bref, c'est quoi leur profil psychologique ?

2) D'après ce que j'ai compris, Boss a le béguin pour Sayaka. Est-ce qu'elle le sait, est-ce que ça l'énerve, est-ce qu'il la drague comme un lourd ou est-ce qu'il est timide ?

Merci à tout ceux qui accepteraient de me donner un petit coup de main !

Par ailleurs, je préfère préciser quelques trucs :

A) J'ai dû modifier la taille de Mazinger Z pour qu'il soit aussi grand que les Evas. Du coup, l'Hoverpilder aussi est beaucoup plus gros...
B) J'emploie l'orthographe "Kouji". Faut dire, avant de venir sur ce forum, j'ai vu à peu près autant de fois "Koji", "Koji-avec-un-trait-pour-signaler-que-c'est-un-o-long" et "Kouji". Comme ce dernier semble être une façon valable de retranscrire la deuxième option (que je ne peux employer car j'ignore comment faire), je l'ai choisi...
C) Pour l'instant, ne prétez pas attention à l'Hyperdrive. C'est un ajout que j'ai effectué pour mieux relier Mazinger Z à l'univers d'Evangelion qui sera expliqué... Houlà... Dans longtemps au rythme où j'écris !

Voilà voilà...

(ah oui, si vous lisez le prologue, ça m'arrangerait que vous fredonniez le thème de Mazinger Z à la fin...)

C'est bien écris, mais je pense que Mazinkaiser serait technologiquement plus compatible que l'archaïque Mazinger Z, dans l'univers d'Evangélion.

Et comme c'est également Koji qui pilote ce robot bien plus puissant que tous les autres , également conçu par son grand père, qu'il découvre grâce à un message posthume de celui ci, il n'y aurait pas grand chose à remanier.

Mmmm... Mazinger Z dans l'univers d'Evangelion. Pourquoi pas ? J'aimerais bien voir la Forteresse de Fer botter le derrière de quelques Anges !
Cela dit, niveau puissance, il faut reconnaitre que Mazinkaiser est plusieurs crans au-dessus de Mazinger Z, mais il fait moins "rétro" que Mazinger Z. Cela dit j'aime bien les deux !

Dans les SRW, notamment le Alpha 2 sur PS2, Koji prends Shinji sous son aile et l'aide à s'affirmer. Shinji voit Koji un peu comme un grand-frère qui le guiderait dans son adolescence et l'inspirerait par son expérience et sa témérité - surtout que Shinji est à la fois peureux et anxieux ; Koji est vraiment, d'après lui, l'idéal à atteindre en tant qu'homme. Si ça peut te donner du grain à moudre, n'hésite pas à t'en inspirer !

Autre question : pourquoi as-tu augmenté la taille de Mazinger Z ? Il fait (suivant les sources) entre 15 et 18 mètres de haut, soit la même taille qu'une EVA si je ne me trompe. Il n'y a donc pas besoin d'adapter quoi que ce soit de ce côté, je pense ^_^

Pour ce qui est de la série et des personnages, je découvre en ce moment-même : j'ai (enfin) acheté la série intégrale de Mazinger Z, et j'en suis autour de l'épisode 15 (sur 92). Pour le moment, je ne peux te rencarder dessus. Mais si tu as des questions sur les mechas ou les héros principaux (Evangelion, Mazinger Z ou Mazinkaiser), n'hésite pas, je te dirai ce que j'en sais ^_^

Alors, pourquoi Mazinger Z plutôt que Mazinkaiser... Pour le symbole, surtout. Evangelion a été conçu par Hideaki Anno comme une déconstruction du genre "super robot invincible" défini par The Big Z... Donc il me semblait d'un point de vue thématique plus intéressant de l'employer. Ceci dit, si ça peut vous rassurer, l'écart de puissance entre les deux machines (Eva et Mazinger Z) dans l'histoire sera quasi-nul. Hé, après tout, c'est un univers parallèle, donc je peux me permettre de légèrement retoucher certains détails pour que l'histoire se passe bien, non ?

(Et puis il y a une explication qui viendra plus tard justement liée à l'Hyperdrive dont je parlais dans mon précédent post...)

Koji a écrit:

Dans les SRW, notamment le Alpha 2 sur PS2, Koji prends Shinji sous son aile et l'aide à s'affirmer. Shinji voit Koji un peu comme un grand-frère qui le guiderait dans son adolescence et l'inspirerait par son expérience et sa témérité - surtout que Shinji est à la fois peureux et anxieux ; Koji est vraiment, d'après lui, l'idéal à atteindre en tant qu'homme. Si ça peut te donner du grain à moudre, n'hésite pas à t'en inspirer !

Ah ben c'est justement la relation que j'essaie de former entre les deux... Et je mentirais en disant que les SRW ne constituent pas une source d'inspiration. ^_^

Koji a écrit:

Autre question : pourquoi as-tu augmenté la taille de Mazinger Z ? Il fait (suivant les sources) entre 15 et 18 mètres de haut, soit la même taille qu'une EVA si je ne me trompe. Il n'y a donc pas besoin d'adapter quoi que ce soit de ce côté, je pense ^_^

Parce que j'ai lu d'autres sources indiquant que les Evas feraient, elles (ou eux ?), 40 mètres de haut (lorsqu'on les compare aux humains ou aux immeubles). J'étais au courant de la taille officielle de Mazinger Z, mais pas de celle des Evas, donc j'ai pensé "ah merde" quand je suis tombé là-dessus. Cette estimation me semble plausible, en tout cas, surtout quand on se souvient de la scène dans l'un des derniers épisodes d'Evangelion où l'Eva-01 tient Kaworu dans sa main, avec juste la tête de ce dernier qui dépasse.

40 mètres, ça me parait beaucoup, surtout comparé à la taille des EVA lors des combats en ville... Enfin, je peux me tromper, hein.

Chapitre 4 en ligne (enfin, bientôt accessible normalement...), avec l'introduction de Toji et Kensuke (d'Evangelion) et de Boss.

Promis, plus d'action lors du prochain chapitre.

Bon, ça fait plus de deux mois que j'ai mis en ligne le dernier épisode, mais il faut dire que j'ai été... Légèrement accaparé par des impératifs de travail aussi chronophage et autrement plus importants (m'enfin, au final, je suis titularisé, donc ça en valait la peine).

Donc, je n'ai repris l'écriture de cette fanfic que récemment. En plus, c'est pour le moment le chapitre le plus long que j'ai pu écrire, ça ne facilite pas les choses...

En attendant, je me suis que je pourrais poster ici les divers épisodes déjà publiés, afin d'augmenter le nombre de mes posts de manière éhontée ( ) et surtout d'obtenir quelques renseignements sur ce qu'il faudrait que je modifie pour que les persos soient plus raccords (en gardant à l'esprit que, comme je l'ai dit plus tôt, c'est un univers parallèle aux deux séries, donc je me réserve le droit de modifier quelques éléments pour que le récit marche mieux).

Allons-y, donc.

Nekketsu Genesis Mazingelion : Prologue

Cela faisait plusieurs heures que l'attaque de Sachiel sur Tokyo 3 avait débuté.

L'Ange se tenait immobile au centre de la ville, comme attendant un signal. Comme la NERV le craignait, la mine N2 n'avait fait que le ralentir, le temps qu'il régénère de ses blessures. Plus aucune tentative n'avait été lancée contre la créature depuis cet événement ; l'armée avait déjà lancé toute sa puissance de feu contre elle dans les heures qui avaient précédées. Le résultat se comptait en milliards de dollars de dégâts ; l'ange avait rapidement balayé toutes les défenses de la ville, et seule celle-ci avait fait les frais des assauts de l'armée. Plus rien ne semblait pouvoir l'empêcher d'atteindre le Geofront.

L'Eva-01 jaillit du sas de sortie le plus proche de Sachiel, toujours immobilisé.

L'Ange se tourna vers son adversaire. Le masque qui lui servait de visage ne reflétait absolument aucune expression. Pourtant, tous ceux qui pouvaient observer la scène ne pouvaient s'empêcher de frissonner en le voyant...

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Shinji essaya de rassembler ses esprits.

L'esprit du garçon avait été absorbé dans un maelström d'émotions poussées à leur paroxysme. Pourquoi fallait-il que cela lui arrive ? Pourquoi lui ? Après avoir passé toute son enfance à des centaines de kilomètres de la métropole, dans un foyer qui ne lui avait jamais donné le moindre atome d'affection, il avait suffi d'un simple mot de son père pour qu'il se retrouve en Enfer. « Viens ». Rien de plus, pas de « J'espère que tu vas bien », pas de « Pardon », pas même un « s'il te plaît » après ce mot. Si Shinji avait pu mieux connaître son père, il aurait très bien pu en déduire que c'était tout à fait typique du personnage.

A vrai dire, si Shinji avait mieux connu son propre père, il ne se serait sans doute même pas déplacé et se serait contenter de lui répondre d'une manière quelque peu... Franche. Et « fleurie ».

Cependant, la carte postale qui accompagnait la note, montrant une femme adulte qui semblait prendre un grand plaisir à mettre en avant ses charmes, avait quelque peu endormi ses soupçons. Après tout, il restait un gamin de 14 ans.

Et au final, Shinji avait voyagé des heures pour se retrouver dans une ville quasi-déserte et maintenant assiégée, être pris en voiture par la femme de la carte postale, aussi délurée que ce que la photo laissait présager, manquer de se faire envoler par le souffle de l'explosion de la mine N2, être traîné dans un complexe militaire, et être jeté par son propre père dans un robot géant tout droit sorti d'un cauchemar pour se battre contre un monstre titanesque qui avait déjà annihilé toute opposition.

Comme si ça ne suffisait pas, aucun choix ne lui avait été présenté. Soit il acceptait de piloter l'Eva, soit c'était la jeune fille que son père avait appelé Rei qui prenait sa place. Et lorsque Shinji la vit, amenée sur un brancard, couverte de bandages suite à il ne savait quel accident, il ne pouvait pas se permettre de laisser faire cela. Le jeune garçon était très loin d'être brave, mais même le pire des couards a des limites ; et son père l'avait obligé à les franchir. Plutôt accepter d'être son jouet que de laisser une innocente souffrir et sans doute se faire tuer.

En conséquence, Shinji était partagé entre une haine indescriptible à l'encontre de son père, la peur panique de mourir, et la révulsion qu'il éprouvait pour les traitements infligés à cette Rei. Du moins, avant qu'il ne rentre dans l'Eva et que les deux femmes en charge des opérations (en l'occurrence, Misato Katsuragi, la femme qui l'avait amené, et Ritsuko Akagi, la scientifique la plus gradée de la structure) n'établisse le lien entre son esprit et l'Eva-01.

Il faillit hurler lorsque son esprit fut brutalement assailli par la soif de sang de la machine.

Plusieurs minutes passèrent avant qu'il ne réussisse à s'accoutumer à l'intense pression psychique et à pouvoir penser rationnellement. Mais il sentait toujours la rage de l'Evangelion. Il était impossible de la calmer, il le savait.

Ne restait plus que la peur.

Dans quelle abomination son père l'avait-il enfermé ?!

L'Eva-01 fut catapulté vers la surface avant qu'il ait pu réussir à dominer sa terreur.

Sachiel continuait à se rapprocher du Geofront. Et ce que la NERV lui envoyait, c'était un monstre encore plus terrifiant, piloté par un gamin de 14 ans qui devait déjà se concentrer pour ne pas s'effondrer en larmes.

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« Shinji ! Bouge ! »

La voix de Misato réussit à sortir Shinji de sa stupeur. L'Evangelion avait beau être à peu près aussi grand que Sachiel, cela n'empêcha pas Shinji de se pétrifier sur place lorsqu'il vit son adversaire avec lequel il était sensé se battre à mort, alors qu'il ne savait même pas comment piloter l'Eva-01. L'intérieur de l'Entry Plug avait été changé en un énorme écran qui lui permettait de voir par les yeux de l'Evangelion, mais en cet instant, il aurait préféré être aveugle.

« - Mais comment je fais ? Comment ?
- Concentre toi, et ordonne à l'Eva de bouger ! Tu peux y arriver !
- Je dois juste.. Penser ? »

Shinji avait beaucoup de mal à croire qu'il suffisait de penser quelque chose pour que ce titan l'accomplisse. Cela semblait inconcevable... Mais si les personnes en charge lui affirmait que c'était la seule façon...

Le garçon ferma les yeux, et tenta de se concentrer de façon à ce qu'un seul mot occupe son esprit.

Marche... Marche... Marche... Marche...

L'Eva-01 leva un pied... L'avança lentement... Puis le fit retomber lourdement. Le premier pas d'un géant fit trembler le sol autour de lui.

Shinji entendit Misato le féliciter et l'encourager dans le communicateur. Il recommença à se concentrer pour que la machine continue à avancer. Il tenta de faire un second pas...

L'Evangelion vacilla et s'écroula de toute sa masse.

Shinji cria. Quelque chose l'avait frappé. Qu'il ressente le choc produit par la chute de la machine était logique puisqu'il était à l'intérieur. Mais il y avait autre chose... Quelque chose qui semblait absolument hors de propos... Il lui fallut quelques secondes pour réaliser ce qui s'était passé, et pour être terrifié de nouveau.

Il avait physiquement ressenti le choc, comme si c'était lui qui venait de s'écrouler sur le sol.

Ce n'était pas possible... C'était de la folie pure ! Un être humain ne peut pas ressentir ce qu'éprouvait une machine, juste parce qu'il le pilotait ! Qu'est-ce qu'il pouvait bien se passer ? Dans quoi avait-il été traîné de force ? Qu'est-ce que...

« SHINJI !!! »

Le garçon se rappela sa situation immédiate. En essayant de voir ce qui se passait, il avait réussi à faire tourner la tête de l'Evangelion. Il faillit hurler.

Sachiel était sur lui.

Shinji tenta de forcer l'Evangelion à se relever, mais l'Ange l'avait déjà empoigné et le soulevait maintenant du sol avec une facilité déconcertante. Paniqué, Shinji ne pouvait que fixer des yeux le masque facial de la créature. Essayer de sortir de l'étreinte de la créature était la chose la plus rationnelle, mais le jeune garçon était paralysé par la terreur, incapable d'essayer de forcer l'Evangelion à bouger. Il était hypnotisé par le visage de Sachiel... Un visage qui ne reflétait aucune émotion, aucune jubilation... Cette chose allait le tuer, et elle avait la même impassibilité que la Mort elle-même.

Sachiel attrapa le bras de l'Evangelion et commença à le tordre. A l'intérieur de l'Entry Plug, Shinji cria et attrapa son propre bras. Il ressentait absolument tout ce que l'Evangelion subissait, et à cet instant précis, il avait la sensation que quelque chose essayait de lui arracher son bras. C'est à peine si il entendait Misato, aussi paniquée que lui, lui crier qu'il ne s'agissait que d'une illusion et que ce n'était pas son bras qui était en train d'être brisé. Qu'est-ce qu'elle en savait ? Shinji sentait tous les muscles de son bras se froisser, il sentait l'incroyable tension sur ses os... Ses nerfs lui lançaient des signaux de souffrance si aigus qu'il faillit s'évanouir... Comment pouvait-elle dire que rien de tout cela ne lui arrivait réellement ?

Sachiel continua à forcer sur le bras. Encore un peu, et celui-ci se briserait comme de la paille. Juste encore un effort...

« ROCKET PUNCH !!!! »

Le cri déchira la nuit avec une telle force que même Shinji, dans son délire, l'entendit. L'Ange l'avait visiblement entendu, lui aussi, et il se tourna vers l'origine du bruit. Ce faisant, Sachiel relâcha quelque peu sa tension sur le bras de l'Eva-01. Sentant la douleur se réduire, Shinji rouvrit les yeux...

Il eut le temps de voir quelque chose de bleu percuter le visage de l'Ange à une vitesse extraordinaire.

La créature fut immédiatement projetée en arrière et s'écrasa contre un immeuble, provoquant un énorme nuage de poussière tandis que des tonnes de débris s'écrasèrent dans les rues désertes de Tokyo-3 après une chute de plusieurs dizaines de mètres. L'impact avait été d'une telle puissance qu'elle avait totalement lâché prise avec l'Evangelion ; enfin libéré, celui-ci vacilla et tomba sur ses genoux. La souffrance s'estompant enfin, Shinji regagna vite ses esprits. Alors qu'il essayait de voir ce qui se passait, l'Evangelion obéit sans résistance à ses réflexes et se mit à chercher des yeux ce qui l'avait sauvé.

Shinji finit par voir une sorte de gigantesque missile bleu sombre voler devant lui et se diriger sur sa gauche. Mais quelque chose était bizarre dans ce missile... Malgré la vitesse à laquelle il se déplaçait, Shinji vit qu'il se terminait par... Un poing métallique ? Soudainement, le missile tourna sur lui-même tout en gardant sa trajectoire. Où qu'il allait, sa destination était masquée par des immeubles. Lorsque Shinji ordonna mentalement à l'Evangelion de se redresser, la machine obéit sans trop de difficultés.

Sa mâchoire faillit tomber sur le sol.

Ce n'était pas un missile... C'était un bras. Et il était en train de se rattacher à un robot humanoïde aussi gigantesque que l'Eva-01 ou Sachiel. Mais il n'avait rien de commun avec les deux créatures. Alors que l'Evangelion avait une forme élancée, évoquant un athlète olympique ou un danseur, ce robot avait un aspect plus massif... La plus proche comparaison que Shinji pouvait faire était que le robot avait la carrure d'un lutteur. Les avant-bras et les tibias du robot étaient bleu nuit, par contre son torse et ses hanches était d'un noir de jais. Deux ailerons rouge sang jaillissaient de sa poitrine, et le reste de son corps (bras, cuisses et ventre) était d'un blanc immaculé. Mais le plus surprenant était la tête du robot. Son « visage » évoquait un heaume de chevalier, avec une grille au lieu d'une bouche, tandis que deux cornes dorées sortaient là où un humain aurait eu des oreilles ; le sommet du crâne avait une forme de vase cylindrique creux, dans lequel se trouvait... Un vaisseau ? Un hélicoptère ? En tout cas, Shinji pouvait voir le pare-brise d'un poste de pilotage au niveau de cet engin.

Le robot fit un pas en avant, et pointa du doigt l'Ange dans un geste théâtral.

Et à nouveau, la voix du pilote de la machine retentit dans la nuit.

« ÇA SUFFIT, MONSTRE ! SI TU VEUX TE BATTRE, JE SUIS LA ! »

« MAZIN, GO !!! »

Chapitre 1

Quelques heures plus tôt...

Kouji essayait de s'allonger dans son siège afin de pouvoir faire une petite sieste, mais malheureusement, Shiro ne lui laissait absolument aucun répit. C'était la première fois que le petit garçon prenait le Shinkansen, du moins la première fois qu'il le prenait alors qu'il était assez grand pour pouvoir vraiment « profiter » du voyage, aussi passait-il son temps à soûler son frère avec tout ce qu'il réussissait à voir par la fenêtre. Il ne fallut pas longtemps avant que Kouji ne regrette l'autre fois où Shiro et lui avaient pris le train : à cette époque, son frère n'avait que 9 mois. Maintenant, il n'arrêtait pas de jacasser et de s'exciter.

En même temps, cela le faisait également sourire. Les deux frères, au moins, avaient quelques points en commun. Maintenant qu'il y pensait, l'autre fois, c'était lui qui avait passé son temps à briser les nerfs du professeur Nagai.

Il fallait bien qu'il trouve un moyen d'oublier le fait qu'il ne verrait plus son père avant plusieurs mois... Qui se changèrent en années. Puis pour l'éternité.

Kouji se renfrogna. Pas la peine de se rappeler tout ça. Tout ce qui comptait, c'était ce qu'ils allaient faire à Tokyo 3...

« Kouji ! Kouji ! Regarde ! Il y a une rivière vachement plus grande que celle qu'il y avait à côté de chez professeur Nagai ! Regarde ! »

Ce n'était jamais que la même rivière que celle qu'il avait vu 5 minutes auparavant. Sur cette partie du trajet, le train la longeait. Bon sang, ce gosse allait le tuer...

« - Shiro, pourquoi tu jouerais pas avec ta console ? On a encore quelques heures avant d'arriver, et tu avais dit que tu voulais finir ton jeu dans le train.
- J'ai plus de piles... Elles sont toutes mortes...
- J'en ai dans mon sac, t'inquiètes. Je te les passes, mais à condition que t'arrêtes de me hurler dans les oreilles toutes les 2 secondes, okay ? »

Shiro lui rétorqua en souriant à pleines dents et en le saluant comme un soldat le ferait à son général.

« Okay, Kouji ! »

Tout Shiro, ça. Insupportable une seconde, mignon à croquer la suivante. Kouji se leva pour atteindre son sac, qu'il avait placé dans le porte-bagages au-dessus de leur tête. Il y avait peu de chance qu'il termine son jeu avant qu'ils ne soient arrivés (Kouji lui avait acheté peu de temps avant leur départ ; et finir Bakeneko no Densetsu demandait plusieurs dizaines d'heures, alors que Shiro n'y avait joué qu'une poignée avant qu'ils ne partent), mais au moins, le moment où Kouji entendrait la fatidique question « On est bientôt arrivé ? » serait sacrément retardé.

Kouji en profita pour jeter un œil au reste du wagon. Visiblement, personne n'avait envie, en cette période de l'année d'aller à Tokyo 3 : le seul passager à part Shiro et lui était un garçon brun d'une quinzaine d'années environ, un peu chétif, et qui se demandait apparemment ce qu'il faisait là. Kouji, cependant, pouvait le voir fixer une simple carte postale.

Cela réveilla sa curiosité. Si ça se trouvait, lui aussi avait été contacté par un des membres de sa famille pour qu'il se rende à Tokyo 3. Mais il était peu probable que la personne en question ne soit morte depuis plusieurs mois.

Kouji s'assit et donna ses piles à Shiro et se rassit, mais alors que son frère le remerciait et s'empressait d'insérer les piles dans sa console, lui se rappelait pourquoi tout deux se trouvait dans ce train.

Une après-midi comme une autre, à la base. Kouji rentrait du lycée – en retard puisque, une nouvelle fois, il avait été mis en retenue. Sans surprises, la femme du professeur Nagai avait déjà récupéré Shiro à son école, mais cette fois-ci, ni elle ni son mari ne lui firent de leçons de morale. Ceci, parce qu'ils avaient reçus dans la journée une lettre qui lui était adressée. Une lettre de son grand-père.

Kouji et Shiro avaient bien plus de souvenirs avec leur grand-père qu'avec leur propre père... Tous deux étaient des scientifiques renommés, mais leur tempérament était extrêmement différent. Kenzo, leur père, n'avait jamais pris une grande part dans leur éducation, trop obnubilé par son travail. Quand leur mère mourut, peu de temps après la naissance de Shiro, il avait dans un premier temps essayé de se rendre plus disponible... Mais au final, il fut appelé soi-disant pour une affaire urgente à l'autre bout du Japon, et le professeur Nagai, son collègue et meilleur ami, accepta de s'occuper le temps qu'il faudrait, avant qu'ils puissent le rejoindre. Plusieurs mois plus tard, Kouji apprit que son père avait disparu dans des circonstances mystérieuses ; les recherches furent finalement abandonnées sans que l'on ait retrouvé la trace de Kenzo Kabuto. Le professeur Nagai avait cependant tenu sa parole et avait continué à s'occuper des deux enfants comme si ils étaient les siens. Kouji ne lui avait pas toujours fait des cadeaux, mais à aucun moment il ne s'était montré ingrat à son égard. Lui et Shiro avaient besoin de repères, et il serait toujours reconnaissant à cet homme de les lui avoir fourni.

Lui, et son grand-père.

Car Juuzo Kabuto, lui, avait toujours gardé un œil sur ses petits-enfants. Le vieil homme ne manquait jamais une occasion de les voir et de les aider, et quand il devait partir en déplacement, il gardait toujours le contact avec eux. Chaque été, il les emmenait au bord de mer, dans une petite cité balnéaire où il avait ses habitudes. Autrefois, le vieil homme y avait une propriété, mais le Second Impact était passé par là... Elle fut dévastée par les bouleversements géologiques qui avaient suivi cette catastrophe planétaire. Kouji était très jeune lorsque le Second Impact s'était produit, aussi ignorait-il à quel point le vieil homme avait été chanceux pour n'avoir perdu qu'une villa en bord de mer là où des millions d'êtres humains avaient perdus la vie... La seule chose qui lui importait était le temps qu'il passait sur la plage à jouer avec le sable et dans les vagues, son petit frère essayant maladroitement de le suivre... Les plus beaux souvenirs de sa vie étaient nés de ces étés au bord de mer.

Et puis, quelques années plus tôt, il changea. C'était après un de ses voyages à l'étranger, avec plusieurs de ses collègues. Quand il revint, il était comme bouleversé, préoccupé par quelque chose d'apparemment très grave. Il partit alors s'installer à Tokyo 3 et prit la tête de l'Institut de Recherche Photonique, basé à Tokyo 3. Il ne coupa jamais le contact avec ses petits-fils et prenait constamment de leurs nouvelles, soucieux qu'il était qu'ils aient une vie normale. Mais jamais plus il ne quitta l'institut. C'était comme si il craignait que quelque chose de terrible se produise si jamais il relâchait son attention...

Quelques mois plus tôt, Kouji avait appris que son grand-père était décédé. Il avait toujours exprimé le désir d'être enterré auprès de sa femme, morte avant que Kouji ne naisse, aussi la dépouille du vieil homme fut ramené dans son village natal. Kouji et Shiro assistèrent en silence à l'enterrement du dernier membre de leur famille qu'ils avaient connus. Il leur fallut plusieurs semaines avant de commencer à se remettre du deuil et à tenter de reprendre une vie normale.

Et voilà que trois jours plus tôt, Kouji avait reçu une lettre écrite de la main même de son grand-père, suffisamment mystérieuse pour qu'il se sente obligé de faire absolument tout ce que celle-ci prescrivait.

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Kouji,

Si tu lis cette lettre, cela voudra dire que je ne suis plus de ce monde et que ce je craignais le plus est sur le point de se produire.

Je suis terriblement désolé de vous avoir laissé, toi et Shiro. Je sais que le professeur Nagai est un excellent tuteur pour vous deux, et je ne le remercierais jamais assez pour tout le mal qu'il s'est donné pour vous... Mais je ne peux m'empêcher de regretter d'avoir été obligé de partir.

Car c'est pour votre avenir que je suis parti à Tokyo 3. Le vôtre, mais surtout celui de l'humanité toute entière.

Tu auras sans doute remarqué que mon comportement a changé depuis ce voyage que j'ai effectué sur l'île de Bardos. Je ne peux t'expliquer en détail ce que j'y ais trouvé, car la place me manque, et il vaut mieux que tu apprennes tous les détails auprès de mon collaborateur, le docteur Yumi, qui dirige avec moi l'Institut. Mais il faut que tu saches au moins cela, Kouji :

Les Anges vont revenir.

Je sais que comme beaucoup de jeunes gens, tu ne crois pas que le Second Impact ait été causé par ces créatures – tu dois même penser qu'elles n'ont jamais existé. Mais ce que j'ai découvert à Bardos et ce que d'autres renseignements que j'ai pu glaner m'ont convaincus de leur existence. Si tu refuses toujours d'y croire, alors sache qu'il existe des hommes en ce monde qui sont décidés à profiter du futur chaos pour leur profit personnel. J'ignore leur nom, et comment ils cherchent à atteindre leur plan... Mais je crois que l'un d'entre eux, malgré les indices semblant indiquer qu'il soit mort, pourrait être l'un de mes collègues de l'expédition de Bardos, le docteur Hell. J'espère sincèrement que je me trompe, mais à tout hasard, tu seras bientôt en mesure d'obtenir de plus amples informations sur cet être.

Si l'Institut t'a envoyé cette lettre, cela signifie que celui-ci a détecté les signes avant-coureurs du retour des Anges. L'humanité va entrer dans une période trouble ; elle a besoin de protecteurs. Je sais que tu as l'étoffe pour ce rôle, Kouji. Je suis désolé de te confier une responsabilité aussi lourde, mais chaque fois que je vous regardais, toi et ton frère, je voyais tout ce que l'humanité peut produire de bon et de durable. Je sais que tu as la force de te battre jusqu'au bout pour protéger ce qui t'es cher, et que tu meurs d'envie de mettre cette force à l'œuvre. C'est pour cela que, même si te mettre en danger m'est insupportable, je ne vois personne d'autre plus à même de réussir que toi.

Rends toi à Tokyo 3, à l'Institut. Ce que je te lègue en héritage t'attends là-bas ; le docteur Yumi te guidera. Fais-lui confiance, c'est un être juste et bon, le meilleur ami que j'ai jamais pu avoir. Tu trouveras avec cette lettre ses coordonnées, appelle le juste avant de prendre le train de façon à ce qu'il puisse prendre les mesures nécessaires pour t'accueillir. Mieux vaut, cependant, que Shiro ne vienne pas avec toi. Le danger risque d'être très grand, et même si il partage ta bravoure, il est encore trop jeune pour pouvoir se défendre.

Une dernière chose : tu ne seras certainement pas seul dans ce combat. La NERV a mis sur place un projet afin de combattre les Anges. Celui-ci réclamera le sacrifice d'autres jeunes gens. Suis à la lettre ce que je vais te dire, Kouji : respecte et aide du mieux que tu pourras les pilotes de la NERV, car vous tous constituerez le dernier rempart de la race humaine. Mais ne fais jamais – JAMAIS – confiance au commandant de la NERV, Gendo Hikari. J'ai bien peur que ses plans ne soient pas tous altruistes.

Kouji, sache que je serais toujours à tes côtés, même par -delà la mort.

Embrasse Shiro de ma part.

Signé,

Ton grand-père qui est fier du jeune homme que tu es devenu.

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Bien que cette lettre ne souleva de nombreuses interrogations dans l'esprit de Kouji et de son tuteur, le ton suppliant qu'avait employé son grand-père, ce qui était étrange quand on avait connu son caractère très stoïque, semblait indiquer que ce dernier avait de très bonnes raisons de s'inquiéter. Aussi, il fut très vite décidé que Kouji parte à Tokyo 3. Bien évidemment, Shiro refusa obstinément de quitter Kouji et menaça de fuguer pour le rejoindre par ses propres moyens la mégalopole.

Connaissant le petit garçon, le professeur Nagai et Kouji acceptèrent finalement de le laisser partir avec son grand frère. Il était tout à fait capable de mettre ses menaces à exécution malgré toutes les précautions qui pouvaient être prises...

Lorsque, conformément à ce qu'avait demandé son grand-père dans sa lettre, Kouji appela l'Institut, il tomba directement sur le docteur Yumi. Celui-ci ne semblait pas particulièrement surpris d'apprendre la venue du jeune homme. Il avoua en fait très vite qu'il savait parfaitement qu'il allait venir, et même qu'il espérait sa venue. Comment Kouji devait interpréter cela, il l'ignorait, mais en tout cas il lui promis d'envoyer quelqu'un les chercher à la gare de Tokyo 3. Au moins, il n'aurait pas à s'interroger sur la manière de rejoindre l'Institut...

Quitter le foyer qui les avait recueillis s'avéra aussi difficile qu'il s'y attendait, mais Kouji fit tout son possible pour ne pas sembler être trop perturbé par l'expérience et se réfugia comme toujours derrière son air bravache. En réalité, il avait la sensation qu'on l'obligeait à quitter le dernier point de repère qui lui restait pour se jeter dans l'inconnu. Mais après tout, n'étais-ce pas ça, devenir adulte ? Malgré cela, il eut tout de même un peu de mal à garder sa contenance lorsque, alors qu'il montait dans le train, il vit les yeux de l'épouse du professeur Nagai, qu'il considérait comme sa deuxième mère, s'embuer de larmes.

Bizarrement, Shiro était moins perturbé que lui. Pour lui, c'était « juste » une grande aventure excitante qui se préparait. Le petit garçon n'avait pas encore intégré le fait qu'il ne rentrerait peut-être plus jamais chez eux.

Mais ce qui perturbait le plus Kouji, c'était cet avertissement à la fin de la lettre : « ne fais jamais confiance à Gendo Hikari ». L'homme, pourtant, dirigeait la structure chargé de protéger l'humanité contre... Et bien, quelque chose, il ne savait pas trop quoi, mais il était sensé la protéger. Qu'est-ce que son grand-père voulait dire par là ?

En tout cas, les voilà maintenant, dans le train pour Tokyo 3, Shiro occupé par son jeu, Kouji essayant de faire une petite sieste.

Comme ils n'avaient pas eu accès à la moindre source d'informations depuis qu'ils étaient montés dans le train, ils ignoraient totalement qu'au même moment, Sachiel était en train de massacrer les troupes lancées contre lui.



(Et bien sûr, je suis occupé de le couper en plusieurs posts...)

Chapitre 1 (2ème partie)

Décidément quelque chose n'allait pas.

Qu'il y ait très peu de passagers dans le train, à la limite, ça pouvait s'expliquer : heures creuses, une ville au développement économique encore en gestation, l'omniprésence de la NERV qui pouvait en rebuter plus d'un... Mais qu'il n'y ait absolument personne dans la gare même ? Kouji n'avait pas vu le moindre contrôleur sur les quais, et à peine Shiro, le garçon brun et lui-même étaient descendus du train (et c'est à ce moment-là que Kouji réalisa qu'ils n'avaient été bel et bien que trois passagers à aller jusqu'au terminus de Tokyo 3) que celui-ci redémarra immédiatement pour quitter la gare. Le conducteur était apparemment pressé de quitter la ville au plus vite...

« - Qu'est-ce qui se passe, Kouji ? Lui demanda Shiro.
- Alors ça, j'en ais aucune idée. Je m'attendais à un peu plus d'agitation, dans le coin...
- Qu'est-ce qu'on fait, alors ?
- On va sortir, déjà. Si ça se trouve, celui qui est sensé nous prendre est déjà là... »

De fait, le garçon brun était déjà sorti, lui aussi. Tout ça ne plaisait guère à Kouji ; il avait la sensation d'être arrivé dans une ville morte. Shiro aussi était tendu. Peut-être même commençait-il à regretter d'avoir suivi son grand-frère...

Lorsqu'ils sortirent de la gare, ils durent se rendre à l'évidence : il n'y avait personne dans les environs. Enfin, si, il y avait bien le garçon brun qui passait un coup de fil à une cabine téléphonique, à l'autre bout de la rue, mais à part lui, pas de foule, pas de badauds, aucune voiture... Tous les magasins avaient fermé leur volet métallique. Le vide complet. Il ne manquait plus qu'un buisson d'herbe qui traverserait la route, porté par le vent.

Le plus important, c'était surtout que la personne que l'Institut était sensé envoyé n'était pas encore là.

Shiro fut le premier à briser le silence.

« - Il est où, celui qui doit nous prendre ?
- J'en sais rien, Shiro. On va attendre un peu, il est peut-être juste en retard...
- Et en attendant, on fait quoi ?
- Et bien... »

Une explosion, au loin, coupa nette sa réponse.

Shiro se blottit contre son frère, lequel s'était immédiatement tendu lorsqu'il entendit le bruit. Il essayait de déterminer d'où cela pouvait venir, et surtout si cela était loin ou non.

« - Tu as entendu ? Lui demanda Shiro, inquiet.
- Oui, j'ai entendu. Qu'est-ce que ça peut bien être ? »

Une nouvelle explosion retentit.

Kouji, maintenant, était sûr d'une chose : il valait mieux qu'ils ne restent pas là.

A peine avait-il terminé de formuler cette pensée qu'un crissement de pneus se fit entendre à l'autre bout de la rue. Kouji tourna immédiatement la tête et vit une petite Toyota remonter l'avenue en quatrième vitesse. Elle passa en trombe devant le garçon brun, lequel vu son air semblait surpris qu'elle ne s'arrête pas pour lui, et continua droit devant elle... Avant de piler net au niveau de Kouji et de Shiro. Instinctivement, Kouji fit bouclier pour protéger son petit-frère d'un éventuel accident, mais la voiture s'arrêta finalement sans broncher, alors que ses pneus hurlèrent.

Le côté passager leur faisait maintenant face. Et lorsque la vitre se baissa, Kouji vit un visage féminin se pencher et les regarder d'un air anxieux.

« Vous êtes Kouji et Shiro Kabuto ? » Demanda la jeune fille, visiblement sous pression.

Kouji ne put s'empêcher de sourire d'une manière qu'il espérait séduisante. C'est que, à ce qu'il pouvait en juger, la jeune fille était particulièrement mignonne, avec de longs cheveux châtains qui lui tombaient sur les épaules et un visage ovale qui se terminait par un menton légèrement pointu. Finalement, venir à Tokyo 3 n'était peut-être pas une mauvaise idée...

« - C'est vous ou non ? Poursuivi la jeune fille, cette fois-ci impatiente.
- Oui, c'est bien nous. Je suis Kouji, et voici...
- Montez, vite ! On doit sortir de la ville le plus vite possible, l'armée va bientôt larguer une bombe N2 ! »

A ces mots, Kouji comprit immédiatement que discuter serait une erreur ; il ouvrit la porte arrière, empoigna Shiro, le jeta dans la voiture et lui donna son sac de voyage avant de reclaquer la portière, le tout en l'espace de deux secondes et pratiquement d'un seul geste. Il ouvrit ensuite la portière côté passager et s'assit sans perdre de temps. La jeune fille démarra en trombe avant même qu'il n'ait pu reclaquer sa portière.

Une bombe N2 ? Kouji avait suffisamment vu d'archives sur les guerres qui suivirent le Second Impact pour savoir qu'il fallait déguerpir en vitesse. C'était la bombe propre la plus puissante jamais créée par l'homme, rivalisant en puissance de destruction avec les bombes nucléaires de dernière génération, mais sans les retombées atomiques. Inutile de dire que si on se trouvait dans le périmètre de l'explosion, la dernière chose qui nous passait par l'esprit était loin d'être « Ah ! Au moins il n'y aura pas de radiations ! ». Mais pourquoi l'armée lâcherait-elle une telle arme dans une zone urbaine ?! Le Japon était à nouveau en guerre ?

La jeune fille qui les conduisait hors de la ville, cependant, ne semblait pas vouloir répondre tout de suite à cette question.

« - Maintenant, nous pouvons faire les présentations, dit-elle alors qu'elle conduisait comme une furie sur des routes sinueuses. Je suis Sayaka, la fille du docteur Yumi. Désolé pour tout ce chambardement, mais les évènements se sont précipités depuis votre appel...
- Sans blague ? » Dit Kouji, se cramponnant à son siège. Sayaka conduisait VRAIMENT comme une folle, et tout d'un coup, rester à proximité du périmètre d'explosion d'une bombe N2 semblait être l'une des choses les plus sûres de la journée...

A l'arrière, ballotté dans tous les sens et se cognant dans les portières dès qu'il y avait un virage, Shiro rouspétait et hurlait à Sayaka de ralentir pour qu'il puisse au moins mettre sa ceinture.

« - Oui, poursuivi stoïquement Sayaka. Cet Ange est arrivé beaucoup plus vite que prévu... Nous espérions pouvoir vous accueillir et vous préparer un minimum, mais cette saleté a décidé de nous prendre par surprise.
- Comment ça, un Ange ? Répliqua Kouji, incrédule (mais toujours terrorisé à l'idée de finir dans un ravin). De quoi tu parles, bon sang ?
- De ça ! » Répondit Sayaka, en pointant un doigt vers la vitre à côté de Kouji.

Le jeune homme regarda ce qu'elle pointait... Et manqua de jurer.

Alors qu'ils traversaient jusque là une forêt, la route était maintenant beaucoup plus dégagée, et ils avaient maintenant une vue imprenable sur la baie de Tokyo 3... Au milieu de laquelle se tenait Sachiel. La créature surpassait en taille tout ce que Kouji pouvait imaginer, et elle semblait observer les environs, impassible. Et autour d'elle, les carcasses fumantes de navires de guerre et de différents avions étaient en train de couler dans les eaux. Plusieurs colonnes de fumée s'élevaient également des docks de la ville, là où des compagnies entières de chars d'assaut avaient été anéanties.

« - MAIS QU'EST-CE QUE C'EST QUE CE TRUC ?!? Hurla Kouji.
- Sachiel, le Troisième Ange, dit Sayaka d'un ton très posé. Je ne sais pas pour quelle raison, mais ils ont décidés de nous attaquer à nouveau... Et en personne, cette fois-ci. Pas d'attaque à distance, comme lors du Second Impact.
- Mais enfin, c'est dingue ! Je vois un Ange alors que j'ai jamais cru en leur existence !
- Le problème, justement, c'est qu'ils ont apparemment décidé de nous rappeler qu'ils existent ! »

A l'arrière, Shiro avait réussi à se cramponner à la portière qui lui permettait de regarder vers la baie, et il était bouche bée. D'habitude, il ne voyait ce genre qu'à la télévision, dans ses séries préférées. Mais là, c'était pour de vrai... Son esprit d'enfant hurlait « Génial ! », mais en même temps, il se rappelait que dans ces séries, ce genre de créatures avaient tendance à détruire tout ce qu'elles voyaient.

A peu près à ce moment, des sirènes retentirent. Sayaka sembla paniquer.

« - C'est pas vrai ! Hurla-t-elle.
- Quoi ? Dit Kouji. Qu'est-ce qui se passe ?
- Ils vont larguer la bombe ! Accrochez vous, je vais essayer de nous éloigner au maximum, mais on risque tout de même de se prendre le souffle ! »

Kouji se contorsionna pour regarder vers le siège arrière. Shiro le fixait lui aussi, et les deux frères avaient la même expression, celle d'un cerf qui voit les phares d'une voiture se rapprocher et qui n'a que le temps de penser « Oh bon sang, ce coup-ci je suis bon... »

Tous deux attachèrent leur ceinture et tentèrent de se cramponner à ce qu'ils pouvaient trouver.

« - Dites, ça, c'est ma cuisse ! Cria Sayaka.
- Désolé... » Répliqua Kouji.

Sayaka poussa la petite voiture à son maximum. Kouji voyait le paysage défiler à une vitesse qu'il n'imaginait pas concevable auparavant, et il avait perdu le compte du nombre de fois où la jeune fille avait réussi à passer un virage sans les envoyer dans le décor. La distance qui les séparait de Sachiel ne cessait de croître, mais elle n'était toujours pas suffisante...

Et tout à coup, dans un grondement infernal, la bombe N2 explosa.

Pendant quelques longues secondes, le paysage fut englouti dans une lumière rouge-orangée intense qui donnait la sensation qu'ils avaient pénétrés dans le brasier le plus intense qui soit. La violence de la déflagration assourdit pratiquement Kouji, alors que Shiro tentait de protéger ses oreilles.

Le souffle de l'explosion les rattrapa en quelques secondes.

La voiture fut immédiatement projetée en avant, pratiquement soulevée de terre par l'arrière de l'habitacle, et pendant un instant l'asphalte de la route bloqua tout le champ de vision de Kouji. Sayaka luttait pour essayer de garder le contrôle de son véhicule, mais celui-ci commença à tourner sur lui-même sans qu'elle ne put faire quoi que ce soit. Des tonnes de poussière, de feuilles et de gravats furent également emportés par le souffle, et en un instant, ils se trouvèrent au centre d'un épais brouillard gris, marron et vert qui leur cachait tout autour d'eux. Des branches rebondirent sur le toit et les portières de la voiture, qui continuait son tête-à-queue sans pour autant se stopper dans sa course initiale. Paniquée, Sayaka écrasa la pédale de freins de toutes ses forces, et dans le même mouvement tira sur le frein à main. Au vacarme engendré par l'explosion, s'ajoutaient maintenant les hurlements des freins, les crissements des pneus, et surtout une affreuse odeur de caoutchouc brûlé. La voiture parcourut encore une bonne dizaine de mètres avant d'enfin s'arrêter... En percutant un arbre sur le bord de la chaussée, au niveau de l'aile arrière gauche.

Tout cela avait duré, au grand maximum, cinq secondes.

Autour d'eux, la violence de l'explosion semblait s'être estompée. Péniblement, Kouji releva la tête. Son corps le faisait souffrir en des dizaines de points, mais rien qui pouvait signaler qu'il s'était cassé quelque chose. Il se retourna immédiatement pour regarder derrière lui. Avec soulagement, il vit Shiro se redresser doucement, en soupirant et en se frottant la tête.

« - Tout va bien, Shiro ? Demanda-t-il. Rien de cassé ?
- Je crois pas, répondit son frère, un peu groggy. Mais j'ai envie de rentrer à la maison...
- A mon avis, c'est pas trop possible pour le moment, dit Kouji, en réprimant un sourire. Puis, il se tourna vers Sayaka, qui semblait se remettre. Et toi ?
- Je vais bien aussi, dit la jeune fille, légèrement secoué. Bon sang, c'est un miracle que l'on ne se soit pas retourné !
- Ouais... Au moins, ça devrait avoir réglé son compte à cette chose... Et on a plus trop à s'inquiéter d'une nouvelle bombe pour le moment...
- Je n'en serais pas si sûre, si j'étais vous. Si l'on en croit les avertissements que nous a laissé votre grand-père, ça n'est que le début... »

Sayaka réussit à redémarrer la voiture, laquelle se remit sans trop broncher sur la route. Par contre, elle sembla gémir lorsqu'elle dût se détacher de l'arbre dans lequel elle était entrée. Et à présent, on entendait constamment un raclement venir de l'arrière, sans doute le pare-chocs arrière qui s'était décroché et qui maintenant traînait sur l'asphalte.

« Bon sang, quand papa verra dans quel état je ramène sa voiture, il va être fou de rage, dit Sayaka. Tu parles d'une première sortie non accompagnée ! »

Kouji jeta un regard incrédule à la jeune fille.

« - Attends une seconde... C'est la première fois que tu conduis toute seule ?!
- Il a fallu que ça tombe sur vous deux, désolé... » Répliqua Sayaka d'un ton navré.

Kouji ne savait pas trop comment réagir... Aussi, pendant plusieurs secondes, il fixa Sayaka, puis son frère (aussi peu rassuré que lui), à nouveau Sayaka, avant de finalement se carrer dans son siège.

« Bon, laisse tomber. Essaye juste de ne pas nous tuer sur le reste du chemin. »

Chapitre 1 (3ème partie)

L'Institut de Recherche Photonique était en périphérie de Tokyo 3, entouré par quelques bois clairsemés, à quelques encablures de la ville. Kouji devait admettre que le coin semblait plutôt paisible et qu'il devait être assez agréable de travailler dans un tel endroit. A supposer que l'on puisse aimer le fait de travailler, ce dont il doutait fortement, mais ce n'était ni le lieu ni le temps pour faire part de ses opinions sur le sujet. La forme du bâtiment principal était assez spéciale, sans doute le produit d'un architecte que l'on n'avait pas voulu contrarier lorsqu'il avait présenté ses plans. En l'état, Kouji trouvait que le bâtiment avait la forme d'un œuf couché sur le côté et sur lequel deux ailerons de voiture américaine des années 50 auraient poussés. L'autre élément d'intérêt était un bassin assez long qui faisait face au bâtiment. Kouji se demandait bien ce qu'un tel élément venait faire dans un lieu de recherche scientifique. Peut-être les savants aimaient prendre un bain pour se relaxer, de temps en temps...

Sayaka gara la voiture sur le parking à côté du bâtiment, puis les incita à se dépêcher. Kouji et Shiro, toujours encombrés par leurs affaires de voyage, durent pratiquement courir pour pouvoir suivre la jeune fille. En tout cas, maintenant qu'il la voyait de dos, Kouji pensa qu'elle était effectivement très mignonne. Elle avait une silhouette fine qui lui plaisait extraordinairement, la veste qu'elle portait ne suffisait pas pour masquer ses formes agréables, quand au jean qu'elle portait... Et bien, disons qu'il était assez moulant pour qu'il puisse oublier la mauvaise expérience qu'avait été le trajet entre la gare et l'Institut.

A peine rentrèrent-ils dans le hall principal que les deux frères s'ébahirent devant le bourdonnement incroyablement fort causé par l'activité trépidante du site. Des dizaines de personnes, certaines en blouse de laboratoire, d'autres dans des tenues plus conventionnelles, s'ébattaient dans tous les sens, couraient à droite à gauche, en s'invectivant ou en se présentant divers documents. Comparé au silence de mort qui régnait dans la gare, le changement était drastique.

« - C'est un peu plus calme, d'habitude, dit Sayaka presque pour s'excuser. Mais avec cette situation de crise...
- J'imagine... Un monstre géant qui attaque la ville, ça doit légèrement changer les habitudes... Où est-ce que...
- Nous allons voir mon père. Il vous expliquera tout en détail, et il m'a demandé de vous amener à lui au plus vite. »

Kouji ne dit plus rien et se contenta de suivre Sayaka, en s'assurant tout de même que Shiro arrivait à le suivre. Le garçon, tout en courant pour rester avec son frère, regardait tout autour de lui avec des yeux éberlués. Ils arrivèrent devant un ascenseur, un peu à l'écart. Kouji vit Sayaka sortir une carte magnétique de la poche de sa veste et la passer dans un lecteur. Aussitôt, la porte de l'ascenseur s'ouvrit, et les trois jeunes gens s'y engouffrèrent au plus vite. Lorsque les portes se refermèrent, le brouhaha généré par les dizaines de conversations qui se tenaient étaient immédiatement réduites à l'état de simple murmure. Sayaka pressa un bouton marqué « SC-HMZ » et l'ascenseur commença à bouger. Kouji déduisit qu'ils étaient en train de descendre.

« - Est-ce que vous savez pourquoi mon grand-père m'a demandé de venir ici ? Demanda-t-il.
- Pas vraiment, répliqua Sayaka. Vous savez, je ne suis pas une employée de l'Institut, juste la fille du directeur. Il y a beaucoup de choses que j'ignore, à part ce que mon père a bien voulu me révéler...
- Comme quoi ?
- Et bien, le projet sur lequel travaillait votre grand-père, en premier. Honnêtement, j'ai eu du mal à y croire lorsque je l'ai vu...
- Quoi donc ?»

Mais avant que Sayaka n'ait pu en révéler plus, un DING retentit, alors que la porte de l'ascenseur. Et à nouveau, les jeunes gens se retrouvèrent au beau milieu d'un brouhaha intense... Le milieu, cependant, était sensiblement différent. Ils se trouvaient à l'intérieur d'une salle spacieuse, remplie de divers ordinateurs, de consoles et d'écrans de contrôle, le genre de matériels que Kouji avait vu dans des documentaires sur la NASA dans les salles de contrôle. Plusieurs dizaines de scientifiques couraient en tout sens, se transmettant divers documents et les commentant, mais c'était surtout ce que Kouji voyait sur l'énorme écran qui lui faisait face qui le stupéfia.

Il pouvait voir Sachiel, se tenant toujours dans la baie de Tokyo 3. La chose avait apparemment souffert, mais même lui comprenait qu'elle se régénérait, ne serais-ce que parce qu'un deuxième masque facial était en train de pousser sur la « tête » de la créature.

Kouji avait du mal à y croire. L'armée avait envoyé la bombe la plus puissante de la création sur cette chose, et celle-ci était toujours debout ! Il commençait à comprendre pourquoi son grand-père redoutait à ce point leur retour...

Mais Sayaka, elle, ne s'arrêta pas pour fixer les écrans. Elle alla directement vers l'un des scientifiques (un moustachu brun entre deux âges), qui se tenait presque au centre de la pièce, entouré par plusieurs de ses collègues. La jeune fille embrassa l'homme, avant d'entamer une courte conversation avec lui. Elle pointa du doigt Kouji et Shiro, et le scientifique sembla enfin les avoir remarqué. Alors qu'il approchait vers lui et lui tendit sa main, Kouji savait de qui il s'agissait.

« - Bonjour, Kouji, dit l'individu en serrant la main du jeune homme. Je suis le docteur Yumi. Je suis désolé que nous nous rencontrions en de telles circonstances... Ton grand-père m'a souvent parlé de toi en termes très élogieux.
- Ah ? Dit simplement Kouji, un peu désorienté par cette introduction. C'est pas souvent qu'on me dit ça...
- Et je suppose que voici Shiro ? Dit le docteur Yumi, en souriant au garçon. Tout va bien, mon grand ?
- Oui, monsieur, répondit Shiro. »

Jusque là, le docteur Yumi n'avait pas cessé de sourire, mais lorsqu'il revint à Kouji, son visage devint plus sérieux.

« - Il va falloir m'excuser, Kouji, mais avec cette crise, je ne vais pas pouvoir rentrer dans tous les détails. Mais je sais que tu es venu pour des réponses, alors je vais tout faire pour y répondre.
- Très bien, alors première question : c'est quoi, cette chose ? Demanda Kouji en pointant du doigt l'écran derrière le scientifique.
- Son nom est Sachiel... Et il s'agit du troisième Ange avec lequel l'humanité est entré en contact, dans les temps modernes. En résumé, il s'agit d'une créature extraterrestre qui souhaite, autant que l'on puisse en juger, nous annihiler... Et il est très vraisemblable que toute sa race partage le même but. Ces créatures sont ce que l'on peut trouver de plus chose de dieux dans le domaine animal, et comme tu peux le voir... Leur puissance est incalculable. C'est une chance qu'il soit apparu seul, au moins nous avons une chance de tenir !
- Tenir ? Ce truc s'est pris une mine N2 et a survécu ! Qu'est-ce qui pourrait bien y faire face ?!
- Tu as entendu parler de la NERV, n'est-ce pas ? Il y a de cela des années, ils ont mis sur place un projet spécial, dans la perspective du retour des Anges. Les unités Evangelion. Jusqu'ici leur conception s'est faite dans le secret, mais il est évident qu'ils vont les employer contre Sachiel.
- Et vous ? Vous n'avez rien pour leur faire face ? »

Le docteur Yumi sourit légèrement.

« Oh, que si. Ton grand-père y a veillé. Si tu veux bien me suivre... »

Chapitre 1 (4ème partie... *BIIIP* de limite de caractères à la *BIIIIP* !)

Kouji, Shiro, Sayaka et quelques scientifiques se mirent à suivre le docteur Yumi à travers une série de couloirs, avant de pénétrer dans une gigantesque pièce mal éclairée. Le groupe était face à une grande structure métallique... Et ce qu'elle soutenait poussa Kouji et Shiro à gémir de surprise et à manquer d'étouffer à cause du choc.

Car la structure maintenait en place un gigantesque robot à la forme humanoïde d'une quarantaine de mètres de haut et de couleur noire, blanche et bleue sombre, sans oublier les ailerons rouges sang qui surgissaient de sa poitrine et le masque guerrier qui formait son visage.

Le docteur Yumi s'avança vers la machine, gonflé de fierté... Et d'une palpable émotion.

« Voici ton héritage, Kouji. Le chef d'œuvre de ton grand-père, ce à quoi il a consacré les dernières années de sa vie... Une machine capable de rivaliser en puissance avec les Evangelion et, surtout, les Anges. Construite pour protéger l'humanité, et abattre tous ceux qui tenteraient de l'agresser. Kouji... Voici Mazinger Z. »

Kouji eut du mal à réussir à parler, impressionné qu'il était par le robot. Celui-ci était inerte, désactivé, et pourtant... Pourtant, il émanait du métal qui le composait une telle aura de puissance... Tel qu'il le voyait, Kouji ne doutait pas un seul instant que quiconque le piloterait aurait alors la capacité de pouvoir tuer un dieu... Et plus encore, un Ange. L'apparence de Sachiel soulignait son inhumanité, mais surtout sa cruauté, et même son visage impassible ne masquait pas son désir de tuer et de détruire. Mazinger Z, lui, évoquait des images de combat glorieux pour la justice et l'équité. Le regarder, c'était avoir l'assurance que quiconque serait assez fou pour oser menacer l'humanité serait impitoyablement anéanti par ses poings d'acier.

« Il est construit dans un alliage expérimental, baptisé Super Alliage Z, continua le docteur Yumi, et est alimenté par l'Hyperdrive, un générateur interne assez puissant pour lui permettre de fonctionner à plein régime de façon quasi-permanente. Tous les deux ont été conçus par ton grand-père. Tous les fonds de l'Institut ont été investis dans sa fabrication et dans sa maintenance. »

Kouji fit encore quelques pas, les yeux fixés sur Mazinger Z. Il avait décidément du mal à trouver ses mots, mais il se fit violence pour y arriver.

« - Mais... Mais c'est génial ! Je savais que grand-père était formidable, mais là... Ça dépasse tout ce que j'imaginais !
- Je te comprends, dit le docteur Yumi. Je dois avouer qu'une bonne partie des employés de l'Institut étaient plus qu'excités à l'idée de participer à ce projet. Un rêve d'enfance qui se réalisait, à mon avis.
- Et la NERV vous a aidé à le faire ? »

Le docteur Yumi cessa de sourire.

« Non. Ton grand-père... Nous a formellement interdit de nouer des contacts avec la NERV et d'évoquer Mazinger Z devant n'importe quel de leurs employés, alors même qu'officiellement nous sommes un de leurs sous-traitants. Il se méfiait terriblement de ses dirigeants. »

Un nom jaillit dans l'esprit de Kouji. Et les circonstances dans lesquelles il avait pris connaissance de ce nom assombrit légèrement son enthousiasme.

« - Gendo Hikari...
- Ah. Je vois qu'il t'a prévenu aussi... Dit le docteur Yumi.
- Est-ce qu'il vous a dit pourquoi il se méfiait de lui ?
- Je l'ai interrogé plus d'une fois à ce sujet... Il n'avait rien de probant contre lui, juste des soupçons. Mais il m'a confessé qu'il avait la sensation qu'Hikari cachait quelque chose de très grave. Il doutait fortement que son but premier soit la survie de notre espèce. Et pour être franc, Kouji... Il m'a suffi de le rencontrer une seule fois pour avoir les mêmes sentiments à son égard.
- Vraiment ?
- Je cherche un terme suffisamment fort pour retranscrire à quel point c'est un salopard. Je n'en ais toujours pas trouvé. »

Kouji se retourna à nouveau vers Mazinger Z. Tout ça allait un peu vite. Il était passé de « la Terre est attaquée, nous devons la protéger ! » à « à mon avis, les Anges ne sont pas notre seul problème... ». Il fallait toujours que tout soit compliqué... Mais il avait une solution toute trouvée pour clarifier les choses : les obliger à devenir plus simple. Soit Hikari était de leur côté, soit il préparait un coup bas, et dans ce dernier cas, Kouji se sentait prêt à prendre des actions immédiates.

Mais il réfléchirait à tout cela plus tard. Ils avaient tous un problème plus urgent à régler en ce moment-même, un problème grand comme les gratte-ciels de la ville.

« - Comment il se pilote ? Dit Kouji en désignant Mazinger Z.
- Tu vois le creux dans son crâne ? Dit le docteur Yumi. C'est là que se place l'Hoverpilder.
- Le quoi ?
- L'Hoverpilder. Un aéronef qui sert de cerveau au robot. Le pilote du robot s'installe dans l'Hoverpilder, puis il le manœuvre pour qu'il s'insère dans le crâne de Mazinger Z. A partir de là, il peut commander les mouvements et les attaques de Mazinger Z. Les commandes essentielles sont proches de celles d'un avion, mais ton grand-père a également établi un système... Un peu spécial. Les pensées du pilote sont analysées par l'ordinateur de bord, puis traduites de manière à ce que Mazinger Z bouge de la manière la plus naturelle. Par exemple, si tu entres la commande pour lui permettre de marcher, il lira dans ton esprit comment faire et se déplacera comme tu le ferais.
- Et ça marche ?
- Nous avons testé le système sur un prototype avant de construire Mazinger Z. Ça marche parfaitement. Sayaka peut en témoigner. »

Kouji, perplexe, se tourna vers la jeune fille.

« - Je suis la pilote du prototype, dit-elle. C'est effectivement très instinctif.
- Je croyais que tu n'étais que la fille du directeur ?
- Oui, bon... N'empêche que je n'ai pas reçu un centime de l'Institut en tant que pilote d'essai, donc on ne peut pas vraiment dire que je suis une employée. »

Voilà qui est de mieux en mieux, pensa Kouji. Non seulement elle est mignonne, mais en plus elle pilote un robot. Elle commençait vraiment à lui plaire.

Il changea d'avis quand il se rappela comment elle conduisait. Si elle pilotait son robot de la même manière, il valait sans doute mieux être à l'autre bout de la Terre quand elle s'asseyait dans son poste de pilotage.

Le docteur Yumi, lui, se contenta de rouler des yeux à la dernière réflexion de sa fille.

« - Bon... Et qui le pilotera ?
- Toi. »

Kouji se retourna tellement vite vers le docteur Yumi que cela provoqua pratiquement un déplacement d'air équivalent au passage d'un TGV.

« - Hein ?!?
- Comme je te l'ai dit, cette machine lit dans tes pensées afin de pouvoir se déplacer... Mais c'est un mécanisme extrêmement délicat. Malgré ce que l'on pourrait penser, chaque individu pense de manière différente... Un phénomène proche de la voix, en quelque sorte. Dans les deux cas, tous les individus emploient les mêmes organes et accomplissent les mêmes gestes, mais il existe toujours des différences organiques d'un individu à l'autre qui affectent le son final de la voix ou ici, de la pensée. Et dans le cas de Mazinger Z, il n'accepte de ne répondre qu'aux ordres mentaux de son pilote, qu'il identifie par ses ondes cérébrales uniques. Et seules les tiennes peuvent être comprises par Mazinger Z ; un autre élément sur lequel ton grand-père a insisté. A ses yeux... Seul toi est digne de le piloter. Tu ne peux imaginer à quel point il te faisait confiance. »

Kouji ne répondit rien sur le coup... Mais si, il pouvait parfaitement l'imaginer. Les liens qui l'unissaient à son grand-père était extrêmement forts, bien plus solides que ceux qu'il avait noué avec son père. Kouji avait toujours aimé son grand-père, et Juuzo, de son côté, avait toujours témoigner une affection profonde et sincère pour ses petits-enfants. Kouji avait toujours été un enfant turbulent et peu respectueux. Il avait souvent été le cauchemar de ses professeurs et de toute personne qui avait essayé de lui imposer leurs règles... Mais il y a quatre personnes que jamais, JAMAIS il n'aurait osé rudoyer : Shiro, le professeur Nagai, sa femme... Et son grand-père.

Il sourit, essayant de masquer son émotion.

« Tu as toujours voulu que je donne le meilleur de moi-même, pas vrai, grand-père ? » murmura-t-il.

Le docteur Yumi ne l'avait pas entendu, mais il se doutait de ce que pensait Kouji.

« J'ai une dernière chose à te dire, Kouji... Nous avons réglé Mazinger Z sur tes ondes cérébrales, alors même que nous ignorions si tu accepterais ou non cette responsabilité, parce que ton grand-père nous a affirmé que tu le ferais... Et je l'ai toujours cru. Mais rien ne s'est déroulé comme prévu. Sachiel a commencé son attaque bien plus tôt que ce que nous avions prédit ; la plupart des armes de Mazinger Z ne sont pas encore opérationnelles, et alors que nous espérions te former un minimum à son pilotage, tu n'auras pas même droit à cela si tu pars maintenant. Alors, si tu estimes ne pas être prêt, ou tout simplement ne pas vouloir risquer ta vie... Personne ne te le reprochera. La décision t'appartient. »

Pendant quelques longues secondes le silence s'établit dans le hangar. Kouji fixait Mazinger Z, tournant le dos aux autres personnes. Il était cette fois-ci impossible de savoir ce que le jeune homme pensait, et ce qu'il considérait. Shiro n'avait pas tout suivi, mais il comprenait qu'on demandait à son frère de se battre contre le monstre qu'ils avaient vu, et il attendait de voir ce que son frère déciderait. Sayaka était tendue, tout comme les scientifiques qui les avaient accompagnés. Seul le docteur Yumi semblait rester impassible, mais ce n'était qu'une façade.

Enfin, Kouji se retourna.

Et tous surent immédiatement ce qu'il avait décidé.

« Vous savez, si vous demandez à Shiro, je crois qu'il pourra vous affirmer que j'ai toujours cherché à le protéger. Il y a quelques mois, une bande de racailles le rackettait à la sortie de l'école. Il a essayé de me le cacher, mais j'avais bien remarqué que quelque chose n'allait pas, et il a fini par me dire ce qui se passait. Alors, le lendemain, j'ai séché les cours pour aller à son école à l'heure de sortie des classes. J'ai trouvé ces enflures, et je les ais tabassé pour bien leur faire comprendre que si ils continuaient à faire cela à mon frère, mais également à n'importe quel gamin de son école, je reviendrais spécialement pour eux. Ils ont compris le message. Bien sûr, j'ai eu des ennuis, après... Je me suis fait collé une fois de plus, et le professeur Nagai m'a passé un sacré savon. Mais vous savez quoi ? Je m'en moque. J'ai fait ce qu'il fallait faire pour protéger mon petit frère et les autres gamins, et je ne vois pas pourquoi j'aurais honte. Si je ne l'avais pas fait, je n'aurais pas pu me regarder dans une glace pendant le reste de ma vie.
« Et aujourd'hui... Aujourd'hui, une créature gigantesque veut détruire l'humanité toute entière. Et elle n'est que la première à le faire, d'autres suivront. J'ai la possibilité de faire comprendre à ces saletés qu'elles ont commis une énorme erreur en s'attaquant à nous, grâce à la confiance que m'accordait mon grand-père... Et vous croyez vraiment que je pourrais dire non et laisser des innocents se faire massacrer alors que je peux l'empêcher ?! Laissez moi vous dire une chose... »

Kouji se retourna à nouveau... Et pointa du doigt Mazinger Z. A cet instant, la détermination qu'il affichait, son désir d'en découdre avec l'Ange et la foi qu'il avait dans sa mission était suffisamment forts pour galvaniser l'esprit de tout ceux qui l'entouraient. Si ils avaient auparavant des doutes sur leurs chances de réussite... Alors, ceux-ci se dissipèrent immédiatement. Toute la puissance des Anges ne pouvait prétendre s'opposer à la détermination inébranlable d'un jeune garçon de 17 ans nommé Kouji Kabuto.

Le cri qu'il poussa résonna dans le hangar comme un coup de tonnerre.

« JE PILOTERAIS MAZINGER Z !!! »

Pendant un court, très court instant, les yeux du robot semblèrent luire.




Je posterais bien les autres chapitres à l'instant, mais là je dois partir (obligations du 14 juillet) et cette *BIIIIIIIP* de limites de caractère pour les postes m'a fait perdre trop de temps. Le reste dans la journée (pour ceux que ça intéresse...).

Chapitre 2 (1ère partie)

Lorsqu'il vit l'Hoverpilder, Kouji se demanda comment il pourrait le manœuvrer sans s'écraser au passage. L'appareil était assez massif, un peu plus gros qu'un hélicoptère, mais avec une forme semi-sphérique assez étrange. Le cockpit, ne pouvant accueillir qu'une seule personne, était plutôt étroit par rapport à la taille globale de la machine, mais le docteur Yumi lui expliqua que cela venait du fait que l'Hoverpilder contenait l'ensemble des dispositifs d'analyse et de retranscription des pensées du pilote, qui exigeaient une place très importante. Le tout se complétait par un aileron à l'arrière et par un réacteur, et par deux ailes sur lesquelles se greffaient les pales. D'après ce qu'avait expliqué le docteur Yumi, l'Hoverpilder décollait verticalement grâce aux pales mais également grâce à de petits réacteurs placés sous l'appareil. L'autonomie de l'Hoverpilder n'était pas extraordinaire, de même que sa vitesse de pointe, mais après tout, seul comptait le fait que la machine puisse se loger au plus vite dans le crâne du robot.

Le docteur Yumi rassura très vite Kouji sur le pilotage de l'Hoverpilder : non seulement celui-ci était assisté par ordinateur de manière à ce que les erreurs les plus graves de pilotage soient évitées, mais également à ce que l'insertion de l'appareil dans le crâne de Mazinger Z soit effectuée de manière quasi-automatique. Toutefois, lorsqu'il tendit à Kouji son casque de pilotage (lequel, étrangement, avait presque la même forme que l'Institut lui-même, mais était complété d'une visière), il insista sur la nécessité pour Kouji de ne jamais l'enlever. Le casque, en effet, non seulement le protégeait, mais était également équipé de capteurs qui constituaient le relais entre lui et les ordinateurs chargés de lire ses pensées. Sans lui, il serait impossible de piloter Mazinger Z.

Faire décoller l'Hoverpilder se révéla finalement beaucoup plus facile qu'il ne s'y attendait. Apparemment, l'appareil reposait également en partie sur ses pensées pour fonctionner... En l'espace de quelques instants, Kouji survolait l'Institut. Le docteur Yumi lui donna alors l'ordre, par le biais de l'écran de communication placé dans le poste de pilotage, de rester en vol stationnaire à proximité du bassin qui faisait face à l'Institut.

« - Et maintenant, je fais quoi ? Demanda Kouji.
- Attends un peu, nous allons faire sortir Mazinger Z en surface... »

Kouji entendit alors un grand bruit de cascade ; étonné, il essaya de déterminer ce qui pouvait bien le causer. Il vit alors que le bassin éteint de se vider de son eau... Parce que le fond de celui-ci était en train de se rétracter. Et tout à coup, Mazinger Z surgit du fond du bassin, soulevé par de puissants élévateurs hydrauliques. En l'espace d'une minute, le robot était arrivé en surface.

Kouji, pour sa part, n'arriva qu'à dire « wow ».

« - Bien... Maintenant, il faut que l'Hoverpilder soit inséré dans la cavité cérébrale de Mazinger Z. Ne t'en fais pas, Kouji, pour une large part, la procédure est automatisé. Tu vois le gros bouton rouge avec « insertion / éjection » inscrit dessus, sur ta droite ?
- Euh, oui, je le vois...
- Parfait ! Presse-le, et ensuite contente toi de vérifier que la procédure se déroule sans accrocs. »

Kouji s'exécuta. Aussitôt, l'Hoverpilder se déplaça de lui-même au-dessus de la tête de Mazinger Z, s'alignant parfaitement avec celle-ci. L'appareil commença alors à descendre, alors que ses ailes se repliaient afin de permettre à l'ensemble de tenir dans la boîte crânienne du robot. Des réacteurs auxiliaires s'enclenchèrent sous l'Hoverpilder afin de ralentir la descente de l'appareil ; enfin, au bout de quelques secondes à peine, l'Hoverpilder était inséré dans la tête de Mazinger Z. Durant cette manœuvre, Kouji n'avait rien fait de plus que tenir les manettes et se préparer en cas de problème.

Lorsque la manœuvre d'insertion fut achevée, Kouji entendit les connections physiques s'établir entre l'appareil et le reste du robot. Un bourdonnement électronique retentit alors, indiquant que Mazinger Z était enfin activé. Kouji ne pouvait pas le voir, mais les yeux de la machine s'étaient allumés d'un éclat jaune, soulignant la mise sous tension du robot. Mazinger Z était prêt au combat... Pas son pilote, cependant.

« - Kouji, tu te souviens des commandes que je t'ai indiqué pour faire bouger Mazinger Z ?
- Ouais, je me souviens... Les manettes de l'Hoverpilder commandent maintenant les bras, c'est ça ?
- Exactement. Souviens-toi, tu donnes les ordres basiques, et ton ordinateur de bord examine ton esprit pour que Mazinger Z bouge comme tu le ferais. Commence par faire bouger le haut du corps, nous verrons comment marcher ensuite. »

Kouji activa un levier à portée de sa main gauche... Et aussitôt, le bras gauche du robot se plaça à l'horizontale. Kouji fit de même avec le bras droit, avant d'essayer d'effectuer des mouvements plus difficiles. Il fit faire des cercles au robot, lui fit plier les coudes, remuer les doigts, plier le poignet... Puis, il combina l'ensemble de ces mouvements comme le ferait un athlète s'échauffant avant une compétition. Kouji étais légèrement surpris de la facilité avec laquelle Mazinger Z répondait à ses ordres.

« - Sacré boulot, docteur ! J'ai l'impression que je pourrais faire de l'origami avec ce truc !
- Nous n'avons pas de feuilles de papier assez grandes pour ça, malheureusement, répliqua le docteur Yumi sur un ton sarcastique. Bon, tu te débrouille très bien pour le moment. Essaie de marcher maintenant. Toute la place a été vidée pour que tu puisses t'entraîner. Tu te souviens comment faire ?
- Les pédales à mes pieds ?
- Voilà. »

Kouji pressa la pédale de droite qui indiquait l'ordre « marcher ». Mazinger Z fit un pas en avant ; le sol trembla sous le pied du robot, mais tint bon. Quand à la machine elle-même, elle avait conservée son équilibre de manière satisfaisante. Kouji fit faire un deuxième pas au robot ; tout semblait fonctionner pour le mieux. Il fit encore quelques pas avant d'essayer de marcher à reculons. Cette fois-ci, le robot sembla hésiter légèrement, mais il réussit tout de même à effectuer la manœuvre.

Il était temps de passer à des choses plus sérieuses. Kouji fit tourner Mazinger Z sur lui-même pour qu'il fasse face à la longue piste plane en face de l'Institut, là où se trouvait auparavant le bassin... Puis il pressa les deux pédales, engendrant la commande « courir ». Mazinger Z se jeta en avant, s'équilibrant dans sa course en remuant ses bras comme le ferait n'importe quel humanoïde... Ou, en l'occurrence, Kouji lui-même. Il fit faire quelques enjambées au robot, avant de lui ordonner de s'arrêter. Mazinger Z réussit à freiner péniblement, mais le robot commençait à vaciller dangereusement. Kouji, Sayaka, Shiro, le docteur Yumi et tous les autres témoins de la scène retinrent leur souffle, se préparant au pire... Mais Mazinger Z se mit à agiter des bras et à se tortiller pour rétablir son équilibre ; au final, la crise fut évité et le robot se tenait à nouveau droit, les bras pliés à l'horizontale.

Dans le cockpit de l'Hoverpilder, Kouji souffla de soulagement.

« - Il vaudrait mieux que tu évites de nous faire de nouvelles frayeurs dans ce genre, Kouji...
- Sans blague ? Non, je crois avoir compris le truc. Faut juste que j'évite de freiner trop brusquement pour le moment. Bon, alors, comment j'attaque ?
- Les gâchettes sur tes manettes commandent toutes les formes d'attaques physiques. Tu les presses, et l'ordinateur...
- … Analyse ce que je veux faire exactement. Parfait.
- Tu as tout compris. Une dernière chose avant que tu n'y ailles : comme je te l'ai dit, Sachiel nous as pris de court. Mazinger Z est opérationnel, mais pas la majorité de ses armes. Tu ne pourras employer que les Rocket Punch.
- Rocket punch ? C'est... »

L'avant-bras droit de Mazinger Z s'éjecta brutalement de reste de la machine, propulsé comme un boulet de canon par une série de réacteurs placés au niveau du coude. Volant sur quelques centaines de mètres, le poing métallique défonça une énorme parabole au sommet de l'Institut, avant de tourner en cercle et de revenir vers Mazinger Z. Au dernier moment, le poing pivota sur lui-même, afin que l'avant-bras puisse se réattacher de manière satisfaisante.

Il fallut quelques secondes à Kouji pour se ressaisir.

« MAIS C'EST GENIAL CE TRUC !!! »

Il fallut encore d'autres secondes avant qu'il ne réalise les dégâts qu'il venait de causer.

« Oups... »

Sur l'écran du communicateur, le docteur Yumi soupira et se frotta les yeux.

« - Bon, ce n'est pas grave... J'aurais dû te prévenir que les armes de Mazinger Z sont activées lorsque tu prononces leur nom...
- Désolé pour ça...
- N'hurle pas le nom de tes attaques quand tu n'es pas en situation de combat, et nous resterons bons amis, d'accord ? »

Kouji sourit et hocha la tête. Il porta ensuite son regard vers l'extérieur.

« - De quel côté se trouve Tokyo 3 ?
- La ville est au-delà des collines en face de toi.
- Très bien.
- Kouji... C'est ta dernière chance de reculer... Veux-tu toujours affronter cette créature ?
- Et comment ! Je vais lui faire regretter d'être venu sur Terre ! »

Ce fut au tour du docteur Yumi de sourire. A ses côtés, Sayaka se sentait plus nerveuse que ce qu'elle voulait bien montrer.

« - Très bien. En ce cas, nous resterons en contact en permanence. La NERV a déjà déployé son unité Evangelion, tu pourras compter sur un allié au cours de ce combat. N'oublie pas que lui aussi est là pour abattre l'Ange.
- Je sais. Si il a des ennuis, je l'aiderais, vous inquiétez pas.
- Kouji ! »

Le jeune homme regarda à nouveau le communicateur. Shiro était trop petit pour apparaître à l'écran, aussi le docteur Yumi le souleva et le tint pour que son grand-frère puisse bien le voir.

« - Mets une grosse raclée à ce monstre pour moi !
- J'y manquerais pas, Shiro, lui répondit son frère en souriant. Oh non, j'y manquerais pas.
- Kouji... Dit Sayaka, qui apparut à côté de son père et de Shiro à l'écran. Nous comptons tous sur toi. Bonne chance. »

Kouji répondit par un sourire de requin.

« C'est plutôt cette saloperie qui va avoir besoin de chance ! »

Mazinger Z s'ébranla, et se mit à courir pour franchir au plus vite les collines qui le séparaient de son adversaire.


Maintenant.

Dire que tout le personnel de la NERV était surpris par l'arrivée de Kouji et de Mazinger Z serait grandement atténué le sentiment général. Alors que Shinji commençait à peine sa sortie contre Sachiel, ils avaient captés un étrange signal sur leur radar qui semblait indiquer que quelque chose se dirigeait vers Tokyo 3, mais ils étaient loin d'imaginer qu'il s'agirait d'un deuxième robot géant, surtout alors que celui-ci n'avait rien à voir avec la NERV. Et sa flamboyante entrée en scène avait suffi à clouer sur place la plupart d'entre eux, en premier lieu Misato.

« - Qu'est-ce que c'est que cette chose ?! Demanda l'officier. Ritsuko, est-ce que c'est un agent à nous ?
- Je n'en ais aucune idée, répondit la scientifique, aussi surprise que son amie. Cela fait plusieurs années que je conduis les projets ici, mais c'est la première fois que je vois une chose pareille !
- Alors quoi ? Dit Misato en se tournant pour regarder son supérieur, qui se tenait au dessus de tous. Un projet auquel vous n'avez pas estimé nécessaire de nous tenir au courant ? »

Gendo jeta un regard à la jeune femme qui en disait beaucoup plus sur son déplaisir que n'importe quelle parole. Toutes les personnes qui étaient présentes savaient qu'oser parler de la sorte au directeur de la NERV pouvait suffire à vous exposer à des ennuis qui vous feraient regretter de ne pas être directement confrontés à l'Ange. Et dans les faits, Hikari aurait très certainement pris immédiatement des mesures à l'encontre de Misato... Si ce n'était que l'affront que venait de lui faire la jeune femme n'était rien comparé à celui que ce robot et son pilote venaient de lui faire en venant à la rescousse de l'Evangelion.

Il ignorait encore qui avait fait cela, mais ils venaient de se faire un ennemi mortel.

« - La NERV n'a absolument rien à voir avec ce perturbateur, dit Gendo de cette voix glaciale qui lui était si caractéristique. Et il va falloir régler ce problème au plus vite.
- Commandant Hikari, répliqua Ritsuko, je suis aussi surprise que n'importe qui ici, mais il semblerait tout de même que cette personne, aussi inattendue soit-elle, essaie de nous aider. Le pilote de l'Eva-01 est pour le moment désorienté et n'arrive pas à garder le contrôle, ne faudrait-il...
- Essayez de contacter le pilote de cette chose, et ordonnez lui immédiatement de quitter les lieux, la coupa Gendo. Cette opération est sous le commandement de la NERV, et il risque d'aggraver la situation plus qu'autre chose.
- Comment ?!? S'exclama Misato. Mais...
- Ceci est un ordre. »

Misato considéra un instant protester vivement, mais elle dût admettre qu'il valait mieux s'y résoudre. Après tout, pour insensible que soit Gendo, il avait en effet raison sur un point : ce robot n'avait rien à faire là. Mais si il pouvait aider Shinji, elle n'allait sans doute pas non plus faire preuve d'un zèle extraordinaire.

« Bon, très bien... Faites ce qu'il dit, ordonna-t-elle aux personnels chargés d'établir les liaisons radio. Et tant que vous y êtes, rétablissez moi le contact avec l'Eva ! Je veux un diagnostic complet de son état de santé et de celui de son pilote dans les 10 secondes ! »

Gendo ne dit rien de plus, se contentant de fixer des yeux l'écran de contrôle gigantesque qui relayait les images du combat. Mais intérieurement, il fulminait. Il avait placé des espions partout ; rien ne pouvait se produire dans Tokyo 3, ni même jusqu'à un certain degré dans le monde, sans qu'il ne le sache, et pourtant, il n'avait pas vu venir une boîte de conserve de plusieurs dizaines de mètres de haut qui semblait vouloir humilier son projet. Quelle personne pouvait bien avoir créé ce... Truc ? Qui pouvait bien en avoir les moyens, et surtout les compétences intellectuelles et techniques ?

La réponse surgit brutalement dans son esprit.

Juuzo Kabuto.

Même mort, le vieillard le narguait.

Les mâchoires de Gendo se crispèrent de rage ; le seul signe extérieur de colère qu'il n'arrivait pas à masquer.

Chapitre 2 (2ème partie)

Kouji se remit en position et activa les commandes permettant à Mazinger Z de courir. C'était loin d'être une course très esthétique, mais elle faisait trembler le sol à chaque pas qu'effectuait le robot. Il était difficile à un objet lancé à cette vitesse de sembler plus implacable et destructeur. Kouji pouvait voir Sachiel commencer à se relever, au loin.

Un écran s'alluma sur un côté du cockpit, révélant le visage du docteur Yumi.

« - Kouji, fais attention. Tu as l'avantage de la surprise pour le moment, mais Sachiel est un adversaire redoutable, et nous ignorons de quoi il est capable. Il faut absolument que tu évites de lui faciliter la tâche en lui offrant une chance de répliquer.
- Oh, rassurez vous docteur, je ne vais certainement pas m'arrêter là ! »

Mazinger Z se rapprochait de plus en plus de son adversaire, qui essayait de se dépêtrer des débris qu'avaient causés sa chute. Et alors qu'il était pratiquement arrivé sur la créature, Kouji commanda à Mazinger Z de préparer un coup de poing, en ramenant son poing droit vers l'arrière tout en continuant à courir comme le ferait le jeune homme. Sachiel avait enfin réussi à se redresser... Pour aussitôt se prendre le poing de Mazinger Z en plein visage. Emporté par l'adrénaline, Kouji poussa un hurlement primal alors que le poing métallique s'écrasa sur la bête et la fit tituber vers l'arrière. Kouji enchaîna immédiatement par un deuxième coup de poing, un crochet qui fit vaciller Sachiel sur le côté, avant de poursuivre par un direct du droit dans le ventre de l'Ange qui fit plier ce dernier.

Kouji exultait. Ce n'était pas à proprement parler lui qui donnait les coups, et pourtant... Pourtant, il était gagné par une telle sensation de puissance qu'il lui semblait pouvoir sentir les os de la bête se briser sous ses poings. Il éclata de rire. Rien ne pouvait l'arrêter aux commandes de Mazinger Z, surtout pas cette créature stupide et arrogante. Il l'abattrait en moins d'un instant.

Il relâcha son attention une seconde de trop.

Sachiel plaqua sa main contre le ventre de Mazinger Z... Et une lance osseuse jaillit brutalement de la paume de l'Ange.

L'alliage qui constituait le robot tint bon, mais ce fut au tour de Kouji d'être projeté en arrière sous la violence du choc. Stupéfait, le jeune homme ne réagit pas immédiatement, ce qui permit à Sachiel de frapper une nouvelle fois la machine, cette fois-ci au niveau de l'épaule. Mazinger Z tomba sur son flanc, écrasant tout un pâté de maison. Dans le poste de pilotage, Kouji fut violemment secoué, ce qui n'améliora pas sa capacité à reprendre au plus vite les contrôles.

« - Kouji ! Relève toi, vite ! Hurla le docteur Yumi.
- Je fais de mon mieux, mais ce truc... »

Mazinger Z fut à ce moment-là secoué. Kouji essaya de redresser le robot, mais les commandes ne répondit pas. Tout ce qu'il voyait, c'était le ciel de Tokyo 3. Il lui fallut un moment pour réaliser que Sachiel l'avait soulevé de terre et le tenait à bout de bras. Il lui fallut beaucoup moins de temps pour comprendre quelle serait la suite et pour se préparer au choc.

Sachiel le lança de toutes ses forces. Le robot « vola » sur plusieurs centaines de mètres avant de s'écraser au sol, causant encore plus de dégâts à la ville qu'auparavant.

Au centre de contrôle de la NERV, Gendo Hikari réprima difficilement un sourire.


Shinji pouvait voir Sachiel soulever Mazinger Z avec une facilité déconcertante, mais il n'arrivait pas à obliger l'Eva à se relever.

Après tout, étais-ce vraiment une bonne idée ?

Il avait essayé de piloter cette chose, et il avait échoué lamentablement, dès le deuxième pas. Il n'était pas fait pour ça. Jamais il n'aurait dû venir à Tokyo 3, il le savait maintenant, et jamais qui que ce soit n'aurait dû lui faire croire qu'il pouvait réussir. Il n'était qu'un simple gamin de 14 ans, bon sang ! Comment qui que ce soit pouvait croire qu'il pouvait accomplir de grandes choses ? Il avait déjà du mal à choisir ce qu'il mangerait dans un restaurant, et on attendait de lui qu'il soit un héros ?!

« Shinji ? Dit Misato dans son communicateur. Shinji, est-ce que tout va bien ? »

Le jeune garçon voulait hurler que non, rien n'allait bien, et qu'il voulait s'enfuir. Il ne pouvait rien faire de bien dans cet Eva, et tout ce qu'il arrivait à faire, c'était de se faire sauver par...

Shinji se figea.

Qui que ce soit qui pilotait ce robot, là-bas, il était venu à sa rescousse. Et maintenant, il était en train de se faire malmener. Si Shinji ne faisait rien, celui qui l'avait sauvé allait se faire tuer. Allait-il réellement rester là, à se lamenter sur son sort, alors que cet homme avait besoin de lui ?

Mais que pouvait-il faire ? Il ignorait comment faire fonctionner correctement l'Eva, et Sachiel ne ferait qu'une bouchée de lui. Comment pourrait-il faire la différence ?

En agissant. Il avait plus de chances de s'en sortir et de sauver l'autre pilote si il agissait plutôt qu'en rester prostré dans son coin à attendre que l'Ange vienne l'achever une fois qu'il en aura fini avec l'autre pilote.

Oui, mais...

Sachiel lança Mazinger Z.

Shinji put voir le robot voler, remuant comme une marionnette désarticulée, avant de retomber sur le sol avec une violence inouïe. Le robot ne semblait pas pouvoir se relever. Il était impossible que le pilote n'ait pas souffert au cours de la chute, peut-être même s'était-il rompu le cou à cause du choc... Et pendant tout ce temps, Shinji était resté immobile, à le regarder se faire tuer. Sachiel se mit à marcher vers sa victime, très certainement pour donner le coup de grâce.

Quelque chose se brisa en Shinji.

« Shinji, réponds ! Est-ce que ça va ? Shinji ! »

Le garçon ne pouvait entendre Misato. Une seule pensée se formait dans son esprit, qu'il essayait de rendre la plus forte possible.

Lève toi ! Lève toi, saleté !

Shinji sentit l'esprit de l'Eva protester. Cette chose avait accepté de l'accueillir et de l'écouter, mais elle ne pourrait tolérer qu'on lui parle de la sorte.

Ne discute pas, et obéis moi ! Tu vas te relever, et affronter ce monstre !

L'Eva était toujours réticente, mais le ton impératif du jeune garçon semblait la perturber. Elle répliqua par quelque chose que le cerveau de Shinji traduisit par un grognement de protestation.

LEVE TOI !!!

L'Eva, au lieu de rester prostré, à genou, posa un pied sur le sol et commença à se redresser lentement. Quelques secondes plus tard, la machine était à nouveau debout.

Un soupir de soulagement parcourra le centre de contrôles de la NERV, mais seule Ritsuko frissonna. Elle sentit que quelque chose de très important venait de se produire qui allait bien au-delà de la simple récupération de l'Eva, mais elle n'arrivait pas à déterminer quoi.

L'Eva ne resta pas immobile bien longtemps. La machine fit un pas... Puis un autre... Puis un autre, plus grand... Lors du pas suivant, elle accéléra... De plus en plus vite... Et alors, les cris d'encouragement des employés de la NERV firent la place à un silence admiratif.

L'Eva courait vers Sachiel.

Normalement, Misato aurait félicité Shinji et aurait essayé de lui donner des conseils sur le combat à venir, mais elle se tint silencieuse. Elle pouvait entendre tout ce qui se passait dans l'Entry Plug de l'Eva, et le son qui retentit cloua tout le monde sur place.

Shinji hurlait. Pas de peur ou de surprise... Mais de rage.

Et lorsque Sachiel remarqua enfin que quelque chose n'allait pas, il n'arriva pas à esquiver l'assaut de son adversaire. Shinji et l'Eva le taclèrent et le jetèrent sur le sol dans un même mouvement.

Sous les ordres mentaux de Shinji, l'Eva se plaça à califourchon sur l'Ange, essayant de le maintenir sous son poids au sol, puis commença à le frapper violemment de ses poings. La machine alternait entre son poing gauche et son poing droit, essayant à chaque impact de briser les os de son adversaire, ne lui laissant aucune chance de se rétablir.

Pendant un instant, Ritsuko crut que l'Eva était devenu incontrôlable et avait pris le pas sur son pilote, mais ses subalternes lui confirmèrent immédiatement que ce qui se passait était entièrement du fait de Shinji.

Le jeune garçon continuait à hurler.


« Kouji ! Réponds ! Je t'en supplie, réponds ! »

Kouji se redressa avec difficulté, grognant de douleur. Dieu merci, le harnais qui le maintenait à son siège l'avait empêché de passer à travers le pare-brises du cockpit, mais il avait tout de même senti passer le choc. Il pouvait voir le visage du docteur Yumi dans le transmetteur vidéo, ce qui étrangement le rassura quelque peu.

« - Ça va, docteur... Un peu secoué, mais je m'en remettrais...
- Bon sang, Kouji, tu nous as fait une peur bleue ! Il faut que tu remette debout, et vite ! Je ne sais pas si l'Eva pourra tenir longtemps face à Sachiel !
- De quoi vous... »

Kouji vit alors de quoi le docteur voulait parler, alors qu'il faisait se redresser Mazinger Z. A proximité, il voyait l'Eva-01 s'acharner contre l'Ange, telle une bête enragée, sans que la créature ne semble pouvoir se défendre. Ce qui représentait un tel décalage avec l'état dans lequel il avait trouvé l'Eva qu'il se demanda si il s'agissait bien de la même machine.

Mais brutalement, Sachiel se décida enfin à répliquer. L'Ange réussit à attraper le bras droit de l'Eva, et profita de la confusion qui s'ensuivit pour le frapper au niveau de l'aisselle avec la lance osseuse cachée dans son autre bras. Déstabilisé, L'Eva bascula légèrement vers l'arrière, suffisamment pour permettre à la créature de sortir de son emprise et de le repousser avec ses jambes. Alors que l'Eva tombait lourdement sur le sol, Sachiel s'écarta au plus vite afin de pouvoir se relever.

Kouji ordonna immédiatement à Mazinger Z de faire de même et, avant que Sachiel n'ait pas faire quoi que ce soit, le robot fit passer ses bras sur les flancs de la créature avant d'attraper ses épaules, ce qui bloqua complètement Sachiel. L'Ange se débattit pour sortir de l'étreinte du robot, mais pour le moment, Kouji tenait bon.

Il ne pouvait pas communiquer avec le pilote de l'Eva par le biais de la robot, aussi déclencha-t-il les hauts-parleurs de la machine en espérant qu'il puisse l'entendre.

« Qu'est-ce que tu attends ?! Vas-y ! »


Shinji entendit très clairement le cri de Kouji... Et il était plus que décidé à l'appliquer. En un instant, l'Eva-01 se remit sur ses pieds, et commença à frapper à nouveau la bête de ses poings gigantesques. Shinji s'acharna sur l'Ange avec une violence incroyable, au point qu'il brisa le visage de la créature en de multiples points. Un liquide rouge commençait à couler des nombreuses plaies qui s'étaient multipliées sur le visage de la bête ; qu'un Ange puisse saigner aurait très certainement étonné plusieurs personnels scientifiques de la NERV, mais cela ne faisait que renforcer la détermination de Shinji.

Si ça saigne, on peut le tuer.

Maintenu par Mazinger Z, Sachiel semblait ne rien pouvoir faire pour échapper au calvaire qu'il endurait.

Semblait.

De nombreux ordinateurs, au siège de la NERV, étaient reliés à des capteurs chargés de relever constamment les fluctuations des AT-Fields générés par l'Eva et par Sachiel. Un autre élément qui permettait de savoir comment s'en tirait le pilote, mais surtout de se préparer à une attaque de l'Ange.

L'un de ces ordinateurs releva une hausse brutale de la concentration d'énergie de Sachiel.

Au même moment, le poing de l'Eva s'écrasa à quelques mètres du visage de Sachiel contre un champ de force invisible. Ne s'attendant pas à une telle résistance, Shinji fut temporairement décontenancé.

« - Que... ? Il a dressé son AT-Field et s'en sert comme d'un bouclier ! Cria Ritsuko.
- Il peut faire ça ?! S'écria Misato.
- On tâtonne encore au sujet de la limite de ce qui peut être accompli avec un... »

Les yeux de Sachiel luisirent brièvement.

« - Hausse massive de l'AT-Field de l'Ange ! Hurla l'un des scientifiques de la NERV. Concentration d'énergie relevée !
- Shinji ! Cria Misato. Dégage de là avant que... »

De l'énergie pure jaillit des yeux de Sachiel.

Le rayon frappa l'Eva en plein torse, le repoussant sur des centaines de mètres avant qu'un immeuble encore intact ne le stoppe dans sa course. Une explosion terrifiante se produisit au même moment, qui sembla se propager le long des avenues autour de l'immeuble sur de longues distances, les remontant jusqu'à être interceptée par d'autres immeubles. Vu du ciel, le tout avait formé une croix gigantesque d'énergie, qui s'évapora en quelques secondes.

Lorsque la fumée se dissipa à son tour, l'Eva-01 était encastré dans l'immeuble qui l'avait arrêté et restait immobile, à peine soutenu par la structure fragilisée.

Paniquée, Misato appelait Shinji sur l'intercom.

Le jeune pilote ne répondit à aucuns de ses cris.

Chapitre 2 (3ème partie)

Kouji, malgré sa position, avait tout vu. Et il avait du mal à en croire ses yeux. Il avait été très loin de se douter que cette chose avait une telle puissance à sa disposition, ce qui le plongea dans un état de stupeur intense.

Exactement ce que Sachiel avait besoin.

Profitant de ce que l'étreinte de Mazinger Z s'était affaiblie, l'Ange réussit à remuer suffisamment pour donner un coup de coude au robot qui l'obligea à lâcher prise. Sachiel en profita immédiatement pour se mettre face à la machine, et tenta de la frapper une nouvelle fois avec une des lances osseuses de ses bras.

Mais cette fois-ci, il visa la tête.

Ce qui se produisit ensuite prit place pendant une minuscule fraction de seconde. Bien qu'initialement désorienté par le coup de coude de Sachiel, Kouji avait très vite repris ses esprits, juste à temps pour voir l'Ange tendre la main vers lui. Comprenant immédiatement ce qui allait se produire, Kouji tira frénétiquement sur les manettes de l'Hoverpilder tout en décrivant mentalement ce qu'il voulait faire avec une telle force que les analyseurs mentaux de la machine manquèrent de griller.

La lance jaillit de la main de Sachiel... Et fut interceptée en plein vol par les mains de Mazinger Z.

Le visage de Sachiel n'était pas suffisamment expressif pour pouvoir retranscrire la stupeur de la créature. Nombreuses étaient d'ailleurs les personnes à l'Institut de Recherche Photonique ou au centre de commandes de la NERV qui ne revenaient pas de l'exploit que venait d'accomplir Kouji. Même le docteur Yumi était trop soufflé pour dire quoi que ce soit.

Kouji, quand à lui, ne prit pas le temps de se calmer... Il ordonna à Mazinger Z de frapper la lance avec le tranchant de la main. L'arme se brisa avec un craquement sec et sonore qui glaça le sang de tous les témoins de la scène... Et visiblement de Sachiel également, puisqu'il recula immédiatement et dressa à nouveau son AT-Field dans une tentative désespérée de se protéger. Étant donné que Kouji avait enchaîné en lançant le morceau de lance osseuse contre son propriétaire originel, cela sembla dans un premier temps être une stratégie payante : l'arme rebondit contre le champ de force pour aller finalement s'écraser quelques centaines de mètres plus loin.

Seulement, Kouji ne voulait pas s'arrêter là.

Tous les témoins de la scène, qu'ils appartiennent à la NERV ou à l'Institut de Recherche Photonique, virent Mazinger Z porter son poing droit vers l'arrière, préparant un coup qui concentrerait toute la puissance du robot. Peu crurent que cela pourrait suffire à percer l'AT-Field de l'Ange...

Mais alors que Mazinger Z projeta son poing en avant, vers son adversaire, juste avant qu'il ne heurte le champ de force, Kouji hurla.

« ROCKET PUNCH !!! »

A la puissance initiale dégagée par le coup de poing, s'ajouta la soudaine explosion de vitesse provoquée par l'activation des réacteurs propulsant les avant-bras de la machine. Le cumul de ces deux phénomènes atteignait une amplitude jusque là inégalée par les différentes attaques que Kouji et Shinji avaient tentés contre l'Ange, bien au-delà des estimations qu'avaient put effectuer les deux organismes lorsque la conception de leurs machines respectives avaient débutés.

L'AT-Field de Sachiel vola en éclat.

Le poing mécanique de Mazinger Z avait été malgré tout ralenti par la violence du choc, si bien que l'impact qui s'ensuivit n'avait plus grand chose à voir avec le carnage qu'aurait engendré en temps normal l'attaque de Kouji... Mais pas au point de l'annuler. Emporté par ses propulseurs, le poing de Mazinger Z s'écrasa une nouvelle fois sur le visage de Sachiel. Un visage qui avait déjà subi de nombreux dommages par les attaques répétées de l'Eva et de Mazinger Z. Il était donc assez prévisible que celui-ci ne soit définitivement brisé par ce nouveau choc.

Sachiel poussa un cri déchirant de douleur, tout en portant son dernier bras valide au magma d'os broyés et de sang qui formait autrefois son visage. Titubant, désorienté, la bête essayait tout de même de s'éloigner de son tourmenteur, qui venait de récupérer son bras droit après que celui-ci ait tourné un moment dans les airs avant de revenir se greffer au robot.

Quelque chose de massif apparut brutalement derrière Sachiel... Et aussitôt, l'Ange sembla être soulevé de terre. La pointe ensanglantée d'une lance dépassait maintenant de son torse. La créature cessa de pousser ses cris, l'agonie ayant atteint un tel stade qu'elle n'arrivait même plus à le faire.

Shinji, qui avait recouvré ses esprits, s'était emparé du morceau de lance osseuse que Kouji avait arraché à Sachiel, s'était glissé derrière la créature, et l'avait empalé avec.

Il se passa de longues, très longues secondes, pendant lesquelles toutes les personnes assistant à la scène retenaient son souffle. L'Eva-01 restait fermement planté sur ses deux jambes, tenant au bout de son arme la formidable masse de Sachiel, empêchant les pieds de la créature de toucher le sol. L'Ange, qui avait semé la terreur durant toutes les heures qui avaient précédées, était réduit à l'état de loque tremblante, sa respiration sonore réduite à un sifflement erratique. Kouji contemplait la scène avec un mélange de soulagement et de répulsion. Il était évident que la bête devait souffrir atrocement... Mais étant donné qu'elle avait essayé de les tuer tous les deux, il ne pouvait se résoudre à la plaindre.

Enfin, Shinji fit lâcher son arme à l'Eva. Aussitôt, Sachiel tomba sur ses genoux, prostrée. La bête n'essaya même pas de retirer la lance de son corps ; elle se contentait de se pencher vers l'avant, de plus en plus... Pendant un moment, Shinji, Kouji, le docteur Yumi, Sayaka, Shiro, Misato, Ritsuko, les personnels de la NERV et de l'Institut de Recherche Photonique et même Gendo Hikari pensèrent que la bataille était finie.

C'est alors que le corps de Sachiel se modifia. Son dos s'ouvrit d'une manière obscène, évoquant les pétales d'une fleur qui s'ouvraient en répandant du sang par camion-citernes entiers... Et le noyau de la bête émergea de la plaie béante. La lance l'avait transpercé de part en part, signant l'arrêt de mort de la créature, et un épais liquide rougeâtre s'échappait des orifices qu'avaient creusés la lance. Mais le noyau semblait pulser...

« Qu'est-ce que... » dit Shinji.

Une lumière semblait émaner de l'orbe, variant en intensité d'une manière qui évoquait la transcription lumineuse des battements d'un cœur. Bientôt, le « battement » sembla s'accélérer, et l'intensité de la lumière s'accroissait en parallèle avec sa fréquence.

Kouji fut le premier à comprendre ce qui allait se produire. Il obligea Mazinger Z à se retourner tout en ordonnant au robot d'essayer de protéger le poste de pilotage de l'Hoverpilder avec ses énormes mains.

« ET MER... »

Le noyau de Sachiel explosa.


L'explosion rasa tout ce qui restait du centre-ville qui n'avait pas été abattu par la bataille. La boule de feu engendrée par l'auto-destruction de l'Ange pouvait se voir à des kilomètres à la ronde ; les membres du personnel de l'Institut qui n'était pas dans la salle de contrôle n'avait qu'à regarder dehors pour la voir malgré les bois environnants.

A la NERV et à l'Institut, la panique n'avait pas encore éclatée. Le choc mental provoqué par le dernier acte de l'Ange avait cloué sur place tout le monde. La plupart contemplait les écrans de contrôle d'un œil hagard, incapable de faire le moindre acte pour essayer de contacter les pilotes. Ceux qui avaient conservés une once de rationalité ne pouvait croire que leurs efforts avaient été anéantis aussi près du but...

Et tout à coup, deux personnes, à plusieurs kilomètres l'une de l'autre, hurlèrent simultanément la même chose. L'une était Shiro Kabuto, l'autre était Misato Katsuragi.

« Regardez !!! »

Il fallut quelques secondes pour que l'on puisse voir ce qui avait suscité ce cri d'espoir. Tout ce que l'on voyait sur les écrans, c'était les flammes et la fumée engendrées par l'explosion...

Mais lorsque celles-ci se dissipèrent, tous purent voir deux gigantesques machines sortir des flammes et s'éloigner d'un pas pesant des foyers d'incendie.

La NERV et l'Institut vibrèrent des dizaines de cris de joie qui furent poussés simultanément.


Kouji enleva un court instant son casque afin de pouvoir éponger la sueur qui coulait de son front ; ses yeux se fermèrent sans qu'il ne puisse y faire quelque chose. Et bien, voilà une bonne chose de faite. Il ressentait à cet instant un mélange de fatigue et de satisfaction particulièrement suave qui lui donnait l'impression de flotter. Le goût de la victoire. Voilà certainement quelque chose qu'il appréciait plus qu'il n'aurait cru.

« - Félicitations, Kouji, dit le docteur Yumi dans son communicateur. C'était incroyable.
- C'était quelque chose, ouais, répondit le jeune homme. Grand-père a fait un super boulot avec Mazinger Z.
- Je suis sûr qu'il est fier de ce que tu as accompli aujourd'hui.
- Il est certainement fier de vous aussi, docteur. Si vous n'aviez pas tout fait pour l'aider dans son projet... »

Kouji se rappela soudainement de quelque chose d'autre. Il ouvrit ses yeux ; la première chose qu'il vit, depuis le cockpit, était la silhouette de l'Eva-01. Il se redressa alors sur son siège tout en réajustant son casque.

« - Excusez-moi un instant, docteur, il y a quelqu'un d'autre que j'aimerais remercier.
- Ah, dit simplement le docteur Yumi, ayant visiblement compris de quoi parlait Kouji. Très bien, mais souv... »

La liaison avec l'Institut fut brutalement coupée. Pendant quelques instants, tout ce que Kouji entendit furent des interférences, ce qui ne manqua pas de l'inquiéter fortement.

« Docteur ? Vous me recevez ? Docteur ? »

A cet instant, le communicateur recommença à fonctionner... Mais cette fois-ci le visage qui s'affichait n'était pas celui du docteur Yumi, mais celui d'une femme blonde dans la trentaine, apparemment habillée d'une blouse de laboratoire. Kouji remarqua immédiatement qu'elle était particulièrement attirante.

« - Ici le docteur Ritsuko Akagi, de la NERV, dit la jeune femme. Veuillez décliner votre identité et expliquer ce que vous faites ici.
- Kouji Kabuto, pilote de Mazinger Z, se contenta de répondre le jeune garçon. Et je crois que ce que je fais est assez clair...
- Vous êtes conscients que vous avez interféré dans une opération sous le commandement exclusif de la NERV ? Qui vous a donné l'ordre d'intervenir ? Qui vous a fourni cette machine ?
- C'est comme ça qu'on accueille quelqu'un qui vous a aidé ? Dit Kouji, commençant à s'exaspérer de la situation.
- Votre aide était bienvenue, je l'admets, mais vous n'aviez malgré tout aucune autorisation pour venir sur un champ de bataille en possession d'une telle machine de guerre, aussi...
- Bon, écoutez, je viens de me battre contre un monstre géant qui a failli me faire la peau, aussi vos préoccupations administratives, là... Et bien permettez moi de vous dire que je m'en cogne ! »

Le ton que venait d'employer Kouji avait suffi pour déstabiliser momentanément Ritsuko. Néanmoins, la jeune femme était loin de se laisser désarçonné par l'apparente confiance du garçon, et il était de plus nécessaire que certaines questions soient résolues.

« - Je comprends tout à fait, mais veuillez tout de même admettre que vous mettez beaucoup de personne dans l'embarras. La mission de la NERV est de protéger la population contre ces créatures, et elle a reçu toutes les autorisations officielles des Nations Unies dans ce but. Voir arriver ce genre de renforts que personne ne connaît soulève forcément de nombreuses questions, monsieur Kabuto, et après votre coup d'éclat, vous et vos commanditaires devront répondre de vos actes.
- Ah, d'accord. On apprécie peu de voir son monopole être attaqué, pas vrai ?
- S'il vous plaît, soyez sérieux un instant. Nous parlons de la sauvegarde de l'humanité. Nous ne pouvons nous permettre de laisser le moindre élément perturbateur risquer de compromettre le sort de notre race. Si vous êtes de notre côté dans cette crise, alors vous êtes le bienvenu. Mais si nous ne pouvons vous faire confiance... Alors, je crains que cela ne se ressentira dans notre mission commune... »

Kouji prit un moment pour réfléchir. Cela ressemblait fortement à des menaces, mais maintenant que la folie du combat s'était éteinte, il pouvait comprendre en effet en quoi l'apparition soudaine d'un robot de 40 mètres capable de lutter à égalité avec un Ange pouvait effrayer certaines personnes ; et de plus, comme Ritsuko l'avait dit, le sort de l'humanité était en jeu.

Son grand-père lui avait conseillé de ne pas faire confiance à Gendo Hikari. Cela n'incluait peut-être pas l'ensemble des personnels de la NERV...

« - Bon, bon, vous avez gagné. Je vais répondre à vos questions dans l'ordre. Oui, j'en ai conscience, mais j'ai eu le sentiment que c'était mon devoir de vous aider à abattre ce monstre. Personne ne m'a donné d'ordre, je l'ai fait de mon propre choix, pour protéger ceux que j'aime et respecter la mémoire de mon grand-père. Et enfin, Mazinger Z a été conçu par mon grand-père et m'a été fourni par l'Institut de Recherche Photonique.
- L'Institut ? Vous voulez dire... Que vous êtes le petit-fils de Juuzo Kabuto ?
- Exactement. »

Ritsuko resta silencieuse quelques secondes.

« - Voilà qui change plusieurs choses... Bon, en ce cas, cette affaire concerne en premier lieu le personnel dirigeant de l'Institut. Nous n'avons plus de questions à vous poser pour le moment, veuillez évacuer la zone.
- Je peux demander un service, avant ça ?
- Dites toujours...
- Vous pouvez me mettre en contact avec votre pilote ? J'ai deux mots à lui dire. »

La requête ne sembla pas tellement surprendre Ritsuko, qui conserva tout de même un visage fermé en l'entendant.

« - Je vais voir ce que je peux faire...
- Génial. »

Chapitre 2 (4ème partie)

Shinji se remettait de ses émotions.

Il avait du mal à croire ce qui s'était passé. Etais-ce vraiment lui qui s'était jeté sur l'Ange avec une telle férocité ? Lui qui avait empalé son ennemi avec un morceau de son corps ? Ou qui avait été envahi par une telle rage primale ?

Qu'est-ce qui s'était passé ? Jamais de sa vie il ne s'était comporté de la sorte, et le voilà transformé en guerrier sanguinaire en l'espace de quelques instants ! D'où lui était venu cette force ?

« - C'était du bon boulot, Shinji. Lui dit Misato, extrêmement fière d'après le ton de sa voix et l'expression de son visage. Tu as sauvé des milliers de vies, aujourd'hui.
- Me... Merci... Bredouilla le garçon.
- Bien... Maintenant que tout ça est terminé, tu vas pouvoir rentrer souffler un peu. Tu as mérité de te reposer un max...
- Si vous le dites...
- Ça va, Shinji ? Tu as l'air... »

Misato s'interrompit brusquement, alors qu'elle regardait quelque chose à côté de l'écran. Shinji se demanda ce qui se passait.

« Shinji, le pilote du robot qui est venu t'aider veut te parler. Je te le passe, je crois que vous avez beaucoup de choses à vous dire... »

Shinji voulut retenir Misato sur le communicateur, mais elle avait déjà passé le canal de communication au deuxième pilote. Après une courte seconde de parasite, Shinji vit apparaître sur son écran le visage d'un garçon à peine plus âgé que lui, portant un drôle de casque sur la tête. Le garçon lui souriait avec une chaleur particulièrement communicative.

« - Ah, quand même ! Dit le garçon. Salut, mon gars. Je m'appelle Kouji, et toi ?
- Euh... Shinji... Je m'appelle Shinji...
- C'est la première fois que tu pilote un robot géant, toi aussi ? »

Cette simple question souffla Shinji. « Toi aussi » ? Ça voulait dire... Que comme lui, Kouji n'avait aucune expérience dans le pilotage de sa machine ? Et malgré tout il s'était jeté dans le combat ? Ce qui l'étonnait surtout, au regard de cette révélation, c'était l'extraordinaire calme et la joie du pilote. Shinji avait passé une bonne partie du combat à craindre pour sa vie, et même si il a brutalement fait preuve de courage au bout d'un moment, maintenant que c'était terminé, la peur revenait alors qu'il réalisait qu'il avait failli mourir... Mais lui restait aussi calme ?!

« - Hello ? Y a quelqu'un ?
- Euh, quoi ?
- Je t'ai demandé si tu débutais, toi aussi ?
- Ah, oui, désolé... Oui, c'est la première fois...
- T'as pas mal assuré, pour un débutant...
- Ben... Toi aussi, dit Shinji en se risquant à sourire. Je crois pas que je m'en serais sorti si tu n'étais pas intervenu...
- Et cette chose m'aurait certainement écharpé si tu ne m'avais pas donné un coup de main. »

Shinji ne sut pas quoi dire. Dire qu'il avait une faible estime de lui-même était un euphémisme, et en temps normal, jamais il n'aurait cru un seul instant qu'il puisse avoir fait quelque chose de bien. Seulement... Ce compliment lui venait d'un autre pilote. Quelqu'un qui semblait beaucoup plus confiant que lui, plus courageux sans doute, mais qui en même temps savait admettre ses limites. Les compliments que lui avaient adressés Misato l'avaient touché, eux aussi, mais ceux de Kouji venaient d'une personne qui, comme lui, avait été placé dans le feu de la bataille et avait affronté cet Ange. Sans Kouji, Shinji serait sans doute mort. Sans Shinji, Kouji serait sans doute mort.

Shinji était perturbé par cette expérience, mais pas au point de ne pas reconnaître l'évidence.

De son côté, Kouji se souvenait des avertissements de son grand-père... Et de ses recommandations. Juuzo ne faisait pas confiance à Gendo Hikari, mais il lui avait bien spécifié d'aider au mieux les pilotes de la NERV. Et après l'aventure qu'ils venaient tous deux de vivre, Kouji ne voyait pas comment il aurait put se méfier de Shinji. Ensemble, ils vaincront ; cela, il en était certain.

« - Alors, on peut dire qu'on fait équipe, non ?
- Et comment ! Il faudra que l'on remette ça, un de ces jours ! 
- Euh... Tu sais que ça veut dire que d'autres viendront ?
- D'après ce qu'on m'a dit, ouais, ce n'était que le premier... Mais je peux te dire un truc ?
- Dis toujours...
- Je pense pas que ces saloperies seront de taille face à nous si on continue comme ça.»

Alors, Mazinger Z leva son bras et tendit sa main métallique.

L'Eva-01 fit de même, et sous les yeux de centaines de témoins, les deux robots se serrèrent la main.

Pendant les heures qui allaient suivre, la poignée de main entre les deux machines allait faire le tour du monde. Les réactions, bien entendu, furent extrêmement variées. Certains tremblèrent à l'idée de voir deux machines aussi puissantes collaborer, et se demander si les pilotes ne risquaient pas d'avoir des rêves de grandeur. Mais de nombreux autres, au contraire, virent ce geste comme un message d'espoir. L'humanité entrait dans une phase sombre de son histoire, faite de luttes et de souffrance... Mais elle saurait faire face, et s'opposer aux attaques des Anges avec une force sans égale.

Seules deux personnes sur toute la Terre bouillonnaient de rage. La première se trouvait dans les locaux mêmes de la NERV. Gendo prit très, très mal cette poignée de main, mais également le fait que le robot de Juuzo Kabuto soit sorti indemne du combat. Par cet acte, le vieil homme avait montré de manière post mortem que la NERV n'était peut-être pas aussi incontournable que cela, ce qui allait très certainement porté préjudice à ses plans.

La seconde, elle, se trouvait à plusieurs milliers de kilomètres de Tokyo 3...


Océan Pacifique.

Une gigantesque île se dresse au beau milieu de l'océan. A première vue, rien ne semble devoir attirer l'attention dans son aspect général ; l'île en elle-même n'est qu'un amas de roche vierge, sans la moindre végétation ou construction apparente. Cependant, quiconque se serait plus intéressé à elle aurait remarqué plusieurs éléments perturbants. Le premier était que cette île n'était référencée sur aucune carte marine malgré sa taille, ce qui pourrait constituer un mystère en ces temps où pratiquement tous les recoins de la Terre sont connus de l'Homme.

Le second élément intriguant était le fait que l'île se déplaçait.

Au coeur de l'île, un gigantesque complexe souterrain, combinant laboratoires, usines et casernes était dissimulé.

Au coeur de ce complexe, une large pièce servait à la fois de centre de contrôle mais également de salle de trône au maître des lieux.

Un énorme écran, situé à l'une des extrémités de la salle, retransmettait les images du combat entre Sachiel, Mazinger Z et l'Eva-01. Lorsque les deux machines survivantes se serrèrent la main, un être étrange, ressemblant à un homme et une femme qui auraient fusionnés de manière nette au milieu de leurs corps respectifs, et vêtu d'une longue robe de prêtre violette sortit des ombres de la salle et fixa l'écran.

« Voilà qui va contrarier vos plans, maître. » Dit le baron Ashura d'un ton contrarié.

Derrière lui, siégeant sur le trône, le docteur Hell tentait de masquer sa colère.

« - J'aurais dû me douter que nous débarasser de Kabuto n'aurait pas suffi. Qu'importe. Même si la NERV et l'Institut collaborent, cela ne garantit pas qu'ils puissent se débarasser des Anges.
- Et si ils résistent, maître ?
- Alors, les Mécabêtes termineront le travail. »

Le docteur Hell sourit de la manière la plus carnassière que l'on puisse imaginer.

« Et alors, l'Instrumentalité aura mon visage... »

Chapitre 3 (1ère partie)

Les heures qui suivirent la défaite de Sachiel furent particulièrement houleuses. En premier lieu, la liesse qui entoura la nouvelle de la victoire conjointe de la NERV et de l'Institut de Recherche Photonique se répandit aux quatre coins de la planète, grâce aux images officielles du combat qui furent diffusées au public. Mais très vite, la question de la présence de Mazinger Z fut posée. La NERV était loin d'être la seule à s'étonner de l'apparition soudaine d'un nouvel acteur dans le conflit qui opposait l'humanité aux Anges, surtout lorsqu'il devint évident, vu l'efficacité du robot, qu'il était loin d'être négligeable. La NERV avait pu compter sur l'appui des Nations Unies afin de pouvoir monter le projet Evangelion. Mais comment l'Institut avait-il pu financer un chantier aussi colossal ? Comment s'était-il procuré le matériel nécessaire ? Que comptait-il accomplir avec leur machine ? Avant même que Kouji ne soit rentré à l'Institut, le docteur Yumi fut assailli de demandes d'entretien par plusieurs dizaines de journaux, mais surtout (ce qui était plus grave) de convocations officielles pour répondre de ses actes et de ceux de l'Institut. Il était assez utopique de penser que la plupart d'entre elles pouvaient être bienveillantes, malheureusement, et le docteur Yumi se préparait à passer des journées harassantes.

L'Institut n'était cependant pas seul à devoir rendre des comptes. Nombreux étaient ceux qui croyaient que Mazinger Z était une création de la NERV, ou qui tout simplement ignorait jusqu'à l'existence du projet Evangelion, et par conséquent noyait l'organisation sous des tonnes de questions. Cela n'aida en rien à améliorer l'humeur de Gendo, puisque la plupart de ces questions tournaient justement autour de Mazinger Z.

Mais tout ce remue-ménage ne concernait pas les pilotes, qui furent envoyés dans leurs nouveaux appartements...


Que penser de Shinji ?

Misato n'arrivait tout simplement pas à trouver de réponses à cette question pourtant fondamentale pour la suite des opérations. L'adolescent, d'un point de vue physique, ne semblait pas devoir retenir particulièrement l'attention. Certes, elle devait admettre qu'il était plutôt mignon, mais elle avait déjà croisé d'autres jeunes garçons encore plus attirants... Pire encore, tout en lui semblait générique. Rien n'attirait vraiment le regard chez lui, que ce soit d'une manière admirative ou désapprobatrice... Il était dans la moyenne, rien de plus. Il ne pouvait non plus compter sur une qualité particulière qui ferait qu'il retiendrait l'attention. Tout le long de la journée, à l'exception du fameux combat contre Sachiel, Shinji était resté en retrait, bredouillant lorsqu'on lui posait une question, restant silencieux le reste du temps. L'adolescent souffrait visiblement d'une timidité maladive qui le poussait à essayer de se faire le plus discret possible, ce qui pourrait peut-être poser un problème à l'avenir si il devait continuer à piloter l'Eva-01.

Seulement, il y avait eu son comportement lors du combat...

Misato croisa ses jambes sous la table, perdue dans ses pensées. Le fait que l'Ange ait été abattu était le plus important, mais la jeune femme n'arrivait pas à expliquer la rage qu'avait déchaîné le jeune garçon contre son adversaire. Au début, Shinji réagissait en conformité avec ce qui semblait être son comportement habituel. Rien ne préparait qui que ce soit à ce qu'il devienne complètement fou furieux, hurlant comme une bête sauvage, apparemment sans la moindre autre motivation que tuer ce qui le menaçait. L'Eva aurait-il influencé le jeune garçon ? C'était difficile à dire. Si il fallait en croire Ritsuko, à aucun moment l'Eva n'avait pris l'ascendant sur son pilote. En fait, le taux de synchronisation entre la machine et son pilote avait brutalement explosé lorsque Shinji s'est emporté. Il y avait peut-être d'autres facteurs qui étaient entrés en jeu dans le phénomène, ce qui ne serait pas étonnant vu le peu de données dont ils disposaient sur les relations entre un pilote humain et un Eva (Rei était trop... Spéciale pour vraiment pouvoir apporter un point de comparaison pertinent) ; mais autant qu'il pouvait en juger, Shinji était pleinement en possession de ses moyens.

Il semblait difficile de relier le Shinji « assoiffé de sang et prêt à arracher le cœur de son ennemi à mains nues » du Shinji « je ne dis rien, peut-être qu'on va m'oublier si je reste le plus calme possible » qui avait visiblement manqué de s'étrangler lorsqu'il avait vu l'état de son appartement. A ce sujet, d'ailleurs, il était assez certain que la cohabitation risquait d'être... Disons, folklorique vu le manque de dispositions de la jeune femme pour ce qui était du ménage et de la gastronomie. Shinji, de son côté, n'avait pas tardé à s'éclipser après le « repas » (en attendant de trouver un terme plus adéquat) pour aller prendre un bain.

D'où ce décalage pouvait-il provenir ? A première vue, laissé à lui-même, le jeune garçon ne semblait pas devoir faire de vagues...

Laissé à lui-même.

Si il était possible de souligner des pensées dans son propre esprit, Misato venait de le faire. Shinji n'avait pas été laissé à lui-même. Le contact entre le garçon et le centre de commandes avait toujours été maintenu, mais surtout... Il y avait eu cet imprévu. Cet autre pilote, et cette autre machine. Misato était tout autant surprise que les autres de découvrir que l'Institut de Recherche Photonique, qu'elle croyait n'être qu'un simple sous-traitant de la NERV, puisse avoir développé un projet d'une telle ampleur, mais elle était loin de ne pas apprécier ce genre de coup de main, surtout quand celui-ci arrive alors qu'un jeune homme enfermé dans une machine de guerre commence à perdre les pédales et risque de se faire tuer. Mais il était évident qu'il fallait également y chercher la raison du changement de comportement de Shinji.

Se pourrait-il qu'une certaine émulation se soit développée lorsque Mazinger Z et son pilote sont entrés en jeu ? Que l'attitude de Shinji ait été influencée par l'entrée soudaine d'un garçon à peine plus vieux que lui, mais beaucoup plus confiant et visiblement prêt à en découdre avec l'ensemble des Anges en même temps ?

Si une aussi courte exposition à ce Kouji Kabuto a pu changer à ce point Shinji, même brièvement... Que se passerait-il si les deux garçons se côtoyaient constamment ?

« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHH !!! »

Misato sursauta lorsqu'elle entendit ce cri de terreur, provenant du couloir. Elle n'eut même pas à se lever de table que Shinji apparut brutalement sur le pas de porte, l'air paniqué, et visiblement trop choqué pour se rendre compte qu'il était toujours dans sa tenue de naissance.

« - Y A... Y A... Bredouilla le garçon.
- Quoi ? Que se passe-t-il ? Réussit à dire Misato, encore surprise par l'attitude de Shinji.
- CE... IL... »

Pen-Pen apparut alors derrière l'adolescent, comme si rien de particulièrement important ne s'était déroulé, et se dirigea en dodelinant vers la cuisine. Alors qu'il le vit, Shinji le pointa du doigt et émis toute une série de syllabes incompréhensibles qui devaient bien former des phrases cohérentes dans l'esprit perturbé du jeune garçon. Misato comprit enfin de quoi il en retournait ; habituellement, à cette heure de la journée, Pen-Pen avait tendance à truster la salle de bains.

« - Aaaaah, je vois... C'est Pen-Pen, mon pingouin d'eau chaude. Il va falloir t'habituer à sa présence ici, il vit avec moi depuis quelques mois déjà.
- Mais... Qu'est-ce qu'il faisait dans la salle de bains ?!
- C'est un pingouin, non ? C'est normal pour ce genre d'oiseau de se baigner. A propos d'oiseau, tu n'as pas peur d'attraper froid comme ça ? »

Le regard perplexe que lui adressa Shinji fut très vite remplacé par une gêne absolue lorsque l'adolescent se souvint enfin dans quelle tenue il se trouvait. Ses joues devinrent immédiatement écarlate alors qu'il émettait un plaintif « eeek ! », juste avant qu'il n'essaie de croiser ses jambes et de cacher sa « dignité » avec ses mains. Il disparut très vite dans le couloir, essayant de marcher à reculons en gardant sa position, dans un souci, sans doute, de ne pas montrer en plus à sa supérieure son postérieur.

Misato prit une nouvelle gorgée de bière. Non, décidément, c'était difficile de savoir comment aborder le jeune garçon.

Quoique ce serait peut-être une bonne idée de ne pas agir de manière aussi désinvolte si ce genre d'incident devait se reproduire...


Ritsuko essayait de conserver une position confortable, mais cela faisait déjà plusieurs heures qu'elle n'avait pu se reposer ni même s'asseoir. Entre l'attaque de l'Ange et le désordre engendré par l'apparition conjointe de l'Eva-01 et de Mazinger Z, elle avait été trop bombardée de questions pour pouvoir s'éclipser...

Et maintenant, Gendo l'obligeait à attendre encore un peu, alors qu'il l'avait appelé dans son bureau.

Le chef de la NERV n'avait même pas daigné se retourner lorsqu'elle entra dans la pièce. Derrière lui, une baie vitrée lui donnait une vue imprenable sur l'Eva-00. La machine n'était toujours pas entièrement réparée depuis l'échec de la dernière simulation, et de toute façon, tant que Rei ne se serait pas rétablie des blessures qu'elle avait subie lors de l'incident, il était peu probable qu'il ne sorte à court terme du ventre du Geofront. De plus, la priorité absolue était de réparer au plus vite l'Eva-01, dont le blindage externe avait subi des dommages relativement conséquents. Il fallait faire un choix, du fait des ressources limitées dont disposait la NERV en cette période.

Mais il ne fallait pas être devin pour comprendre ce qui préoccupait le plus Gendo.

« Comment cela est-il possible, Akagi ? »

Ritsuko se raidit. Les prochaines minutes promettaient d'être exténuantes.

« - Pourriez-vous être plus précis ? L'Eva-01 a fonctionné à merveille, et Shinji s'est révélé aussi prometteur que nous l'avions tous espéré.
- Vous savez très bien de quoi je parle, aussi veuillez ne pas abuser de ma patience. L'Eva-01 est le projet phare de la NERV. Nous avons réussi à convaincre les Nations Unies de nous accorder une confiance absolue sur la base que les Evangelion sont les seules armes sur cette Terre capable de s'opposer aux Anges. Tout en elles a été conçu dans ce but, sur la base des informations que nous avons pu collecter sur ces créatures. Seules elles sont sensées pouvoir survivre à une confrontation directe avec un Ange – et vu la manière dont l'Ange a ravagé toutes les attaques des Nations Unies avant que nous ne lancions l'Eva-01 contre lui, nos suppositions semblaient fondées. »

Gendo se retourna... Et malgré le masque impassible qu'il se donnait, un simple regard dans ses yeux suffisait pour y lire sa rage intense.

« Alors comment se fait-il qu'une boîte de conserve fabriquée par un de nos sous-traitants dans son garage réussisse à se retrouver à égalité non seulement avec l'Ange mais également avec l'Eva-01 ? »

Ritsuko s'attendait à ce genre de questions de la part de Gendo. La fierté de l'homme avait été gravement entachée ce jour, et il était évident qu'il faudrait que des têtes tombent.

Et, il fallait qu'elle l'admette, elle aussi se sentait blessée par l'évènement. Elle n'avait pas consacrée toutes ces années pour que son travail se voit éclipsé de la sorte.

« - Il ne faut pas oublier que nous avons affaire à une création de Juuzo Kabuto, tenta Ritsuko d'une manière qu'elle espérait diplomatique. Même si la NERV concentre en son sein de grands talents scientifiques, Kabuto était extrêmement renommé et a à lui seul élaboré plusieurs théories de première importance qui furent très vite mises en application avec succès.
- Je le sais parfaitement, Akagi. Et je n'ai pas non plus oublié avec quelle véhémence il a toujours refusé de rejoindre la NERV. »

Il ne l'aurait jamais fait tant que tu aurais été aux commandes. Mieux ne valait pas prononcer certaines vérités pour le moment.

« - Il n'empêche que durant les derniers mois précédant son décès, Kabuto n'a jamais quitté les locaux de l'Institut de Recherche Photonique et n'a plus du tout fait parler de lui. Il est très vraisemblable qu'il avait décidé de se concentrer sur un projet de première importance... Que nous avons tous découvert aujourd'hui.
- Cela ne me suffit pas. Que Kabuto puisse avoir été assez doué pour concevoir à lui seul une machine capable d'égaler l'Eva-01 est concevable, mais il ne peut l'avoir compléter sans avoir eu à partager ses secrets. A en croire Yumi, le robot a été terminé récemment, ce qui implique donc que l'Institut a continué de travailler dessus après la mort de Kabuto. »

Ritsuko voyait parfaitement où Gendo voulait en venir. L'homme haïssait suffisamment la concurrence pour rechercher tous les moyens possibles de l'annihiler. Mais Mazinger Z posait un autre problème... D'une part, il était apparu sans prévenir, bouleversant tout le monde et empêchant le chef de la NERV d'agir préventivement. Et d'autre part, le monde entier avait assisté au succès de la machine... Ce qui faisait que la faire disparaître allait être particulièrement compliqué, surtout que cela pourrait attirer une attention malvenue sur certaines activités de la NERV et de son chef.

La jeune femme nota aussi un autre détail : Gendo évitait de prononcer le nom de la création de Kabuto.

« A partir de maintenant, essayez à votre niveau de recueillir des informations sur la façon dont fonctionne cette chose. Revisionnez les enregistrements, relisez les relevés pour voir si nos instruments ont enregistré un phénomène pouvant être attribué à la machine... Je vous laisse libre de votre méthode. Mais si vous découvrez la moindre information qui pourrait se révéler intéressante, transmettez la moi en personne, et au plus vite. »

Gendo n'attendit même pas qu'elle l'approuve. Ce qu'il venait d'énoncer était un ordre, toute discussion était désormais futile. Accepter de le suivre était la seule chose à faire. Car l'alternative était moins que concevable... Car malgré sa position importante au sein de la NERV, Ritsuko n'était pas irremplaçable.

Personne n'était irremplaçable aux yeux de Gendo. Pas même Rei. Pas même son propre fils.

Ritsuko sortit de la pièce sans même saluer le maître de la NERV. Elle jeta un dernier coup d'œil dans sa direction lorsqu'elle franchit le seuil ; il était revenu à sa contemplation de l'Eva-00.

Chapitre 3 (2è partie)

« C'est pour quoi ? »

Les yeux de Kouji s'agrandirent brutalement tandis que son cerveau s'arrêta brièvement de fonctionner. Lorsqu'il avait frappé à la porte de l'appartement – le seul appartement du bloc à être apparemment occupé à part le sien – il s'était attendu à tout, sauf à se retrouver nez à nez avec une jeune femme éblouissante, aux formes généreuses, et vêtue d'un short court et moulant et d'un simple T-shirt blanc évasé au point qu'il aurait pu plonger sa main dans le décolleté sans toucher le moindre centimètre carré de tissu.

Bien sûr, elle semblait vaguement irrité de son apparition, mais Kouji était trop occupé à baver pour le réaliser.

« Alors ? »

Kouji secoua brièvement la tête, ce qui eut le mérite de le réveiller et de lui rappeler pourquoi, à la base, il l'avait dérangé.

« - Oh, euh... Désolé de vous déranger... Je viens d'aménager deux étages au-dessus, et l'une des ampoules est grillée. Je me demandais si je pouvais vous en emprunter une...
- Ah. Si c'est pour ça, je peux bien... »

Misato s'interrompit brusquement, avant de se pencher pour mieux examiner Kouji. Celui-ci fit un immense effort pour ne pas en profiter pour regarder le décolleté de la jeune femme. A cette distance, il était impossible qu'elle ne le remarque pas.

« - Non, mais attends une seconde... Tu es le pilote de Mazinger Z ? Kabuto ?
- Que... Comment vous le savez ?! Dit Kouji, qui avait perdu toute envie de se rincer l'œil.
- Capitaine Misato Katsuragi, directrice des opérations de la NERV. J'étais présente lors du combat contre l'Ange.
- Oh... forcément...
- Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Ben, je ne suis arrivé à Tokyo 3 qu'aujourd'hui, mais mon frère et moi allons sans doute devoir rester ici un moment, alors l'Institut nous a fourni un appartement... »

Misato ne l'arrêta pas. En principe, l'immeuble était la propriété de la NERV, mais il est vrai que selon la convention que l'Institut de Recherche Photonique avait passé avec la NERV lorsqu'il devint l'un de ses sous-traitants, il avait en effet droit à quelques appartements à titre de logement de fonction. Jusqu'à présent, cependant, jamais l'Institut n'avait recouru à ce droit. Il semblait évident que leur pilote ait droit à un traitement un peu particulier... En effet, l'immeuble était désormais surveillé par la NERV du fait de la présence de personnel de toute première importance dans ses murs. L'endroit était dorénavant l'un des lieux les plus sûrs de la ville...

Mais il était possible également que Kouji ait été envoyé là afin de garder le contact avec Shinji. Misato se demanda si le docteur Yumi était homme à pratiquer ce genre de manipulations...

Pendant quelques secondes, Misato resta silencieuse, se contentant de fixer Kouji. Le jeune homme finit par sentir que quelque chose n'allait pas.

« - Qu'est-ce qu'il y a ?
- Pourquoi tu as fait ça ? Monter dans ce robot et risquer ta vie ? »

Kouji soupira. Il n'avait pas arrêté d'entendre cette question ces dernières heures...

« - Je l'ai déjà dit des dizaines de fois : je suis le seul qui pouvait le faire, et il fallait bien éclater cette bête. Et vous êtes un peu mal placé pour me dire ce genre de trucs. Vous avez forcé Shinji à grimper dans cette machine, et il est encore plus jeune que moi !
- Je ne peux te dire pourquoi, mais il est le seul à pouvoir piloter l'Eva-01. La machine ne fonctionnerait pas sans lui.
- Et bien c'est pareil pour Mazinger Z et moi. Je ne sais pas pourquoi Shinji est à ce point essentiel pour piloter votre truc, mais dans mon cas, mon grand-père considérait que j'étais le seul capable de mener à bien la mission de piloter sa machine contre les Anges. Et je ferais tout pour me révéler digne de sa confiance. »

Misato aurait dû dissuader Kouji de continuer et de laisser la NERV faire son travail. Le jeune homme risquait de poser un problème à l'avenir, et il était primordial que rien ne puisse faciliter le travail des Anges...

Mais elle ne pouvait se résoudre à le faire.

Kouji était entré dans la pièce sans que la NERV ne le voie venir, et malgré tout... Elle sentait que peut-être...

« Qui est-ce, Misato-san ? »

Shinji apparut derrière la jeune femme, curieux de savoir ce qui pouvait bien la retenir. A l'instant même où les deux garçons se virent, leurs yeux s'écarquillèrent immédiatement. Misato décida de profiter de l'occasion pour pouvoir tester sa petite théorie : Kouji était peut-être inattendu... Mais laisser Shinji et lui s'entendre pourrait peut-être, au contraire de ce que certaines personnes à la NERV (en premier lieu Ritsuko, ce qui avait surpris Misato) pouvait penser se révélerait peut-être bénéfique pour les deux et faciliter la future collaboration entre la NERV et l'Institut.

« Bon, c'est pas tout ça, je vais aller voir si on a des ampoules de rechange. Attends moi là, d'accord ? »

Misato abandonna ensuite les deux garçons, et fit de son mieux pour rester à une distance suffisante alors qu'elle cherchait des ampoules pour pouvoir espionner leur conversation. Cependant, elle en rata tout de même une bonne part. Heureusement pour sa future cohabitation avec Shinji...

« - Tu habites ici, toi aussi ? Demanda Shinji.
- Ouais, juste deux étages au-dessus. J'ai mon petit frère avec moi.
- Ah ? Il s'appelle comment ?
- Shiro. Il a encore un peu peur dans le noir, par moment, alors c'est pour ça que je suis venu vous déranger plutôt que d'attendre demain. Et puis bon, j'ai quand même un programme lourd demain... Nouveau lycée, et ensuite passer à l'Institut pour m'entraîner, et entre deux, faut que j'aille chercher Shiro à sa nouvelle école...
- Je commence le lycée demain aussi ! On va sans doute être ensemble, du coup. Si j'ai bien compris, c'est le seul de la ville pour le moment.
- M'étonne pas, c'est pas encore trop l'affluence dans le coin... »

Tout à coup, Kouji se pencha en avant et murmura à l'oreille de Shinji, apparemment excité.

« - Tu habites avec elle ?!
- Euh, oui... Murmura à son tour Shinji. Je suis trop jeune pour être laissé à moi-même, alors je vais rester chez elle pendant un moment. »

Kouji ne répondit rien. En fait, il se contenta de fixer Shinji avec des yeux grands ouverts. Shinji commença à s'inquiéter lorsqu'il nota que Kouji ne clignait même pas des yeux.

« - Quoi ?
- T'es vraiment un sacré veinard. »

Shinji eut un mouvement de recul. Il avait pensé à des dizaines d'adjectifs pour qualifier sa vie, et « veinard » n'en faisait absolument pas partie.

« - De quoi tu parles ?
- De quoi je parle !? Tu cohabites avec une méga-bombe, et tu me demandes de quoi je parles ?! Est-ce que tu te rends compte du nombre de types qui tueraient pour avoir ta place maintenant !?!
- Hé, arrête ça ! Dit Shinji, véritablement choqué. C'est pas mon genre !
- Ne me dis pas que tu vas pas tenter de la voir à poil dans son bain, ou quelque chose dans ce genre ! N'importe qui d'un peu sensé ferait immédiatement ça !
- Mais enfin, ça ne se fait pas ce genre de trucs ! »

Kouji croisa les bras, tout en soupirant d'un air grave.

« - Franchement, Shinji, il va falloir que je t'apprenne deux trois choses sur la vie...
- Je suis pas sûr que ce soit vraiment une bonne idée. Écoute, je comprends ce que tu veux dire, mais le problème c'est que je dois cohabiter avec elle, justement, et... Et bien, ça risquerait de compliquer horriblement les choses...
- Seulement si tu le souhaites, mon gars, seulement si tu le souhaites... Enfin bref, je vois qu'il n'y a rien à tirer de toi là-dessus. Alors, dis-moi, je suppose que toi aussi tu vas te retrouver à devoir t'entraîner à manier ta machine ? »

Shinji accueillit avec joie ce changement de sujet.

« Oui, évidemment. J'ai besoin de travailler pour garder un haut niveau de synchronisation avec l'Eva-01, autrement il refuserait de m'obéir. »

Le regard que Kouji jeta à Shinji était particulièrement révélateur de sa surprise.

« - Attends, tu veux dire que ton robot peut n'en faire qu'à sa tête ?
- Oui... Tout à l'heure, j'ai presque dû me battre contre lui pour qu'il accepte de me laisser t'aider. Mazinger Z ne fais pas ce genre de choses ?
- Non... Il y a une connexion mentale aussi, mais ça reste une machine. Là... Tu es en train de me dire que l'Eva-01 est un être vivant...
- Je sais... A première vue, ça a l'air d'être une simple machine, mais quand je suis entré dans le poste de pilotage... J'en ressentis une haine et une colère intense... Un désir de tuer atroce... J'ai failli m'évanouir tellement c'était puissant. Je ne sais pas ce qu'est vraiment l'Eva, mais...
- Mais quoi ? »

Shinji regarda Kouji dans les yeux. Il n'y avait plus cette timidité dans son regard, mais la peur... La peur qu'il avait ressenti au début du combat était là, toujours visible.

« Mais je sais que sa colère ne s'éteindra pas. Jamais. Pas tant qu'il y aura quelque chose à combattre. »

Pendant un court instant, Kouji resta silencieux, méditant sur ce que venait de dire Shinji. Le jeune garçon ne savait pas trop ce que son collègue pouvait penser... Peut-être le prenait-il pour quelqu'un de fou ? Après tout, pourquoi avait-il ainsi livré à ce jeune homme qu'après il ne connaissait pas ? Parce que cela le rongeait, qu'il voulait sache au moins ce qu'il pensait de toute cette expérience, et que personne ne lui avait demandé son avis à la NERV, pas même Misato ? Possible...

« - Tu songes à renoncer à piloter l'Eva ? Lui demanda Kouji.
- Je... Je ne sais pas. Ça me terrifie... Je ne suis pas le genre de garçon qui cherche toujours à se battre, tout ce que je voulais c'était vivre une vie tranquille... Mais... En même temps... Je suis le seul à pouvoir piloter l'Eva. Que je sois là ou non, les Anges vont continuer à venir... Mais si je me bats, alors peut-être... Peut-être des innocents vivront... »

Shinji soupira. Il ne pouvait plus regarder Kouji sans craindre que celui-ci ne voit encore plus sa faiblesse.

« Alors oui, je continuerais à monter dans l'Eva et à me battre. »

Le silence retomba quelques instants.

Puis...

« T'es plus courageux que je ne le croyais. »

Shinji releva la tête avec une telle vitesse que sa nuque s'en plaignit. Il ne pouvait croire qu'il avait entendu cela.

« - Quoi ? Mais je viens de dire...
- J'ai bien entendu, Shinji. Tu viens de me dire que même si tu crèves de trouille à l'idée de remonter dans l'Eva, tu le feras quand même pour te battre. Se jeter dans le combat sans peur, c'est une chose... Mais avoir peur et le faire quand même parce que l'on sait que c'est la bonne chose à faire... Wow. Non, franchement... Wow...
- Je... Je le ferais par devoir, pas par...
- Ça serait un devoir si tu étais tout seul. Mais je suis là pour les combattre, et si j'ai bien compris, il y a un autre pilote à la NERV. Tu peux choisir de partir, mais tu restes. Et ÇA... Ça, ça montre que tu vaux bien plus que ce que tu penses. »

Shinji ne pouvait répondre. Il n'y arrivait pas. Il voulait lui répliquer que non, il était bel et bien le seul pilote de la NERV à l'heure actuelle, il voulait lui parler de Rei et de ses blessures, des conditions qui l'ont vraiment poussé à monter dans l'Eva... Mais il ne le pouvait pas.

Parce que malgré tout... Une partie de ce qu'avait dit Kouji résonnait en lui.

Tu vaux bien plus que ce que tu penses.

Personne ne lui avait parlé de la sorte.

« J'ai que ça, ça ira ? »

Shinji avait failli bondir. Misato s'était glissé dans son dos sans qu'il ne l'entende venir, trop absorbé qu'il était par sa conversation avec Kouji. Ce dernier, quand à lui, avait lui aussi été surpris par le retour impromptu de la jeune femme, et si il avait failli s'étouffer, il réussit à le cacher.

Bon sang, ça lui prend souvent de faire ce genre de trucs ?!

« - Oui, ça a l'air d'aller, dit Kouji en prenant les ampoules que lui donnait Misato. Bon, je ne vais pas vous embêter plus longtemps... Shiro doit sans doute se demander ce que je fais, et j'ai pas trop envie de le laisser s'inquiéter.
- Je comprends, dit Misato. Passe quand même une bonne nuit. Après tout ce qui s'est passé aujourd'hui, je crois que tu en as bien besoin, toi aussi.
- Ouais, je suis à la limite de l'évanouissement. Allez, bonne nuit à vous deux ! Et à demain, Shinji. Je passerais te chercher pour aller au bahut !
- Oui, ça serait bien... Dit Shinji. Bonne nuit. »

Kouji leur fit un petit signe de la main avant de s'éclipser. Shinji resta un instant sur le seuil, à le regarder s'éloigner, alors que Misato était déjà rentrée à l'intérieur. Pendant un petit moment, il repensa à tout ce qui s'était déroulé ce jour avec le jeune homme. Il en vint à se demander si les choses n'allaient pas prendre un tour particulier avec Kouji dans les environs...

« - Tu restes dehors prendre l'air, Shinji ?
- Non, non, Misato-san, je rentre... »

Shinji jeta un coup d'œil aux étoiles, puis il rentra dans l'appartement et referma la porte à clé derrière lui. La nuit avait englouti tout Tokyo-3, et il était temps pour chacun de profiter des heures de répit qui suivraient avant le retour des Anges...

Chapitre 4 (1ère partie)

Le lycée de Tokyo 3 n'avait pas une architecture particulièrement imposante... A vrai dire, il ressemblait à n'importe quel autre lycée construit dans une période moderne, sans aucune caractéristique qui aurait pu aider à le tirer de la masse. Et malgré cela, l'anxiété de Shinji avait grimpé d'un cran lorsqu'il le vit.

Bien entendu, Kouji tenta de détendre l'atmosphère.

« - Alors c'est ça notre nouveau bahut ? Et ben, moi qui pensait que Tokyo 3 était à la pointe...
- Moi, je le trouve pas mal...
- Dans le genre hôpital, ouais, ça peut le faire. Mais je crois pas que je vais rester longtemps là-dedans.
- En tout cas, il faudrait peut-être rentrer. A mon avis les cours vont pas tarder à débuter.
- Pfffffh... »

Shinji ne voulait pas trop forcer la main à son compagnon, n'ayant pas encore une très grande idée de ce que pouvaient être ses limites. Mais déjà, il savait que par moment, Kouji n'était pas aussi nonchalant qu'à ce moment. Il était en effet venu le chercher à son appartement plus tôt que ce que Shinji avait pu imaginer, parce qu'il fallait d'abord qu'il amène Shiro à l'école avant de partir au lycée. Le petit garçon était particulièrement... Énergique et vif, mais il semblait tout de même être très gentil et plutôt futé. Mais ce qui avait surtout frappé Shinji était le changement radical de comportement que Kouji avait adopté en sa présence, par rapport à la veille. Il veillait sur son petit frère avec l'attention d'une mère poule, mais aussi avec une incroyable patience vis-à-vis des divers débordements qu'il pouvait avoir. Même Misato semblait surprise de l'attitude de Kouji lorsqu'ils sortirent tous les trois de l'immeuble.

La complicité qui s'observait entre les deux frères était très agréable, même si en parallèle elle lui rappelait qu'il n'avait jamais pu vivre quelque chose de la sorte. Bizarrement, Shiro ne semblait pas du tout perturbé par la présence de Shinji une fois les présentations faites. Le garçon se comportait en fait comme si Shinji était un ami de longue date de son frère, mais lui posant également pleins de question sur lui et sur ce qu'il faisait. Au début, Shinji se sentait quelque peu mal à l'aise, étant donné qu'il n'avait pas franchement l'habitude qu'on lui demande de se dévoiler de la sorte... Mais l'enthousiasme du garçon était suffisamment communicatif pour que Shinji se détende un peu. Il préférait tout de même garder pour lui certaines choses qui le concernaient, se contentant en gros de récits purement factuels et succincts, mais cela semblait satisfaire Shiro, pour le moment tout du moins.

Kouji, lui, ne semblait pas vouloir brusquer Shinji à se livrer. En fait, à quelques reprises, il avait rappelé à l'ordre Shiro lorsque les questions du petit garçon devenaient un peu trop insistantes. Mais en tout cas, il écoutait tout de même ce que Shinji pouvait raconter sur sa vie avant d'arriver à Tokyo 3. Shinji remarqua que l'humeur de Kouji sembla s'assombrir quelque peu lorsqu'il expliqua à Shiro qu'il n'avait jamais vraiment connu son père et qu'il avait été laissé à la charge de son oncle et de sa tante. Plus tard, lorsque les deux garçons se connurent un peu plus, Shinji comprit pourquoi.

Kouji sembla redevenir le même jeune homme sûr de lui et bravache que Shinji avait rencontré auparavant une fois qu'ils eurent déposés Shiro à son école. Aussitôt, il recommença à plaisanter sur la chance qu'avait Shinji de cohabiter avec Misato, ou bien de lui demander si il savait si il y avait des trucs intéressants à faire à Tokyo 3, un sujet qui tourna court lorsque Shinji lui rappela que lui aussi venait d'arriver en ville.

A aucun moment, ils ne parlèrent de leur travail. Pour le moment, ils n'étaient que des lycéens ordinaires qui se rendaient pour la première fois à leur nouvel établissement. Ils auraient tout le temps durant les jours qui allaient suivre de revenir sur ce sujet...

Les deux jeunes hommes décidèrent enfin de rentrer dans l'établissement, prêts à voir ce qui les y attendait. Personne ne les attendait ou ne les observait.

Enfin... Si. Il y avait trois lycéens qui avaient remarqué leur arrivée. L'un blond et malingre et avec des lunettes, l'autre plutôt grand et bien charpenté, enfin, un dernier plus âgé, légèrement enrobé et vêtu d'un blouson noir.


Le nombre de lycéens dans toute la ville n'était pas encore suffisamment élevé pour qu'un nombre important de classes soit formé, mais la division entre années d'études était tout de même toujours respectée. Du fait, et sans que cela ne surprenne trop Shinji et Kouji, les deux jeunes hommes se retrouvèrent dans des classes différentes. Shinji était bien évidemment dans la classe fréquentée par les jeunes gens de 14 et 15 ans, tandis que Kouji s'était retrouvé dans une classe deux années au-dessus de Shinji.

« - On dirait qu'on ne va pouvoir se croiser qu'entre les cours... Dit Shinji.
- Ouais... J'espère juste que les autres types dans ma classe seront pas trop barbants, répliqua Kouji. Remarque, ça pourra pas être pire qu'à mon ancien lycée !
- Ah oui ? Il y avait des problèmes ?
- C'est surtout que les autres élèves étaient incapables de s'amuser. Ils arrêtaient jamais de bosser, ça me rendait dingue.
- Oh... » Shinji se sentait un peu mal à l'aise, d'un seul coup. Après tout, lui aussi était plus ou moins dans ce cas. « Heu, sinon, tu connais quelqu'un dans ta classe ?
- Attends, j'ai pas vraiment regardé... »

Kouji se pencha à nouveau sur la liste affichée au mur, indiquant la composition des classes.

« - Connais pas... Jamais entendu parler... Hiroshi Shiba ? Quel crétin peut s'appeler comme ça ?
- Aucune idée. Personne de connu, donc ?
- Apparemment non, mais il reste... »

Kouji s'arrêta brutalement de parler pour se rapprocher encore plus de la liste. Le changement brutal dans son attitude réussit à surprendre Shinji.

« - Quoi ? Tu as reconnu quelqu'un ?
- Non ! J'y crois pas ! Je suis dans sa classe !
- De qui tu parles ?
- Kouji ? C'est toi ? »

Les deux garçons se retournèrent simultanément... Et tombèrent nez à nez sur Sayaka. La jeune fille, particulièrement souriante, était cette fois-ci habillée de la tenue habituelle des lycéennes de son âge. Shinji, fidèle à son habitude, se mit à rougir et à détourner le regard. Kouji, lui, ne pensait plus qu'elle était mignonne. Le terme qui avait jailli dans son esprit était plus exactement « canon ».

« - Je me doutais que je te retrouverais là !
- Comment çà, tu t'en doutais ?
- C'est ton premier jour ici, non ? Où est-ce que tu aurais pu savoir dans quelle classe tu dois aller ?
- Ouais... C'est un point...
- Si tu veux, je te ferais faire une visite des lieux. Ça t'évitera de te perdre dans les couloirs. »

Sayaka se tourna ensuite vers Shinji, lui souriant toujours d'une manière si amicale que le jeune garçon, peu habitué à attirer l'attention des jeunes filles, ne savait pas trop comment réagir.

« - Tu es nouveau aussi, non ? J'ai remarqué que vous étiez arrivé en même temps ?
- Ah, oui ! Intervint Kouji, remarquant l'état gêné de Shinji. Je vais faire les présentations. Sayaka, c'est Shinji, un ami. Shinji, voilà Sayaka. C'est la fille du directeur de l'Institut de Recherche Photonique.
- Enchanté de faire votre connaissance. » Répondit poliment Shinji.

Sayaka scruta plus attentivement Shinji, maintenant qu'elle connaissait son nom. Puis, mystérieusement, elle se mit à regarder aux alentours, cherchant à voir si quelqu'un d'autre se trouvait à proximité. Cela intrigua Shinji... Jusqu'à ce qu'elle se rapproche et se mette à murmurer.

« T'es le pilote de l'Eva-01, pas vrai ? »

Shinji recula instinctivement. Il était loin d'être convaincu que cela annonçait de bonnes nouvelles.

« - Comment...
- Comme l'a dit Kouji, l'interrompit Sayaka, mon père dirige l'Institut, et j'ai assisté à votre combat contre l'Ange. Et avec qui d'autre que le pilote de l'Eva Kouji viendrait-il au lycée ?
- Tu fais spécialité « détective » ou un truc dans le genre ? Lui demanda Kouji.
- Kouji...
- Okay, je la ferme. »

Sayaka soupira, mais sans pour autant s'arrêter de sourire. Shinji se dit que l'attitude de Kouji l'amusait plus qu'elle ne l'irritait. Cependant, elle revint très vite à Shinji.

« - C'était parfait ce que vous avez fait, tous les deux. Sans vous, on ne serait sans doute pas dans ce lycée aujourd'hui, à essayer de vivre une vie normale.
- Je me disais bien que quelque chose clochait, dit Kouji. On aurait dû attendre que l'Ange ait piétiné le lycée, ça nous aurait fait des vacances à l'œil.
- T'avais pas dit que tu la fermais ?
- Ouais, bon...
- En tout cas, je préfère vous prévenir : essayez de garder un profil bas pour le moment. Tout le lycée parle du combat que vous avez mené, et votre arrivée quasi-simultanée va forcément faire marcher les rumeurs.
- Et on est sensé ne pas les alimenter ? Demanda Kouji.
- Personnellement, je ne crois pas que vous réussirez longtemps à cacher qui vous êtes, mais j'éviterais quand même de crâner si j'étais vous. Je ne saurais pas vous dire si tout le monde ici dans le lycée vous soutient...
- Compris, dit Shinji. Rester sobre. »

Quelqu'un appela Sayaka derrière eux. La jeune fille se retourna et salua de manière enthousiaste la lycéenne qui l'avait interpellé. Elle revint très vite à ses deux compagnons.

« - Je vous laisse, les garçons, on m'appelle. Ne t'enfuies pas tout de suite, d'accord Kouji ? Je t'accompagnerais à notre salle de classe tout à l'heure !
- Je ne bouge pas d'ici ! Répliqua Kouji.
- Et moi ? Tu sais où je dois aller ? Demanda Shinji.
- Non, mais je crois que ta classe est là-bas, répondit Sayaka en désignant un petit groupe d'élèves à l'opposé de la cour. A tout à l'heure, Kouji ! Et à plus tard, Shinji ! »

Les deux garçons eurent à peine le temps de la saluer que Sayaka était déjà parti rejoindre ses amies. Kouji continua à fixer sa silouhette qui s'éloignait un peu plus longtemps qu'il n'aurait peut-être dû... En tout cas, suffisamment longtemps pour qu'il ne se rende compte que Shinji le fixait avec un petit sourire au coin de la bouche qui ne lui disait rien qui vaillait.

« - Quoi ?
- Et c'est moi le sacré veinard ?
- Hé, jusqu'à preuve du contraire, je ne squatte pas son appart' ! T'as encore une bonne longueur d'avance ! »

De l'autre côté de la cour, le garçon en blouson noir continuait à observer le duo. Il était cette fois-ci entouré de deux comparses, qui tentaient (sans succès) de se donner un air patibulaire.


Un cours de mathématiques.

Shinji voyait mal comment cette rentrée pouvait plus mal démarrer.

Le professeur tentait bien d'accomplir sa tâche avec l'obstination propre à la majeure partie du corps professoral, mais ses élèves n'étaient tout bonnement pas intéressés par le cours. Sayaka n'avait pas exagéré, tous avaient en tête le combat qui avait opposé l'Ange et les deux robots géants la veille. Avant d'entrer en classe, Shinji avait déjà pu remarqué que chacun y allait de son commentaire sur les dégâts qui avaient été provoqué par la bataille, sur les techniques employées par les divers combattants (il entendit même à quelques reprises l'expression « rocket punch », qui semblait avoir singulièrement marqué les esprits), ou sur les pronostics sur les futurs combats qui allaient suivre. Certains se montraient enthousiastes, d'autres étaient plus réservés, se demandant surtout si ils ne risquaient pas de faire partie des dommages collatéraux, mais tous avaient été surpris par l'implication de l'Institut de Recherche Photonique dans la bataille. La plupart des élèves se doutaient que la NERV aurait joué un rôle, du fait qu'elle avait pratiquement fondé cette ville et n'avait jamais hésité à la présenter comme le centre de la défense terrienne...

En tout cas, l'une des questions qui revenait le plus souvent était « mais qui pilote ces robots ? ». Certains penchaient pour des militaires aguerris...

Mais, et cela inquiétait Shinji, le fait qu'il avait surpris plusieurs de ses camarades de classe le dévisager semblait indiquer que d'autres, au contraire, avait commencé à faire le lien entre l'apparition de robots géants dans la ville et l'arrivée d'un nouveau dans leur classe.

Et plus l'heure de cours s'avançait, plus le nombre de regards inquisiteurs à son encontre semblait se multiplier.

Deux des élèves, notamment, semblaient particulièrement s'intéresser à lui, l'un plutôt grand et athlétique et l'autre blondinet avec des lunettes. Lors de l'appel au début du cours, il avait pu apprendre qu'ils se nommaient respectivement Toji Suzuhara et Kensuke Aida. Et à aucun moment, ils n'avaient cessé de le scruter.

En revanche, aucune trace de Rei.

Shinji se recarra dans son siège en repensant à elle. La jeune fille semblait pourtant de son âge, elle aurait donc dû se retrouver dans sa classe. Qu'est-ce qu'elle était devenu ? Les évènements qui ont suivis ont monopolisé son attention au point qu'il avait failli oublier pour quelle raison exactement il avait fini par accepter de monter à bord de l'Eva-01. Et maintenant qu'il y pensait, personne ne s'était pris la peine de lui dire ce qu'il en était de la jeune fille. Vu les blessures qu'elle semblait avoir subi, il semblait pourtant logique qu'elle ait été envoyé dans un centre de soins... Peut-être y en avait-il un dans le Geofront ?

Il faudrait qu'il prenne des nouvelles. Il ne savait pas trop ce qui l'avait poussé à penser cela, mais elle semblait avoir besoin d'aide, d'une certaine manière. Pas de l'aide qui pourrait lui être offerte par des médecins, en tout cas. Elle avait eut l'air si... Indifférente à l'idée de se faire tuer en pilotant l'Eva... Cela le terrifiait, mais piquait également sa curiosité.

Quelqu'un lui tapa sur l'épaule. Lorsqu'il se retourna, il vit que c'était l'élève derrière lui qui voulait lui passer un mot, en lui faisant un signe de la tête pouvant signifier que le mot lui était adressé. Shinji attrapa très vite le petit bout de papier, vérifiant au passage que le professeur n'avait rien remarqué. Cachant le mot sous sa table, il le déplia et en lut le contenu.

EST-CE QUE TU ES UN DES PILOTES ?

Bon. La situation évoluait aussi vite qu'il ne le craignait.

Il hésita quelques instants sur la conduite à adopter. Il était évident qu'il ne pourrait longtemps garder son secret, surtout qu'il avait la sensation que Kouji, de son côté, ferait peu d'efforts. Laisser les rumeurs s'installer, de toute façon, ne faciliterait pas les choses, et mieux valait peut-être que les réponses soient adressées. Même si se retrouver sous les projecteurs inquiétait Shinji, vu son nouveau statut, il ne pourrait pas y échapper...

Il écrivit simplement « oui » (pas la peine de trop rentrer dans les détails pour le moment) avant de repasser le mot à son voisin de derrière. Il fallut quelques courtes minutes avant que la réponse ne parvienne à l'auteur...

Ce qui se traduisit par Kensuke qui se mit à hurler « WHOOHOO !!! » au beau milieu du cours.

Naturellement, le professeur de mathématiques apprécia très modérément.

Chapitre 4 (2ème partie)

Kouji fut l'un des premiers à sortir de la classe. Décidément, les cours, qu'ils se passent à Tokyo 3 ou dans sa ville natale, étaient aussi rasoirs d'un côté que de l'autre. Comme à son habitude, il se contentait d'attendre que la fin des cours de la journée arrive enfin pour pouvoir faire ce qui lui plaisait vraiment. La différence venait de ce qu'il devait justement faire après les cours : s'entraîner au pilotage de Mazinger Z était définitivement beaucoup plus excitant que ce qu'il avait connu avant.

Sayaka le rattrapa très vite dans les couloirs. Sans même vraiment le vouloir, il s'arrêta afin de pouvoir discuter avec elle.

« - T'avais pas l'air très intéressé par le cours, lui dit-elle.
- Je vois mal comment j'aurais pu m'y intéresser, à vrai dire, lui répondit-il. C'est tout le temps aussi barbant, ici ?
- Malheureusement, oui, lui dit-elle avec un petit sourire en coin. Ceci dit, il faudra tout de même que tu fasses un petit effort. Les profs ici font quand même de leur mieux avec ce qu'ils ont.
- Bah, ça n'a rien à voir avec eux... J'ai juste jamais compris pourquoi je devrais vraiment passer autant de temps sur une chaise à m'endormir alors qu'il y a des milliers de choses beaucoup mieux à faire ! »

Sayaka soupira d'un air un peu fatigué. La façon dont elle secoua la tête suffisait à indiquer ce qu'elle pensait de ce genre d'observations.

« - Moi qui espérait un petit changement... On croirait l'entendre !
- Hein ? De qui tu...
- Hé, Sayaka ! »

Au son de la voix qui venait de retentir dans le couloir, Kouji sut immédiatement que des ennuis se préparaient. Un regard à celui qui venait de hurler confirma ses soupçons. Celui qui s'avançait vers eux, un grand type plutôt bien bâti, mais avec un menton énorme, n'avait pas l'air d'avoir été particulièrement gâté lors de la distribution générale des neurones, et essayait de se donner un air conquérant. Il était suivi de deux types un peu plus efflanqué, l'un effacé, et l'autre plus grand que les deux autres (mais qui semblait constamment couler du nez).

Pourtant, malgré son attitude, Kouji n'arrivait pas à les voir comme des adversaires potentiels. Il y avait quelque chose de trop... Improbable chez eux pour qu'il soit réellement inquiétant. Et surtout, Sayaka ne semblait absolument pas inquiétée par son arrivée.

« - Oh, salut Boss ! Dit Sayaka. Je t'ai pas vu en cours, tu vas encore être bon pour un avertissement.
- Euh... Ouais, j'imagine... Répliqua le chef du groupe. Mais on avait des trucs à régler.
- Ah ? Quels genres de trucs, Nuke ? Demanda Sayaka à celui qui n'arrêtait de se frotter le nez.
- Bah... Des trucs... Répliqua simplement le garçon avant de faire partir la goutte qu'il avait au nez du revers de la main... Laquelle fut immédiatement remplacée par une autre.
- Rien d'autre à ajouter, Mucha ? Demanda Sayaka à l'autre garçon.
- Ben... Si, des trucs marrants, répliqua le garçon. »

Kouji se contenta de soulever un sourcil. D'où est-ce que ces types pouvaient bien sortir, exactement ?

« - C'est qui, ton nouveau copain ? Dit Boss, semblant bizarrement être plus virulent qu'il ne l'était avant.
- Je m'appelle Kouji, répliqua le jeune pilote. Et ça serait bien si tu évitais de m'appeler « ce type ».
- Ouais, ben tu ferais mieux de moins te la ramener, mon gars ! Ici, c'est moi le chef ! C'est pas pour rien que je m'appelle Boss !
- Ouais ! Approuva Nuke.
- T'es le boss, Boss ! Ajouta Mucha.
- T'as pas idée à quel point je suis impressionné... Dit Kouji d'un ton tellement neutre qu'il échouait à masquer sa véritable opinion.
- Si j'étais toi, je ferais pas trop le malin ! C'est pas parce que tu pilotes un robot géant que t'es meilleur que tout le monde ! »

Kouji recula d'un pas. Les yeux de Sayaka s'agrandirent immédiatement. Boss était visiblement très satisfait de son petit effet.

« - Hé ouais, j'ai compris qui t'étais ! Tout le monde s'en doute, de toute façon !
- Ah ouais ? Dit Mucha. Je savais pas, moi !
- Laisse tomber. »

Kouji réussit à se ressaisir très vite. Mieux valait ne pas perdre la face si il voulait éviter les ennuis par la suite.

« - Bon, d'accord. T'es plus malin que tu en as l'air. Maintenant, ça te gênerait de me laisser la paix ? Je veux pas d'ennuis, d'accord ?
- Hé, ho, où tu te crois, là ? Tu te la ramènes parce que tu pilotes l'Eva, et je devrais laisser passer ça ?
- En fait, c'est Mazinger Z que je pilote...
- Ouais, peut-être... Mais j'aime pas ceux qui se la ramène, et...
- S'il vous plaît, tous les deux ! Intervint Sayaka. Calmez vous, bon sang ! » La jeune fille se tourna ensuite vers Boss. « Boss, tu pourrais quand même mieux te tenir avec les nouveaux ! »

Le chef de la bande se ratatina sur place, perdant toute l'assurance qu'il avait affiché auparavant. Kouji remarqua qu'il avait l'air attristé de se faire ainsi réprimandé par la jeune fille. Cela l'étonna un peu ; même si il s'était douté dès le début que Boss n'était pas aussi redoutable que ce qu'il voulait faire croire, il ne s'attendait tout de même pas à ce qu'il cède aussi facilement face à Sayaka. Malgré cela, l'idée que cela pouvait venir du fait que le jeune homme avait le béguin pour elle et que cela le blessait vraiment qu'elle puisse lui en vouloir ne lui effleura pas même l'esprit...

« - Mais... Heu... Je voulais juste...
- Je m'en moque, Boss ! Kouji a risqué sa vie pour nous tous l'autre jour, alors tu vas lui montrer un peu plus de respect à l'avenir ! »

Boss ouvrit sa bouche, tenta de sortir une excuse, mais rien de valable ne réussit à sortir. Alors, ses épaules s'affaissèrent immédiatement. Derrière lui, Mucha et Nuke partagèrent un regard qui pouvait tout aussi bien signifier « Qu'est-ce qu'on fait ? » que « Et voilà, ça recommence ».

« Bon, d'accord, dit simplement Boss. Mais je te préviens, Kouji, c'est pas parce que t'es un copain de Sayaka que tu peux tout te permettre ! Allez les gars, on y va ! »

Kouji et Sayaka regardèrent Boss et ses compagnons s'éloigner dans le couloir, Mucha et Nuke apparemment pris de court par la décision de leur chef. Les autres élèves qui se trouvaient dans le couloir ne prêtèrent pas franchement attention à leur présence. Personne d'autre ne semblait avoir entendu ce que Boss avait dit, mais il ne faisait presque aucun doute que le mot se répandrait bientôt que Kouji était l'un des deux pilotes de robot.

Cela ne semblait pas inquiéter Sayaka outre mesure.

« - Excuse le. Il se donne des airs, mais ça reste un brave type.
- Il a pas l'air de m'apprécier...
- Oui... Ça, par contre, c'est un peu plus inquiétant. Il est toujours un peu rentre dedans quand il devine qu'il y a un nouveau coq dans la basse-cour, mais là, vu qu'il sait pourquoi tu es ici, je ne sais pas comment il va réagir.
- Quoi ?
- Disons qu'il doit sentir que ça sera difficile de rivaliser avec quelqu'un qui pilote un robot géant... »

Kouji comprenait mieux ce qu'elle voulait dire. C'est vrai que lui aussi aurait du mal à apprécier de se retrouver à l'ombre de quelqu'un...

Quelque chose tilta (enfin) dans son esprit.

« Hé, une minute ! C'est quoi, cette histoire de coq ? »

A ce moment, la cloche annonçant la reprise des cours retentit. Sayaka accueillit la distraction avec enthousiasme et se contenta de prendre Kouji par la main pour le forcer à la suivre vers leur classe.

Bizarrement, Kouji ne remit plus le sujet sur le tapis.

Chapitre 4 (3ème partie)

Shinji était heureux de voir la journée enfin se terminer.

Tout le monde le regardait et parlait dans son dos maintenant qu'il avait de lui-même brisé le secret sur son identité. Cependant, même si il pouvait ressentir presque physiquement leur admiration (et, pour certains, leur inquiétude), aucun n'avait eu le cran de l'aborder pour lui poser des questions.

Personne à part, bien sûr, Kensuke.

Le jeune garçon s'était jeté sur lui dès la fin de la classe pour lui demander lequel des deux robots il pilotait, ce que ça faisait d'être à l'intérieur d'un de ces colosses, comment il avait été recruté, si il avait croisé l'autre pilote après leur combat...Shinji se contentait de répondre évasivement, peu habitué qu'il était à attirer à ce point l'intérêt d'une personne de son âge... Bon, de n'importe qui, en fait. Cela ne semblait pas choquer Kensuke, qui continuait à le suivre et à lui parler.

Et étrangement, cette insistance finit par rassurer Shinji.

Bien sûr, il aurait préféré rester dans l'ombre, mais... Et bien, Kensuke le rassurait un peu. Bon, d'accord, il le collait, mais cela n'était pas non plus malsain, il n'insistait pas quand Shinji voulait garder certaines choses pour lui, surtout quand il était visible que celles-ci le gênaient ou le dérangeaient. Plus encore, Kensuke semblait autant s'intéresser à lui qu'à l'Eva. Il avait l'air de penser que quelqu'un choisi pour piloter un tel engin devait avoir quelque chose de spécial, ce qui fait qu'il voulait aussi en savoir plus sur lui.

C'est ça qui lui faisait plaisir : qu'il accorde autant d'importance au robot qu'à son pilote.

Un petit groupe les suivait de loin, essayant de recueillir l'ensemble de ce qu'ils disaient, mais ce petit groupe ne cessait de se modifier, puisqu'au fur et à mesure, certains le quittaient pour colporter les nouvelles tandis que d'autres le rejoignaient pour essayer de voir et d'entendre l'un des deux pilotes.

Lorsque la cloche sonna pour signaler la fin des cours de la journée, pratiquement tout le lycée savait que Shinji pilotait une des machines. Une large part connaissait également l'identité du second pilote, mais Sayaka n'arrêtait pas de tourner autour de Kouji pour repousser une partie de ceux qui voulaient le voir.

Il ne fallut pas longtemps avant qu'une autre rumeur ne se forme, du même coup...

Les deux pilotes n'étaient pas sensés rester ensemble après les cours, Shinji devant repartir à la NERV pour de nouveaux tests, Kouji à l'Institut de Recherche Photonique pour continuer à s'entraîner au pilotage de Mazinger Z. Mais immanquablement, ils se croisèrent à nouveau à la sortie du lycée. Kensuke, lui, continuait à suivre Shinji, ce qui fit qu'il fut vite présenté à Kouji.

« - Alors comme ça, tu es le second pilote ? Demanda Kensuke.
- Et toi qui disais qu'on devrait faire dans la discrétion... Glissa Kouji à Sayaka.
- Je prends ça pour un oui, s'exclama leur nouveau compagnon. C'est bizarre, mais je trouve que tu as tout à fait le genre du pilote de robot. »

Kouji jeta un regard interloqué au jeune garçon.

« - Ah, parce que tu en connais beaucoup, peut-être ?
- Euh... Non, bien sûr... Je veux dire, t'as l'air d'avoir un côté... « Rentre dedans » qui correspond bien à l'idée qu'on se ferait d'un type qui accepterait de monter à bord d'une machine de guerre géante. Je sais pas si tu vois ce que je veux dire.
- Honnêtement ? Non.
- Oh. Bon, c'est pas grave. En tout cas, je devrais pas vous gêner plus longtemps. Vous devez sans doute avoir des milliers de trucs à faire maintenant, non ?
- Oui, enchaîna Shinji, mais on a quand même quelques minutes devant nous, je pense qu'on...
- Kensuke ! »

Le petit groupe n'était pas le seul à s'être retourné pour voir qui avait hurlé de la sorte ; tous ceux qui se tenaient aux grilles du lycée avait spontanément réagi et fixait maintenant des yeux Toji Suzuhara qui se dirigeait vers eux. Shinji put percevoir la colère qui agitait le jeune garçon, ne serais-ce qu'en regardant l'expression de son visage, d'une dûreté qui le faisait frémir. Kensuke tenta de dire quelque chose mais fut coupé par Toji avant même que le moindre son n'ait pu sortir de sa bouche.

« - Eloigne toi de ces types, Kensuke. Tu t'es assez ridiculisé comme ça.
- Hein ? Dit Kensuke. Écoute, Toji...
- Je t'ai dit de te barrer. Ces types sont dangereux, et ça pourrait mal finir pour toi.
- Je peux savoir quel est ton problème ? Dit Kouji, s'avança d'un pas.
- Dans une seconde, dit Toji toujours aussi inflexible. Lequel de vous deux pilote l'Eva ? »

Shinji se partageait entre l'envie d'avouer et le désir de fuir... Et réprimer le second se révéla plus difficile que prévu. Mais il se doutait que de toute façon, quoi que lui voulait Toji, il devrait y faire face à un moment ou à un autre, surtout qu'il ne pourrait pas non plus constamment l'éviter dans le lycée.

« C'est moi. » Dit-il simplement.

Le poing de Toji le frappa avec une telle force que Shinji tomba au sol sans aucune chance de se rétablir.

Kouji réagit immédiatement en le jetant au sol et en le plaquant tel un rugbymen en plein match. Il ne sut pas exactement ce qui le retint de le frapper à son tour, mais ce n'était pas l'envie qui lui manquait.

« - QU'EST-CE QUI VA PAS CHEZ TOI, ESPECE DE TARE ?! Hurla Kouji.
- Taré ? Répliqua Toji. TARE !? Vous vous permettez de réduire cette ville en cendres avec vos machines, et c'est moi le taré ?
- Que... T'as peut-être pas remarqué, espèce de crétin, mais il y avait un monstre géant qui était déjà en train de la détruire !
- Parce que ça vous autorise à blesser des innocents, peut-être ?
- Qu'est-ce que...
- Kouji... Laisse le... »

Sayaka aida Shinji à se relever. Un peu de sang coulait du coin de sa lèvre et le côté de sa tête lui faisait un mal de chien, mais fort heureusement, le coup qu'il avait reçu n'avait rien cassé. Il en était quitte pour une douleur cuisante à la mâchoire qui durerait au moins jusqu'au soir. Cependant, le voir dans cet état renforçait plutôt l'envie de Kouji de battre Touji au sang.

« - Ça va pas, Shinji ? Ce type vient de t'éclater la tronche !
- Laisse le parler, Kouji. Je veux savoir pourquoi il a dit ça... »

Kouji baissa les yeux vers Toji, qui lui rendit un regard haineux, avant de regarder à nouveau Shinji et Sayaka qui, à en juger par leur regard, souhaitaient qu'il reste calme et qu'il fasse ce que son collègue pilote venait de lui dire. Il vit aussi du coin de l'oeil Kensuke ; celui-ci était toujours surpris par la tournure que prenait les évènements... Mais il fit tout de même un geste de la tête à Kouji pour lui dire que rien de grave ne se passerait si il relâchait son emprise sur Toji.

Kouji soupira.

« Je commence à me demander qui est le plus dingue de nous deux... »

Kouji se releva, permettant enfin à Toji de pouvoir bouger librement. Kensuke tenta d'aider son ami à se relever, mais ce dernier rejeta ostensiblement la main qu'il lui tendait, préférant se relever par ses propres moyens. Il n'avait visiblement aucune envie de se calmer, ce qui entretint l'exaspération de Kouji.

« - Alors, vas-y, accouche, dit le pilote de Mazinger Z. Qu'est-ce qu'on a fait qui...
- Ben voyons, le coupa Toji. Vous croyez peut-être qu'on devrait se jeter à vos pieds pour vous remercier ? Est-ce que vous avez la moindre idée de ce qui s'est réellement passé lorsque vous vous êtes ramené ?
- Qu'est-ce qu'il y avait ? Lui demanda Shinji, d'un ton calme mais légèrement inquiet.
- Tous les civils n'avaient pas pu être évacués à temps, certains étaient restés dans des abris... L'un d'entre eux a été défoncé lorsque l'Eva s'est jeté sur l'Ange. Des dizaines de personnes ont été blessées dans l'incident, certaines gravement, et ma petite sœur était parmi eux ! C'EST DE VOTRE PUTAIN DE FAUTE SI ELLE EST A L'HÔPITAL, ESPECE DE DEGENERES !!! »

Shinji et Kouji restèrent muets.

Personne, que ce soit à la NERV ou à l'Institut, n'avait jugé utile de les informer de ce détail.

Shinji était le plus affecté par la nouvelle... Il avait cru que monter à bord de l'Eva empêcherait la souffrance d'innocents, pas qu'il les ferait souffrir encore plus. Ce n'était pas au programme ; ce n'était pas ce qui lui avait été présenté. La confiance en lui-même qui avait lentement démarré à se former venait de subir une crise brutale.

Quand à Kouji, lorsqu'il s'était battu, il ne s'était pas rendu compte que l'Ange ne serait pas forcément le seul à subir les effets de ses attaques. Parce que du haut de Mazinger Z il ne pouvait voir les civils, il ne pouvait trop juger des impacts du combat.

Mais alors que les garçons ne savaient toujours pas quoi répondre à Toji, ce fut Sayaka qui répliqua.

« - Toji, écoute... Je sais ce que tu ressens pour ta petite soeur, et je suis de tout coeur avec toi pour qu'elle se remette au plus vite... Mais tu ne peux pas blâmer ce qui lui est arrivé à Shinji ou Kouji.
- Je ne vois pas pourquoi je ne le ferais pas ! Répliqua Toji. Si ils n'avaient pas été là...
- Si ils n'avaient pas été là, l'Ange aurait continué à ravager la ville sans que qui que ce soit ne puisse l'en empêcher. Ta petite soeur serait morte à l'heure actuelle. Et comme l'Ange ne se serait pas arrêté à Tokyo 3, tu aurais fini par la rejoindre, ainsi que le reste de l'humanité. »

Toji se mit à trembler de rage lorsqu'il entendit les paroles de Sayaka. Elles lui semblaient plus blessantes que si elle l'avait insulté directement... Mais malgré sa colère, il essayait toujours de ne pas en venir aux mains.

« - De quel droit tu te permets de me parler comme ça ?! Je devrais peut-être leur lécher leurs pieds pour nous avoir soi-disant sauvé, tant que tu y est ?
- Non. »

Tous les regards se portèrent sur Shinji. Le garçon commençait à se ressaisir après le choc initial, et même si il était loin d'être aussi confiant qu'il ne l'était avant, il se sentait cependant en mesure de répondre aux accusations.

« Pas de remerciements. Pas de louanges. Kouji et moi, nous ne sommes que des soldats ; nous ne sommes pas des héros. Nous avons combattu l'Ange parce que nous devions le faire, pas pour la gloire. Et nous devons encore progresser ; nous ne pouvons nous permettre de blesser des innocents. Je suis désolé pour ta sœur... Terriblement désolé... Mais tout ce que je peux faire, c'est espérer qu'elle et les autres blessés guérissent au plus vite, et m'entraîner pour que à l'avenir, je ne blesse plus personne. »

Un seul regard à l'expression de Shinji suffisait pour comprendre qu'il était absolument sincère, et qu'il pensait chaque mot qu'il venait de prononcer. Il était vraiment effondré par ce que Toji venait de lui apprendre, et personne ne pouvait vraiment mettre en doute ses sentiments. A part Toji. Le garçon ne décolérait pas, et ne voulait pas admettre que, peut-être les deux pilotes n'étaient pas aussi détestables que ce que sa rage lui faisait croire.

« - La ferme ! La ferme, je te dis ! Tu n'as pas le droit de dire un seul mot !
- Et moi, est-ce que l'ai ? Dit Kouji. Parce que je crois savoir exactement ce qui te court dans la tête. J'ai un petit frère, la dernière famille qui me reste. Et moi aussi, j'aurais envie d'exploser quiconque pourrait l'avoir blessé. Parce que c'est ce qu'un grand frère est sensé faire. Je comprends ce que tu ressens, et c'est pour ça que je m'excuse pour ce qui est arrivé à ta sœur. Je pense pas que cela te suffise, mais en tout cas, je peux te dire que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour que ce qui lui est arrivé ne se reproduise pas. »

Toji ne pouvait écouter leurs arguments... Mais dans le même temps, il arrivait à reconnaître que s'entêter dans la confrontation n'amènerait rien de plus. Se battre contre les pilotes l'aiderait peut-être aidé à se calmer, mais eux ne voulaient apparemment pas ça et ne répliquerait pas à ses paroles aussi violentes qu'elles puissent être. Cela ne servait plus à rien de s'attarder tant que la situation en serait à ce point...

« Très bien ! Faites semblant de regretter ce que vous avez fait ! Mais je ne vous laisserais pas faire du mal à qui que ce soit, c'est bien compris ? »

Le garçon commença à s'en aller, mais dans le processus il poussa tout de même violemment Shinji pour qu'il se mette hors de son chemin. Le jeune pilote ne fit pas un geste pour répliquer ou même pour essayer de l'arrêter. Le petit groupe le vit s'éloigner, sa colère le poussant à marcher le plus vite possible pour mettre le maximum de distance possible entre les deux pilotes et lui.

Kensuke se retourna vers Kouji, Shinji et Sayaka, et se pencha en avant dans un geste d'excuse. Il avait l'air particulièrement perturbé par le comportement de son camarade, mais aucun de ceux du petit groupe ne se sentait d'humeur d'en vouloir au garçon.

« - Je suis désolé pour ce qui vient de se passer... Je vais essayer de le raisonner...
- Laisse le, Kensuke, dit Sayaka. Mieux vaut éviter qu'il ne se défoule sur toi.
- Oh, il ne le fera pas. Je le connais assez pour ça. »

Sans plus en ajouter, Kensuke partit à la poursuite de son ami. Shinji, Kouji et Sayaka, quand à eux, restèrent encore un instant devant les grilles du lycée, encore circonspect après ce qu'il venait de se passer. Ils étaient seuls sur la place ; même les élèves qui les avaient suivis de près jusque là préférèrent rester en retrait après l'incident.

Il fallut un petit moment avant que Kouji ne brise le silence.

« - Ça ira, Shinji ?
- Je ne sais pas, répondit le jeune garçon. Je savais que rentrer dans l'Eva ne serait pas une partie de plaisir, mais je ne m'attendais pas à ce que ce genre de choses se produise...
- Je parlais du coup qu'il t'a donné.
- Oh. Oui, ça ira. Ça pique encore, mais je ne crois pas que j'ai quelque chose de cassé.
- Bien. »

Le silence retomba encore quelques instants.

« - Et maintenant ? Demanda Shinji.
- Maintenant, je vais chercher Shiro et je vais à l'Institut pour continuer mon entraînement, et toi... Et ben, je pense que la NERV a besoin de toi d'une manière ou d'une autre.
- Ce n'est pas ce que je voulais dire.
- Shinji, ce qui est arrivé est tragique, mais vous deux, vous ne pouvez vous permettre de vouslaisser abattre par cet accident, dit Sayaka. D'autres Anges vont venir, et il faut que vous soyez prêts contre eux. »

Shinji ne dit rien ; toute cette affaire le laissait pensif... Mais il ne put s'attarder davantage à cette réflexion car un coup de klaxon retentit sur sa gauche. Un rapide coup d'œil lui montra Misato qui lui faisait signe. Il était l'heure de partir à la NERV... Et remonter dans cette machine horrible...

Kouji, lui, sourit en voyant le chaperon de son collègue.

« Je persiste à dire que tu es un sacré veinard. »

Shinji ne comprit pas pourquoi cela le fit sourire, lui aussi. Mais cela lui fit du bien.

Waaaah !!!! Une fan fic avec Koji Kabuto !!!! C'est génial !!!!:yeah devil:
J'ai lu tout d'une traite ! Koji y est super, irrésistible, comme je l'aime ! Je craque !!!
J'adore ta fan fic
Maziiiin Go !!!
Alcorine

Bon, ça m'a pris presque 3 mois, mais ça y est, le voilà enfin, ce 5ème chapitre !

Chapitre 5 (1ère partie)

Shinji était simplement assis sur la plate-forme, fixant des yeux l'imposant visage de l'Eva. La machine ne semblait pas vouloir lui répondre, et l'air furieux qu'elle arborait n'était dû qu'au masque facial dont on l'avait affublé.

Et pourtant, le jeune garçon savait pertinemment la rage qui brûlait dans le coeur de la machine.

Cela faisait plus d'une semaine que, après les cours, il venait au siège de la NERV pour les expériences. Ce qui semblait importer le plus, aux yeux de Misato, de Ritsuko et de l'ensemble de l'équipe scientifique du site, c'était que ce qu'ils appelaient sa « synchronisation » avec l'Eva s'améliore. De fait, il avait passé ces journées à enfiler cette étrange combinaison moulante (trop à son goût), le « plug suit », sensée accroître ses performances, à rentrer dans l'entry plug, à baigner dans le LCL qui emplissait la capsule, pour au final essayer de fusionner au mieux son esprit avec celui de la machine. Et même si, physiquement, la tâche n'était pas exigeante, mentalement, il se sentait fatigué après chaque séance.

Ce n'était pas le plus désagréable, bien sûr. Il savait désormais à quoi s'en tenir lorsqu'il prenait place dans l'entry plug, ce qui fit qu'il n'était plus aussi violemment assailli par la rage de l'Eva qu'il ne l'était la toute première fois. Les premières fois, elle était aussi palpable que lorsqu'il avait affronté Sachiel, mais elle devint de plus en plus distante ; au lieu d'avoir la sensation d'être lâché au milieu d'une meute de prédateurs enragés, Shinji la sentait s'éloigner de plus en plus de lui, au point qu'il ne souffrait plus lors de la connexion avec l'Eva.

Mais cette rage était toujours là. Assourdie, cachée, mais toujours aux portes de son esprit, attendant patiemment le moment où elle pourrait s'exprimer avec toute sa force.

Shinji ne bougeait toujours pas. Il n'y avait aucune raison de le faire, de toute façon. D'ici peu, Misato viendrait le chercher pour lui dire qu'ils pouvaient rentrer chez elle ; il n'arrivait toujours pas à penser « chez eux ». En attendant, cela lui laissait un peu de répit pour réfléchir à ce qui lui arrivait.

Les dernières journées avaient été assez spéciales. Lorsque Shinji et Kouji se rendirent au lycée le lendemain de leur rentrée, tout le lycée savait qui ils étaient. Et sans surprise, une horde de curieux les attendait à l'entrée. Mais cette fois-ci, Misato les avaient conduits au lycée... Et elle alla immédiatement informer le chef de l'établissement de la nécessité de conserver la tranquillité des deux pilotes. Il était inévitable que les deux pilotes ne deviennent les vedettes du lycée, mais il était hors de question que cela n'entraîne de trop graves entraves à leur scolarité (après tout, ils restaient des mineurs...). Et surtout, il y avait toujours le risque que leur propre sécurité soit en danger. Même si personne au sein de la NERV ou de l'Institut ne le souhaitait, il y avait toujours le risque qu'un psychopathe ne se mette en tête de se bâtir une célébrité en s'en prenant aux jeunes garçons les plus célèbres du globe, ou bien qu'ils ne fassent l'objet de kidnappeurs déterminés à soutirer une rançon juteuse ou à exiger la libération de terroristes... Les risques étaient devenus nombreux.

Et ainsi, aussi vite que l'identité des pilotes n'ait été divulguée au sein de l'établissement, fut transmise l'information selon laquelle toute personne s'attaquant à Shinji ou Kouji se mettrait immédiatement sous le collimateur de la NERV et de la JSSDF. Il n'en fallut pas plus pour que ces derniers ne soient pas constamment harcelés par des hordes d'admirateurs de tout poil.

Kouji appréciait finalement peu cette situation ; Shinji pouvait sentir que le jeune homme se considérait floué d'une chose qu'il avait toujours espéré connaître. Cela amusait cependant beaucoup Sayaka de le voir dans cet état.

Shinji, quand à lui, n'avait pas trop envie de rire. Les problèmes avec Toji étaient loin d'être résolus. Kensuke continuait à lui parler et à chercher à se rapprocher de lui malgré les restrictions posées par la NERV, mais l'autre garçon, de son côté, ne supportait toujours pas sa présence. Il n'y avait pas eu d'autres altercations avec lui, mais sa présence réprobatrice suffisait à mettre Shinji mal à l'aise.

D'autant plus que le jeune garçon ne savait pas si il pourrait tenir sa promesse de s'améliorer. Malgré les divers encouragements et louanges qu'on lui avait adressé, il n'arrivait toujours pas à se défaire de l'idée qu'il n'avait peut-être rien à faire là. Les résultats de ses séances d'entraînement ne parvenaient pas à le rassurer. La synchronisation entre son esprit et celui de l'Eva était plus que fluctuante... D'un jour à l'autre, il pouvait être si proche de l'Eva qu'il avait la sensation qu'ils ne formaient qu'un, qu'être incapable d'établir la moindre connexion avec elle. Ritsuko n'arrivait pas à expliquer cet état de fait, ce qui faisait que toute la NERV naviguait dans le flou.

Quand à son père... Il était redevenu pratiquement aussi invisible que durant toutes les années qui avaient précédées. Il ne lui avait même pas adressé de félicitations pour être sorti vivant de son combat. Gendo avait vraisemblablement des projets importants, mais rétablir le contact avec le fils qu'il avait abandonné pour ensuite le solliciter comme un vulgaire valet ne semblait pas en faire partie.

Shinji soupira. L'Eva-01 ne semblait pas vouloir réagir à sa présence, comme il l'avait fait ce jour fatidique en le protégeant de débris alors que personne ne le pilotait.

Qu'était cette chose, au juste ?


« Prêt pour la simulation, Kouji ? »

Le jeune homme se carra au mieux dans son fauteuil et se mit en position. Cela faisait maintenant quelques jours que tous ces tests se déroulaient, et même si l'excitation de se trouver à bord de Mazinger Z était toujours présente, il commençait à se languir du combat.

« - Prêt, docteur.
- Parfait. J'ai une nouvelle qui va sans doute te réjouir, Kouji : la plupart des armes de Mazinger Z sont maintenant opérationnelles. La séance d'aujourdh'ui va consister en leur test. »

Kouji faillit bondir de son siège.

« - Vraiment ?! Enfin un peu d'action !
- Je me doutais que tu apprécierais, dit le docteur Yumi, un sourire complice sur ses lèvres. Avant que nous débutions, je te rappelle que ces armes ne sont pas des jouets. Tu dois t'en servir avec un maximum de discernement, bien compris ?
- Ouais, ça, j'ai compris ! On commence par quoi ?
- Par le Kyouretsu Beam. Tu vois les cibles de l'autre côté de l'esplanade ? »

Si Kouji ne les voyait pas, alors il ne serait certainement pas en mesure de piloter Mazinger Z. Il était en effet assez difficile de ne pas remarquer des cibles rouges et blanches de plus de dix mètres de diamètre placées au sommet de grands échaffaudages métalliques...

« - Ouais, je les vois.
- Bien. Tu remarqueras qu'un réticule de visée est normalement apparu sur le pare-brises de l'Hoverpilder ; sers t'en pour viser l'une des cibles, puis prononce le nom de l'attaque. »

Kouji hocha la tête, avant de diriger la tête de Mazinger Z de manière à ce que le centre de la cible en face de lui se retrouve pile dans le centre du réticule.

« KYOURETSU BEAM ! »

Deux rayons d'énergie jaillirent brutalement des yeux de Mazinger Z, dans un sifflement infernal, et frappèrent la cible de plein fouet. Celle-ci explosa sous le choc dans un déluge de flammes ; lorsque la fumée se dissipa, il n'y avait plus aucune trace de cible... Ni même du sommet de l'échaffaudage, d'ailleurs, lequel avait été anéanti avec le reste.

Kouji siffla d'admiration.

« C'est quand même quelque chose. T'as vu ça, Shiro ? »

En guise de réponse, le petit garçon piailla et demanda à son frère de recommencer. Chaque soir, Kouji l'emmenait avec lui afin d'éviter qu'il ne reste seul à l'appartement. En principe, il était sensé faire ses devoirs sous la surveillance de Sayaka ou d'un employé du centre, mais dès que cela était fait, il se précipitait au centre de commandes pour voir son grand frère manier le robot géant. Il y avait peu de personnes dans l'Institut qui était plus excité que lui face à un tel spectacle, et dans le cas de Kouji, entendre son petit frère s'amuser et l'encourager renforçait son désir de progresser le plus vite possible.

Il y avait une autre personne que Kouji voulait impressionner en manipulant Mazinger Z, cependant. Mais celle-ci, pour le moment, ne semblait pas réellement être particulièrement attirée par le pilotage du robot. Si Kouji avait fait preuve d'un peu plus de jugeote, il aurait remarqué qu'elle semblait encore plus apprécier sa présence lorsqu'il n'occupait pas son rôle de pilote de robot.

« C'est bon, Kouji, je crois que tu as compris le principe, dit le docteur Yumi. Passons maintenant au Missile Punch... »

Chapitre 5 (2ème partie)

Le docteur Yumi prit quelques notes au sujet de la dernière expérience. Le Rust Hurricane semblait fonctionner selon les prévisions, mais les instruments avaient relevés que l'une des turbines fonctionnait à un régime légèrement inférieur aux autres, ce qui engendrait une légère perturbation dans la dispersion des molécules corrosives. Il faudrait essayer de corriger ce défaut assez rapidement.

« Docteur Muneshira ! »

L'un des scientifiques présents dans la salle de commandes reposa le calepin qu'il était en train de remplir pour rejoindre le docteur Yumi. Le docteur Muneshira était un cas un peu à part... Il était certain qu'il avait de grandes compétences en matière d'ingénierie et de cybernétique, et l'impact de son travail sur la réalisation du projet Mazinger Z fut plus qu'appréciable. Mais d'un autre côté, il mettait ses collègues un peu mal à l'aise... Il ressemblait en effet à un gnome en surpoids, avec les cheveux gras et une légère tendance à ricaner bizarrement dans les moments de silence. La plupart des membres féminins du personnel faisaient tout en leur pouvoir pour ne pas se retrouver seul avec lui, surtout qu'il n'y en avait pas une qui ne l'avait pas surpris en train de les reluquer d'un air bizarre... Cependant, malgré cela, il n'avait jamais réellement manqué de respect à leur égard et effectuait un travail remarquable, ce qui faisait qu'il n'y avait aucune raison valable de le renvoyer.

Même le docteur Yumi ne l'appréciait pas trop, mais il n'avait objectivement rien contre lui...

« - Oui, docteur ? Demanda Muneshira.
- Est-ce que vous avez remarqué...
- … Les perturbations des turbines ? Oui, docteur. J'étais en train de rechercher les noms des techniciens qui pourraient y jeter un oeil dès que les essais seront terminés. »

Le docteur Yumi hocha la tête. C'est sûr, il était compétent, mais tout de même...

« - Est-ce que l'on a des nouvelles du Jet Scrander ?
- J'ai appelé l'usine ce matin, répondit Muneshira. Ils ont rencontrés des difficultés inattendues dans l'assemblage des propulseurs, et du coup ils projettent un retard dans la livraison.
- C'est regrettable, mais peu surprenant. De quel ordre ?
- Deux semaines tout au plus. Ils nous assurent que leurs meilleurs techniciens travaillent d'arrache-pied pour répondre à notre commande.
- Mmmmh... »

C'était le prix à payer pour la création d'un appareil aussi particulier. Il y avait à peine quelques mois, jamais les directeurs de l'usine Govarian, ni qui que ce soit d'ailleurs, n'aurait cru qu'il était possible de fabriquer une telle machine... Du moins, jusqu'à ce que Kabuto leur présente ses plans.

Mais l'angoisse restait là. Il était nécessaire que Mazinger Z dispose du maximum d'atouts possible pour ses futurs combats. Et le problème était que le docteur Yumi, et l'énorme majorité de l'humanité d'ailleurs, ignorait quand ceux-ci auraient lieu. Le docteur Yumi ignorait comment le professeur Kabuto avait réussi à acquérir les données relatives au retour des Anges, mais il n'avait apparemment rien su d'autre que les éléments annonciateurs de l'arrivée future de Sachiel. Le rythme des attaques de ses pairs et leur nombre total leur étaient maintenant inconnus.

Ce qui inquiétait encore plus Yumi, cependant, était le fait que Kabuto avait pu acquérir de telles connaissances. Il n'a jamais voulu dire plus que le fait qu'il les avait subtilisé. Cela signifiait donc que quelqu'un (ou quelques uns) savait quand les Anges frapperaient et de quelle manière... Et ne voulait pas partager ces informations.

Ce qui soulevait bien entendu certaines questions quand à l'agenda de ces personnes si cette hypothèse était la bonne...

« - Est-ce que vous allez faire tester le Breast Fire à Kouji ? Demanda Muneshira.
- Pas aujourd'hui, répliqua Yumi en mettant un terme à ses réflexions. Nous tâtonnons encore sur cette arme... A l'heure actuelle, si jamais Kouji s'avise de l'activer, il brûlera tout dans un rayon de 5 kilomètres environ autour de lui, et même Mazinger Z ne pourrait y résister.
- Ah. C'est pour cela que vous avez formellement interdit à qui que ce soit de lui parler de cette arme ?
- Oui. Kouji est un garçon admirable, mais je n'ai pas trop envie qu'il soit tenté de l'utiliser ne serais-ce que pour voir ce que ça fait... »

Pendant un court instant, la discussion en resta là, tandis que les deux scientifiques continuaient à regarder les écrans de contrôle et à observer comment Kouji se débrouillait dans le maniement des armes de sa machine. Les cris de Shiro, qui commentait chaque action de son grand frère, apportait un peu plus de vie à cette atmosphère de travail intense.

C'est à ce moment-là que le docteur Yumi entendit Muneshira ricaner dans son dos.

Le scientifique ferma les yeux et soupira. Il avait le sentiment qu'il n'allait pas apprécier ce qui allait suivre.

« - Hum... Docteur...
- Oui, Muneshira ? Dit le docteur Yumi d'un air résigné.
- Est-ce que vous vous souvenez de mon projet d'amélioration pour Aphrodite A ? Avez vous pris une décision ? »

Yumi enleva ses lunettes et se frotta les yeux. Parfois, avoir raison le fatiguait.

« Muneshira, je vous ais déjà dit ce que j'en pensais. Primo, Aphrodite A n'est qu'un prototype que nous avons construit pour tester le système de pilotage qui équipe maintenant Mazinger Z. Ce n'est pas une machine qui est faite pour le combat. Secundo, elle ne peut être pilotée que par ma fille, et il est hors de question que je l'envoie sur un champ de bataille mettre sa vie en danger. Tertio, comme je viens de le dire, Aphrodite A est pilotée par ma fille, est-ce que vous avez songé une seule seconde pour quoi je passerais si j'acceptais votre projet ? »

Muneshira ricana une nouvelle fois, signe que sa nervosité allait croissant. Décidément, il donnait l'impression de tout faire pour que quelqu'un se sente mal à l'aise...

« - Je connais vos réserves, docteur Yumi... Néanmoins je suis certain que cela constituerait un atout dans nos objectifs. Si le professeur Kabuto ne s'était pas trompé sur la venue des Anges, alors il va falloir mobiliser toutes nos ressources potentielles pour les abattre. Et je pense qu'Aphrodite peut faire l'objet d'une amélioration...
- Ecoutez, si vraiment les circonstances appellent à ce que nous l'équipions de systèmes de défense, je le ferais... Mais cela prendra la forme d'armes standards. Si lance-missiles il y aura, il sera placé sur l'épaule, certainement pas à l'endroit que vous suggérez !
- Mais cela...
- La discussion est close, Muneshira. Allez plutôt relever les niveaux d'énergie de Mazinger Z. »

L'assistant du docteur Yumi comprit que, pour le moment, mieux ne valait pas insister ; bien que déçu du refus du chef de l'Institut, il continuait cependant à sourire (d'une manière qui se voulait amicale mais qui tout de même générait une certaine anxiété chez ceux qui le voyaient) et obéit sans en rajouter davantage.

Le docteur Yumi eut un peu plus de mal à reprendre le cours normal de ses pensées. Quand même... Aussi talentueux était-il, il pourrait tout de même garder ses obsessions en dehors du travail...


Le lendemain, Shinji était assis en classe à prendre des notes sur ce que racontait son professeur, lorsque d'un seul coup il releva brutalement la tête. Kensuke, qui se tenait à côté de lui, nota sa soudaine inquiétude.

« - Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je ne sais pas, répondit Shinji. J'ai eu l'impression que... »

L'alarme de Tokyo 3 retentit.

Shamshel était arrivé.


Misato et Ritsuko fixaient les écrans de contrôle. L'Ange continuait à progresser vers la ville sans être ralenti outre mesure par toutes les attaques qui avaient été lancées contre lui. Sachiel était arrivé par la mer ; Shamshel, lui, arrivait du continent, rampant sur le sol telle une gigantesque chenille.

Avant même que l'alerte avait sonné, on était allé chercher Shinji au lycée. En un instant, le jeune garçon avait enfilé le Plug Suit, et il avait une nouvelle fois été jeté à bord de l'Eva-01 sans ménagements.

Un traitement cavalier, les deux femmes le savaient bien, mais en temps de guerre, il était difficile de se permettre de prendre son temps.

Du haut de la plate-formes de commandement, Gendo Hikari siègeait, supervisant l'ensemble des opérations. Misato avait en principe le commandement des opérations militaires, tandis que Ritsuko prenait en charge tout l'aspect logistique, mais en dernier ressort, seules ses décisions comptaient.

Et il y en avait une qu'il avait du mal à prendre.

A ses côtés, le professeur Fuyutsuki prenait la situation d'une manière plus amusée que les autres. L'homme avait beau avoir joué un rôle important dans l'élaboration des théories qui avaient permis la création des Evas et les prémices de l'exploitation des AT-Fields, il estimait cependant que les hésitations de celui qui avait un jour été son élève étaient suffisamment rares pour constituer un sujet de divertissement appréciable.

« - Hé bien, Gendo, qu'attends tu pour contacter l'Institut ?
- Je n'ai pas passé toutes ces années sur ce projet pour devoir au final devoir composer avec une bande d'idéalistes qui croient pouvoir changer quoi que ce soit à la marche du monde, répliqua le maître de la NERV d'un ton glacial.
- Crois bien que je te comprends, mon cher. Mais ces amateurs, comme tu dis, sont maintenant sous le coup d'une convention avec la JSSDF ainsi qu'avec nous-même. Les yeux du monde entier sont maintenant autant braqués sur eux que sur nous, et la population place d'immenses espoirs sur Mazinger Z et sur les Evas.
- Peu m'importe leur espoir. Ces clowns ne vont faire que nous embarrasser.
- Prends les choses sous cet angle, Gendo. Tu es persuadé qu'ils ne pourront pas tenir face aux Anges, mais les Evas, elles, oui. Je me trompe ?
- Non.
- Alors pourquoi crains-tu qu'ils ne t'embarassent ? »

Gendo ne répondit rien à son maître. Si il refusait de collaborer avec l'Institut, l'opinion publique lui tomberait dessus, et même si il se moquait de cela, ses dirigeants finiraent par relayer leurs doléances, et cela pourrait sérieusement gêner ses projets. Si il acceptait... Et bien, il y avait de nombreuses chances qu'ils échouent et que leur champion se fasse tuer par l'Ange, n'est-ce pas ? Ce qui prouverait une bonne fois pour toutes que seule la NERV peut constituer la meilleure défense contre ces créatures...

Sa voix résonna dans le poste de commandes sans pour autant que son ton ne semble devenir plus agressif.

« Contactez l'Institut et voyez où ils en sont. »

Misato et Ritsuko relayèrent immédiatement l'ordre. C'est à Misato, en charge de la coordination des opérations, que revenait l'obligation d'appeler en première l'Institut.


Shamshel continuait à s'avancer. Il pouvait presque sentir les présences de Lilith et d'Adam, emprisonnés et plongés dans un coma éternel, mais il lui était impossible de voir et d'entendre les Lilim. Cela comptait peu. Ces êtres, aussi blasphématoires qu'ils soient, étaient insignifiants et faibles. Si ils avaient réussis à abattre Sachiel, c'était par chance.

La mort était tout ce qui attendait l'Humanité, et Shamshel, malgré son esprit primitif, prendrait un grand plaisir à la causer.

Chapitre 5 (3ème partie)

L'Institut était en pleine effervescence, comme de bien entendu. Bien que l'Institut soit plus éloigné du lycée que la NERV, Kouji arriva en un temps record étant donné qu'il fut conduit par Sayaka... A son grand regret, car la jeune fille n'était pas encore la conductrice la plus prudente qui soit. En tout cas, cela l'incita à tout faire pour décrocher son permis moto au plus vite. Une minute après être arrivé à l'Institut, il avait enfilé son uniforme, casque inclus. Deux minutes plus tard, il inséra l'Hoverpilder dans la cavité cérébrale de Mazinger Z. A nouveau, la Forteresse de Fer était éveillée.

Et maintenant, il devait ronger son frein, ce qui l'enrageait à un point incommensurable.

« - Alors, j'y vais ou non ?!
- On attends le feu vert de la NERV, Kouji, répliqua le docteur Yumi dans le communicateur. Même si on a réussi à obtenir le droit de participer aux combats, ça s'est fait au prix de nous placer sous le commandement militaire de la NERV au niveau de la tactique.
- Bon sang, ça craint, ce truc ! Pendant que je me tourne les pouces ici, cette saleté va faire des ravages !
- Garde ta colère pour l'Ange, Kouji. L'autorisation ne devrait plus trop tarder maintenant. »

Kouji tapait du pied dans la cabine de l'Hoverpilder, les mains crispées sur les commandes. Décidément, sauver le monde était plus frustrant qu'il ne l'avait cru.

« - Bon sang, le temps qu'ils se décident, l'Ange aura rasé la ville !
- D'après leurs calculs et les nôtres, l'Ange atteindra Tokyo 3 d'ici un quart d'heure. C'est court, mais cela nous laisse tout de même assez de temps pour nous organiser efficacement.
- Ben voyons... Shiro est en sécurité, au moins ?
- Pas de problèmes de ce côté, il est à côté de moi, avec Sayaka. »

Kouji se tut quelques instants. Malgré sa colère, il repensa brutalement à quelque chose... A la confrontation que lui et Shinji avait eu avec Toji. Il y avait une autre question qui se posait.

« - Et les habitants ?
- Ils sont actuellement dirigés vers les abris construits par la NERV. Mais si tout se passe bien, vous vous battrez contre l'Ange dans les collines, pas dans la ville. »

Kouji acquiesça. C'était déjà ça. Même si il avait tout fait pour rassurer Shinji sur les conséquences de leur combat, lui-même se sentait un peu nerveux à l'idée qu'il puisse accidentellement blesser des innocents. Mais si, comme le disait le docteur Yumi, ils se battent en zone déserte de toute occupation, les risques de dommages collatéraux étaient minces.

Et cela voulait dire aussi qu'il allait pouvoir se lâcher dans l'emploi des armes de Mazinger Z !

Son communicateur se mit soudain à sonner, signalant un appel extérieur. Aussitôt, le jeune homme accepta l'appel, sans pour autant raccrocher au nez du docteur. Le visage de Misato apparut alors sur l'écran.

« - Kabuto, dit la jeune femme, vous êtes autorisé à procéder.
- Ah ben c'est pas trop tôt ! S'exclama Kouji. Est-ce que Shinji est en position ?
- L'Eva-01 a été déployé, en effet. Docteur Yumi, avez vous reçu nos ordres ?
- Oui, je les ais sous les yeux, dit le scientifique avant de s'adresser au pilote de Mazinger Z. Kouji, je te télécharge les informations quand à ton point de rendez-vous avec l'Eva. Shinji est en route, et vous devriez entamer le contact avec l'Ange d'ici une dizaine de minutes. »

Kouji sourit... Un vrai sourire de requin qui aurait reperé un banc de thon.

Enfin !

Il poussa sur les commandes de sa machine avec une rage indescriptible.

« MAZIN, GO ! »


« Bon sang, Toji, laisse tomber et viens t'abriter ! Tu veux te faire tuer ou quoi ? »

Le jeune garçon ne voulait pas entendre son ami. Il continuait à avancer sur la route d'un pas de course, et tant pis si Kensuke n'arrivait pas à le suivre.

« - La ferme, Kensuke. Je n'ai aucune envie de laisser ces tarés parader comme si ils étaient les messies alors qu'ils jouent avec nos vies. Je vais aller là-bas et montrer à tous qu'ils ne valent rien !
- Tu aurais pu me demander mon avis avant de piquer mon caméscope, quand même... Dit Kensuke, pantelant. Bon sang, Toji, tu es en train de nous entraîner vers un champ de bataille !
- Et alors ? C'est quoi ton problème ? Je croyais que tu les admirais, ces soi-disant héros ! T'as pas envie de les voir à l'oeuvre, peut-être ? Pour bien pouvoir continuer à leur cirer les bottes, comme tous ces crétins du lycée ?
- Arrête, Toji... Je sais que tu ne digères pas ce qui s'est passé, mais ils essaient quand même de...
- Non. La ferme. Tu reviendras me voir quand toi aussi tu auras eu quelqu'un de ta famille blessé par ces salauds. Là, on pourra parler. »

Kensuke accéléra le pas pour se mettre au niveau de son ami ; l'effort manqua de lui faire cracher ses poumons, mais il était beaucoup trop énervé pour vraiment s'en soucier. Il y avait des moments où Toji refusait d'écouter, et dans ces cas-là, Kensuke réussissait généralement à le calmer, mais cette fois-ci il avait vraisemblablement franchi un point de non retour que même Kensuke ne pourrait plus lui faire franchir à nouveau.

Dans une telle situation, il ne voyait plus qu'une alternative, et il espérait qu'il s'en sortirait sans trop de blessures.

« - Dans ce cas je reste avec toi.
- Non, rentre aux abris, Kensuke, lui répondit Toji, toujours furieux. Je ne veux pas...
- Je m'en tape que tu ne le veuille pas ! Si je me retourne maintenant, je vais passer les prochaines heures à me demander si tu ne vas pas te faire tuer comme le crétin que tu es ! Alors que si je t'accompagne, je pourrais au moins essayer de t'empêcher de trop t'exposer ! »

Pour la première fois depuis que Kensuke l'avait surpris en train de s'éloigner du groupe de lycéens qui était acheminé vers les abris, Toji s'arrêta et le regarda en face. Il n'avait pas l'air de vouloir céder, mais au moins cette fois-ci il l'avait écouté.

« - T'es décidé à ne pas me laisser tranquille, pas vrai ?
- Ne compte même pas là-dessus. Et puis, comme tu l'as dit, je meurs d'envie de les voir en action. »

Toji fixa intensément Kensuke dans le fond des yeux, mais le garçon était à peu près aussi décidé que lui, même si c'était pour des raisons différentes. Toji prit le temps de réfléchir... D'un côté, il reprochait toujours à Kensuke de s'être ainsi rapproché de Shinji et Kouji, mais en même temps il n'arrivait pas à le haïr aussi intensément que ce qu'il voulait laisser croire.

Un bruit de moteur le priva de toute possibilité de prendre une décision. Craignant de voir arriver un véhicule militaire, ce qui les aurait immédiatement mis dans l'embarras, Toji et Kensuke allaient s'enfuir, lorsque les responsables du vacarme apparurent dans leur champ de vision... Et ils ne surent plus exactement si il valait mieux rester là ou non.

Boss, Mucha et Nuke, juchés sur leurs motos, se dirigeaient vers eux. Dans un crissement de freins qui faillit transpercer les tympans de Kensuke, le trio s'arrêta à leur niveau. Un simple coup d'oeil suffisait pour comprendre que Boss, loin d'être surpris de les voir, semblait s'amuser de leur présence.

« - Alors, on a décidé de prendre l'air ? Dit Boss. J'aurais cru que vous seriez allé vous planquer dans les abris avec les autres.
- Je pensais la même chose à votre sujet, dit Kensuke. Qu'est-ce que vous faites ici ?
- Ben, dit Nuke, Mucha et moi on suivait les autres quand Boss est venu nous voir et nous a dit que ça serait bien qu'on aille voir Kouji et Shinji se battre contre l'Ange. »

Toji se jeta pratiquement sur le chef de la petite bande. A ce moment-là, Kensuke aurait bien été incapable de dire si c'était pour le cogner ou pour lui parler. La réponse vint très vite.

« - Tu veux vraiment aller voir ces deux-là en action ?! Cria presque Toji.
- Ouais, dit Boss de son air bravache habituel. Tout le monde leur mange dans la main, mais moi, je suis sûr qu'ils vont se dégonfler comme des mauviettes ! Et je veux être là pour le voir de mes propres yeux !
- Mais, Boss... Commença Mucha. Ils se sont déjà battus contre un Ange, non ? Et ils se sont pas enfuis à ce moment là, non ?
- Hé, ho, t'es de mon côté ou non !? Dit Boss à son acolyte de manière particulièrement brutale. Qu'est-ce qui te prend de me contredire ?
- Je te contredis, pas Boss, je disais juste que...
- Bah, de toute façon, cette fois-là, je suis sûr qu'ils étaient chanceux. L'Ange va leur mettre une pile et ils vont arrêter de se la ramener !
- Tu réalises que si ils perdent, on est tous cuits, n'est-ce pas ? » Dit Kensuke.

Un ange passa. Non, disons plutôt qu'on aurait pu entendre une mouche voler durant les secondes qui suivirent. Boss n'avait visiblement pas poussé la logique de son raisonnement jusqu'au bout, et maintenant qu'il voyait la faille dans son plan, il se sentait légèrement mal à l'aise. Bien entendu, il essaya de paraître toujours aussi sûr de lui, mais comme à son habitude, il échoua sans le savoir à conserver les apparences. Derrière, Mucha et Nuke roulaient des yeux et se grattaient la tête. Visiblement, eux non plus avaient oublié certains détails importants de l'affaire.

« - Ouais... Heu... Enfin... Bégaya Boss, avant de se reprendre. En tout cas, ils vont s'humilier, et tout le monde verra qu'ils ne sont pas aussi formidables que ce que tout le monde le pense !
- Ouais, voilà, t'as bien résumé Boss. » Dit Mucha pour flatter son chef.

Toji jeta un coup d'oeil à Kensuke, lequel se contenta de hausser les épaules. Cela faisait un petit moment maintenant qu'ils connaissaient le trio de loubards, et malgré tout ils continuaient à les surprendre tous les jours...

Mais ce n'était pas ce qui importait le plus pour Toji. En ce qui le concernait, ils se rendaient au même endroit qu'eux, sauf que eux disposaient de moyens de locomotion.

« - Est-ce que vous pouvez nous prendre avec vous ? Demanda-t-il à Boss.
- Ouais, no problem ! Répliqua le chef du trio. Montez à l'arrière ! »

Toji fit un pas vers la moto de Boss... Avant de remarquer que la masse de celui-ci couvrait une bonne partie du siège passager. Même si celui-ci n'était pas vraiment gros, il était tout de même bien bâti, alors que son véhicule, lui, était relativement petit. Toji s'assit alors derrière Mucha. Kensuke, pour sa part, hésita un moment, se demandant si il n'avait pas fait une énorme bourde en insistant pour suivre Toji, mais finalement il s'assit derrière Nuke. Voyant que leurs invités étaient installés, Boss fit un signe de la main, souriant de toutes ses dents.

« Allez, c'est parti ! Le dernier au sommet de la colline nettoiera les bécanes des autres ! »

Il n'en fallut pas davantage pour que Mucha et Nuke pousse immédiatement à fond la manette des gazs, et dans un crissement de pneus infernal, leurs machines bondirent en avant en laissant un épais nuage de fumée d'échappement et une odeur de gomme brûlée derrière eux. Surpris par la brutale accélération, Toji et Kensuke faillirent chuter, mais tous deux parvinrent par chance à se cramponner à leur chauffeur.

Boss, lui, n'avait toujours pas démarré, puisqu'il ne s'attendait pas à ce que ses acolytes démarrent aussi brutalement. Il n'avait même pas encore baissé son bras.

« Mais... Pas si vite ! »

Rétractant sa béquille, Boss prit enfin le départ et commença à essayer de rattraper les autres.